Ce 18 janvier, la capitale togolaise a vécu un énième braquage en plein centre-ville qui a vu s’envoler des millions de Fcfa. Ce nouvel acte de banditisme de cet acabit pourrait bien être le dernier d’une longue série.
Ce 21 janvier, une séance de travail va réunir le ministère de la Sécurité et des responsables de banques. Elle va plancher sur la sécurité des agents économiques qui vont opérer des dépôts ou des retraits aux guichets de Banques, microfinances et établissements financiers actifs à Lomé et au Togo en général.
Le Général de Brigade, D. Yark, ministre de la Sécurité, a livré ce 18 janvier les grosses articulations de ces échanges. Il s’agira essentiellement de trouver collégialement un mécanisme qui oblige les opérateurs économiques à présenter obligatoirement un visa du Ministère de la Sécurité avant d’opérer les retraits de fortes sommes.
Un visa qui se veut la garantie d’un accompagnement de l’opérateur par des éléments de la Police et de la Gendarmerie dans le cadre de l’opération bancaire précitée. Et même s’il le faut d’éléments de fortes de défense. Cet accompagnement, cette protection sécuritaire est à «zéro franc», a encore confirmé le ministre Yark ce 18 janvier.
«Si un opérateur économique veut effectuer un retrait important dans une banque, demandez-lui la sécurité. S’il ne l’a pas, vous ajournez l’opération et faites-nous appel», a résumé l’ancien Directeur de la Gendarmerie nationale sur le sujet.
Tout citoyen ou résident togolais, de jour comme de nuit, «peut solliciter les services de la Police ou de la Gendarmerie pour l’accompagner à zéro franc. Nous sommes payés à la fin du mois pour cela», a davantage insisté le Ministre de la Sécurité et de la Protection civile.
«Mais pourquoi un opérateur économique qui va faire un retrait important à la banque (20, 30, 40…50 millions et plus) ne peut pas le faire? Il peut demander au Commissariat le plus proche ou à la Direction de la police ou de la Gendarmerie des éléments pour l’accompagner dans son opération à la banque», a par ailleurs illustré D. Yark.
Passer de la projection à la pratique
Les décisions pratiques qui découleront de la séance de travail de ce 21 janvier seront abondamment scrutées par les opérateurs économiques togolais. Les modes opératoires des braqueurs sont connus par la plupart des habitants de la capitale togolaise : surprendre la victime, la menacer avec une arme à feu et emporter le butin en tirant s’il le faut des coups de feu pour faire de la diversion, ou abattre la victime qui fait de la résistance durant le braquage. Et ces braqueurs s’évaporent dans la nature en pleine journée et en pleine ville. Puis, rebelote au prochain braquage !
Au point que ces vols posent et reposent des questions auxquelles les services de sécurité au Togo peinent à apporter des réponses convaincantes : pourquoi se sont généralement les opérations de retrait d’argent qui sont braquées et non les opérations de dépôt ? Comment les braqueurs s’arrangent-ils pour avoir des informations pratiques précises sur les lieux et les heures de ces opérations de retrait ? Pourquoi, généralement, les gendarmes ou policiers postés devant les agences de Banque ou de microfinance peinent à intervenir efficacement en cas de braquage, même quand ces vols ont lieu à quelques mètres de l’entrée de l’endroit du retrait? Des interrogations qui confortent dans l’opinion les suspicions de complicité à l’égard des agents des Banques, Microfinances et des établissements financiers lors de ces braquages.
42 opérations de braquage ont été recensées officiellement au Togo en 2021, selon le bilan sécuritaire du second semestre 2021 dressé par le ministère de la Sécurité en début d’année 2022. Le second semestre de l’année 2022, à lui seul, a été le témoin de «24 cas de braquages, avec des victimes et d’importantes sommes d’argent emportées par les braqueurs».
Le Togo est l’un des rares Etats d’Afrique dont la capitale économique est assise sur une frontière avec un autre pays limitrophe.