«Malgré la pandémie de Covid-19, des succès importants ont été enregistrés l’année dernière en matière de lutte contre le paludisme», a déclaré lundi une haute responsable de l’agence sanitaire mondiale des Nations Unies, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme.
«Des recommandations historiques sur l’utilisation du premier vaccin antipaludique RTS,S ont été publiées par l’Organisation mondiale de la Santé en fin d’année dernière», a déclaré dans un communiqué, la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Dre Matshidiso Moeti.
Selon la cheffe de la branche africaine de l’OMS, ce vaccin sera utilisé pour prévenir le paludisme chez les enfants âgés de six mois à cinq ans et vivant dans des milieux où la transmission est modérée à forte.
Plus d’un million d’enfants au Ghana, au Kenya et au Malawi ont reçu une ou plusieurs doses du premier vaccin antipaludique au monde, grâce à un programme pilote coordonné par l’OMS. Les projets pilotes de vaccin antipaludique, lancés pour la première fois par le Gouvernement malawien en avril 2019, ont démontré que le vaccin antipaludique RTS,S/AS01 (RTS,S) était sans danger, qu’il pouvait être administré, et qu’il réduisait considérablement les cas graves et mortels de paludisme.
Entre chimio prévention, pulvérisation intra domiciliaire d’insecticides et vaccin RTS,S
La transposition à une plus grande échelle des projets pilotes d’administration du vaccin RTS,S au Ghana, au Kenya et au Malawi, a permis de toucher près de 900.000 enfants.
Selon l’agence onusienne, ces résultats ont ouvert la voie à la recommandation historique de l’OMS d’octobre 2021 (en anglais) concernant l’utilisation renforcée du RTS,S chez les enfants vivant dans les régions où la transmission est modérée à forte. L’OMS estime que, s’il était déployé à grande échelle, le vaccin pourrait sauver la vie de 40.000 à 80.000 enfants africains supplémentaires chaque année.
Malgré un certain ralentissement des progrès accomplis en matière de réduction des cas et des décès dus au paludisme et en dépit des perturbations des services de santé liées à la Covid-19, « force est de constater que nous sommes bien plus lotis que nous ne l’étions en 2000», juge l’OMS.
«Nous devons absolument recréer cette dynamique et consolider les avancées récentes», a fait valoir la Dre Moeti, relevant qu’ensemble, il est possible d’accélérer les efforts « pour parvenir à une Afrique exempte de paludisme».
Par exemple, les campagnes de chimioprévention du paludisme saisonnier ont été mises en œuvre comme prévu en 2021, ce qui a permis de protéger 11,8 millions d’enfants supplémentaires. En outre, des opérations de pulvérisation intradomiciliaire d’insecticides à effet rémanent et de distribution de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action ont été menées, dans une large mesure conformément aux prévisions établies.
La part importante et disproportionnée de la charge mondiale du paludisme en Afrique
Rappelant que cette journée est célébrée chaque année le 25 avril, afin d’attirer l’attention du monde entier sur le paludisme et sur son impact dévastateur sur les familles, les communautés et le développement de la société, surtout en Afrique subsaharienne, Dre Moeti a déclaré que cette année s’inscrit en droite ligne de son appel à intensifier d’urgence l’innovation et le déploiement de nouveaux outils dans la lutte contre le paludisme.
S’il s’agit là d’une avancée révolutionnaire dans la mise au point de nouveaux outils capables de sauver des millions de vies dans le cadre de la lutte contre cette maladie, il convient de relever que les stocks disponibles sont limités. À ce titre, il importe de veiller à ce que les doses disponibles soient utilisées pour un impact maximal, tout en garantissant la disponibilité continue d’autres mesures de prévention pour les personnes les plus à risque.
Malgré ces avancées, le paludisme reste un problème majeur de santé publique et de développement. Au cours de l’année dernière, environ 95 % des 228 millions de cas estimés ont été détectés sur le continent africain pour 602.020 décès. Selon les indications, les six pays les plus rudement touchés par le paludisme dans la Région concentrent près de 55 % de la morbidité et 50 % de la mortalité imputable à cette maladie dans le monde entier.
Deux tiers de tous les décès chez les enfants de moins de cinq ans en Afrique
Parallèlement, l’agence des Nations Unies UNITAID note que plus des deux tiers de tous les décès dus au paludisme surviennent chez les jeunes enfants âgés de moins de cinq ans en Afrique. Grâce à des projets pilotes cofinancés par UNITAID, le Fonds mondial et l’Alliance des vaccins (GAVI), le premier vaccin au monde contre le paludisme est actuellement administré à des enfants dans le cadre d’un programme complet de soins préventifs.
Aussi l’UNITAID signale que la lutte antivectorielle, qui cible les moustiques propageant la maladie, est également une composante particulièrement efficace et vitale des stratégies d’éradication du paludisme. Dans ce combat contre le paludisme, l’UNITAID entend promouvoir de nouveaux outils efficaces avec des investissements dans des moustiquaires de nouvelle génération qui luttent contre la résistance croissante des moustiques, des nouveaux répulsifs spatiaux et un traitement des hommes et du bétail par un médicament qui tue les moustiques qui les piquent.
Grâce à son travail visant à améliorer le dépistage et le traitement du paludisme récurrent à P. vivax – le type de paludisme le plus courant en dehors de l’Afrique subsaharienne – UNITAID aide ainsi à améliorer les soins pour les personnes dans les pays d’Asie Pacifique et d’Amérique latine, dont beaucoup sont en voie d’atteindre les objectifs d’élimination.
A noter que dans sa stratégie mondiale de lutte contre le paludisme, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à une réduction mondiale de 90 % des cas et des décès d’ici 2030. Pour parvenir à cet objectif, un investissement mondial est nécessaire de toute urgence afin d’appuyer le développement et le déploiement d’innovations cruciales permettant de protéger du paludisme les habitants de tous les pays. ... suite de l'article sur Autre presse