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Etre croyant et s’engager en politique au Togo: Le ‘Rameau de Jessé’ ravive un débat souvent éludé par les intellectuels togolais

Publié le mercredi 8 juin 2022  |  aLome.com
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© aLome.com par Edem Gadegbeku & K. T.
Journées de réflexion organisée par l’association `Le Rameau de Jessé` autour de la problématique de l’émergence économique des populations africaines.
Lomé, les 19 & 20 août 2021. Centre Christ-Rédempteur. Journées de réflexion organisées par l’association `Le Rameau de Jessé` autour de la problématique de l’émergence économique des populations africaines dans la mondialisation. Roger Folikoué
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«Est-il autorisé au croyant de s’engager dans la gestion des affaires de sa cité»? Telle est la question de base autour de laquelle des fidèles musulmans et chrétiens ont débattu dans le cadre d’un Colloque organisé à Lomé ce 07 juin à l’initiative du Mouvement togolais ‘Rameau de Jessé’. Une rencontre d’échanges intellectuels tenue en collaboration avec l’association ‘Union Jeunesse islamique du Togo’.

Ils sont nombreux ces hommes et femmes croyants et croyantes de religions dites ‘importées’, à savoir le christianisme et l’islam, à franchir le pas en s’engageant activement en politique ou dans des organisations de la Société civile de leur pays. Ces hommes et femmes craignent habituellement de perdre leur âme et leur ‘place’ dans l’au-delà en s’engageant dans le domaine de la politique réputé comme «un monde de mensonge et de corruption».

C’est sur cette base que plusieurs manifestent «une résignation d’autodestruction», de l’avis de certains laïcs togolais. Le premier responsable du Mouvement ‘Rameau de Jessé’, enseignant-chercheur (spécialiste de la philosophie politique dans les Universités du Togo) et chrétien catholique, Roger Ekoué Folikoué, justifie le choix du thème du Colloque et évoque la nécessité pour les croyants de sortir de l’indifférence et de l’inaction face à la gestion des affaires de leur cité. «Nous avons constaté qu’en Afrique, nous faisons facilement référence à Dieu dans la vie publique et dans les différents évènements de la Nation, on invoque Dieu.
Cependant, on n’a pas l’impression que les croyances religieuses conduisent à la transformation de la vie en commun. Ces croyances ne semblent pas impacter la vie communautaire. Alors, la question se pose de savoir pourquoi les convictions religieuses ne poussent pas les uns les autres à la recherche d’un meilleur vivre ensemble sur un continent qui peine à afficher une parfaite laïcité», a décortiqué Roger Folikoué.

D’où la raison de rassembler différentes confessions pour réfléchir sur l’existence d’éventuels obstacles doctrinaires, contextuels, culturels, cultuels voire historiques qui freinent l’engagement des croyants. Il s’est agi pour les organisateurs de cette rencontre d’ouvrir un débat public autour d’un sujet souvent débattu en off, en catimini. Un sujet léthargique et profond. Il fallait aussi mettre en exergue, comme l’a entrepris le révérend Père Abali de l’OCDI-Togo, que les textes sacrés de la Bible ne s’opposent pas à l’engagement du fidèle, que ce soit en politique ou dans les organisations de la Société civile. Ces dires ont corroboré ceux de l’Imam Dermane Ayéva, selon qui le musulman a une liberté absolue d’être politique ou acteur de la Société civile, à condition de ne pas le faire ressentir sur son lieu de prière ou de culte. Un prêtre nuance sur cet angle du sujet: «Le clerc n’est pas autorisé à avoir une place dans un parti politique» !

Si l’Islam et le christianisme reconnaissent à leurs fidèles le droit de mettre chacun leur talent à la disposition de la construction d’une cité prospère, comment s’expliquent les tergiversations observées auprès «des enfants de Dieu» sur des sujets à connotation politique, publique? Professeur dans le supérieur à la retraite, la spécialiste en Science de l’éducation, Maryse Quashie, a mené des recherches sur les obstacles qui maintiennent les croyants dans l’immobilisme à l’égard de la politique. Elle a mis en avant la timidité, les moyens (temps, argent…) et le niveau d’éducation intellectuelle, le manque de confiance en soi. Et de conclure en ces termes interrogateurs: «Si j’ai confiance en moi-même, qu’est-ce qui m’empêche de m’engager» dans ma cité?

Akoyi A. & K. T.
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