Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Diplomatie
Article
Diplomatie

Tribune libre/Suppression du corps diplomatique: Macron isole, délaisse et fragilise les Français de l’étranger ! (Aurélie Pirillo)

Publié le mardi 3 mai 2022  |  aLome.com
Aurélie
© aLome.com
Aurélie Pirillo (Vice-présidente de la Commission institutionnelle du Groupement du patronat francophone) est candidate aux élections législatives françaises de juin 2022.
Comment



Aurélie Pirillo (Vice-présidente de la Commission institutionnelle du Groupement du patronat francophone) est candidate aux élections législatives françaises de juin 2022, pour le compte de la 10è circonscription des Français de l’Etranger (pour l’Afrique et le Moyen-Orient). Dans cette Tribune libre, elle livre sa lecture de la profonde mue que va connaître le corps diplomatique français dans les prochaines semaines. Une grande première décidée par l’exécutif français et qui suscite des interrogations auprès de plusieurs politiques de l’Hexagone. Voici l’intégralité de cette Tribune libre.


«Publiée au cœur du week-end de Pâques au Journal Officiel, la suppression du corps diplomatique est un coup fatal porté par la présidence Macron à l’influence française dans le monde.
Notre pays est sur le point de perdre sa capacité à défendre ses citoyens mais aussi sa voix et sa place à l’étranger. La France s’apprête à devenir le seul État de l’Union européenne, et seule puissance du G7 et du G20, à ne plus disposer d’un corps dédié de diplomates de carrière.

Des milliers de Français de l’étranger vont voir la France poursuivre son abandon progressif et volontaire, des milliers de familles vont subir l’effacement volontaire de leur pays à leurs côtés. Un amateurisme qui met avant tout en danger les 2,5 millions de Français de l’étranger déjà largement abandonnés par ce quinquennat, un prétendu nouveau monde qui se coupe de ses relais et «ambassadeurs» du quotidien, partout à travers le globe.

Notre capacité à venir en aide à nos concitoyens est gravement mise en danger. N’oublions pas qu’au cœur de la crise sanitaire du Coronavirus, 150.000 Français ont pu être rapatriés en quinze jours grâce à l’expertise, au dévouement et au savoir-faire de plusieurs centaines de diplomates français.
Ces professionnels de carrière ont su se battre pied à pied auprès des autorités locales pour obtenir des autorisations de vol, grâce à des relations de confiance tissées avec patience et intelligence sur le terrain. Les liens étroits et de confiance avec nos interlocuteurs étrangers se nouent dans la langue locale, grâce à une expertise rare, une connaissance fine des cultures étrangères. Cela ne s’apprend pas en quelques mois, cela ne s’acquiert pas par hasard dans une école généraliste et fourre-tout.

Notre réseau diplomatique et consulaire financièrement et politiquement fragilisé depuis 2017 repose sur le dévouement exemplaire d’agents qui ont consacré leur vie au service public dans le monde en apprenant des compétences rares mises au service de nos compatriotes à l’étranger.

Nous assistons au dernier coup de boutoir de la start-up nation contre la République. Aberrant mais surtout dangereux. En supprimant le corps diplomatique et les diplomates professionnels, deuxième réseau le plus important au monde, ce sont les piliers de la République que Macron éradique. Nos diplomates, administration parmi les plus ouvertes et diversifiées avec 52% d’agents contractuels et 20% d’encadrement non issu du corps diplomatique, perdront leur force, leur histoire, leur talent inestimable.

Avec Macron, les grandes heures de la diplomatie française disparaissent, des siècles de grandeur s’effacent. La diplomatie française, ce n’est pas une start-up californienne où on pioche des cadres au gré des cours d’un marché de matière grise en leur inculquant sur le tas des rudiments de relations internationales, d’histoire des civilisations. Cette mauvaise nouvelle tombe au pire moment, à l’heure ou notre diplomatie est déjà en train de disparaître sur le terrain: des budgets de plus en plus restreints dans les Ambassades, nos représentants à l’étranger dépouillés de leur puissance de frappe. Notre influence a été reléguée au second plan derrière la quête narcissique et amateur des oripeaux d’un prétendu nouveau monde.
À vouloir tout déconstruire, on fragilise l’essentiel, à vouloir tout déconstruire on met en péril les outils de notre puissance issus de siècle de tradition diplomatique et des efforts inouïs et visionnaires entrepris par le Général de Gaulle. Talleyrand, père de la diplomatie française, comme De Gaulle, fondateur de notre souveraineté contemporaine, voient leur héritage sabordé.

Cette réforme traduit enfin une dangereuse dérive personnelle d’un pouvoir qui met fin aux grands corps républicains pour contrôler depuis l’Élysée les nominations à l’américaine où on nomme des ambassadeurs par copinage en reléguant la diplomatie professionnelle au second rang.

Force est de constater que la fronde face à la nomination de l’ami du Président Philippe Besson comme Consul Général à Los Angeles a développé une rancœur tenace chez Emmanuel Macron qui met inévitablement en danger notre capacité à servir la France et ses citoyens. Ce pouvoir est de plus en plus seul et sans contre-pouvoir. Faut-il se résigner et croire à la fatalité de l’abaissement français dans le monde ?

Je m’y refuse et m’engage pleinement dans le redressement et l’honneur d’un grand et vieux pays plus que jamais indispensable à l’équilibre de plus en plus précaire du monde».
Commentaires