Le constitutionnaliste Charles Debbasch, professeur de droit administratif et des institutions politiques, est décédé à Paris où il était hospitalisé depuis quelques semaines.
Le constitutionnaliste Charles Debbasch, professeur de droit administratif et des institutions politiques, est décédé à Paris où il était hospitalisé depuis quelques semaines. Il sera inhumé vendredi dans le Sud de la France.
Figure incontournable du monde universitaire français, il a formé des générations d’étudiants à l’université d’Aix-Marseille dont il fut le plus jeune recteur de la faculté de droit à 33 ans, mais aussi à l’étranger, au Gabon, en Côte d’Ivoire et au Maroc.
C’est lui qui assura l’enseignement du futur roi Mohamed VI.
Présent au Togo depuis le début des années 90 et installé de façon permanente à Lomé en 2005, il aide et conseille de nombreux étudiants togolais qui iront poursuivre leur formation en France avant de revenir à Lomé et d’être nommés à des postes importants.
Il est le conseiller de l’Etat togolais pour les questions constitutionnelles et juridiques. Son expertise est essentielle pour renforcer les piliers de la démocratie et pour veiller à faire du pays un Etat de droit.
Charles Debbasch était l’auteur de nombreux ouvrages, dont des recueils de droit administratif, d’autres consacrés aux association et à la constitution française. Il était un spécialiste reconnu du droit des médias.
Sa vie professionnelle fut particulièrement dense avec des fonctions politiques auprès d’Edgar Faure et de Valéry Giscard d’Estaing.
Homme de presse, il dirigea le quotidien Le Dauphiné Libéré/Lyon Matin et créa des dizaines de radios locales dans le Sud de la France.
Le ‘Doyen’, comme les Togolais l’appelaient affectueusement, faisait preuve d’un grand éclectisme.
Amateur d’art - sa villa de Lomé était une galerie accueillant les nouveaux talents togolais - il était aussi musicien talentueux et aimait se produire dans les clubs de jazz de la capitale.
Il était proche de nombreux artistes dont Jimi Hope, disparu en 2019. Charles Debbasch était doté d’un solide sens de l’humour et ses blagues et calembours provoquaient le fou rire de l’assistance, puis le sien.
Austère de prime abord, le ‘Doyen’ était un homme chaleureux, attentif aux autres, fidèle qui savait donner son amitié. Il avait décidé de vivre au Togo depuis quinze ans. Rien ne l’y obligeait. Il était profondément attaché à ce pays et à ses habitants. Il s’y sentait bien.
Les critiques récurrentes, il s’en moquait, préférant avancer. Charles Debbasch avait un regard lucide et optimiste sur la vie.
La maladie n’avait pas affecté sa vivacité. Toujours à l’affût de l’actualité en Afrique et dans le monde, informé de tout, il faisait preuve d’une agilité intellectuelle étonnante; jusqu’au dernier jour.
Il aurait pu écrire ces mots attribués au chanoine anglais Henry Scott Holland : ‘La mort n’est rien. Je suis seulement passé dans la pièce d’à côté. Je suis moi, vous êtes vous. Ce que nous étions les uns pour les autres, Nous le sommes toujours.
Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné. Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait. N’employez pas un ton différent. Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble. Souriez, pensez à moi. Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l’a toujours été.
La vie signifie ce qu’elle a toujours signifié. Elle est ce qu’elle a toujours été. Le fil n’est pas coupé. Pourquoi serais-je hors de votre pensée, simplement parce que je suis hors de votre vue ? Je vous attends, je ne suis pas loin, Juste de l’autre côté du chemin’.... suite de l'article sur Autre presse