La consommation de chicha est une pratique à la mode au sein de la jeunesse togolaise. Goût pomme, coca, fraise, ses différents parfums souvent sucrés et acidulés, ainsi que son aspect décontracté et convivial font de la chicha un phénomène en plein expansion. Et pourtant, fumer la chicha expose à de nombreux risques souvent mal connus des usagers.
La chicha, aussi appelée narguilé, est une pipe à eau d’origine persane. On y fait brûler un mélange de tabac donc de nicotine, de mélasse et d’arômes. Les parfums utilisés par les consommateurs de chicha, sont divers et variés. Ces parfums sentent bon, sont agréables faisant croire au caractère inoffensif de la chicha. De plus, l’eau contenue dans la pipe donne l’impression qu’on ne fait que fumer de la vapeur d’eau. La chicha est aussi voire plus dangereuse que la cigarette et sa consommation entraine de nombreux problèmes de santé publique.
Déjà fort dangereuse de par sa constitution (nicotine) et par l’absence de filtre, la chicha est également très toxique : une seule bouffée de chicha contient autant de fumée qu’une cigarette entière. Une séance de chicha revient à fumer entre 20 à 30 cigarettes.
La fumée du tabac vient s’ajouter à la vapeur d’eau la rendant plus dense et lui permettant de mieux s’accrocher aux poumons. Au final, la chicha expose aux mêmes risques que le tabac : hypertension, AVC, pneumopathie, cancers des poumons, des lèvres, de la vessie et des voies aérodigestives supérieures (lèvres, langue, larynx, pharynx…).
En dehors de la dépendance à la nicotine que peut entraîner l’usage de la chicha, nous pouvons observer d’autres faits très nocifs dans l’utilisation du narguilé. En effet, le tabac est parfois remplacé par du cannabis et l’eau par de l’alcool, accentuant la toxicité de la fumée et la dangerosité de la pratique. Le narguilé agit alors comme une véritable drogue avec des conséquences néfastes sur l’organisme avec des dysfonctionnements du cerveau, des comportements à risques (violences, rapports sexuels non protégés).
Le mode de consommation, via un embout, ainsi que le caractère collectif des moments de rencontre autour du narguilé, font de la chicha un vecteur de contamination important notamment des maladies se transmettant par voie buccale au nombre desquelles nous pouvons citer les herpès, la tuberculose, les hépatites. La chicha diminuant grandement la capacité pulmonaire est aussi propice à l’apparition d’infections respiratoires dont le COVID-19.
De par l’épaisseur et la volatilité de la fumée expulsée, les personnes dans l’entourage des consommateurs de chicha, sont victimes de tabagisme passif, entraînant les mêmes risques en matière de santé que pour le consommateur lui-même. La chicha nuit gravement à la santé des femmes enceintes ainsi qu’à celle de leur bébé.
L’ONG RAPAA est engagée depuis près de 10 ans dans la lutte contre les addictions en particulier l’addiction aux substances psychoactives (tabac, alcool, drogues). Dans le cadre de la journée mondiale sans tabac célébrée le 31 mai de chaque année, RAPAA intensifie ses actions de prévention sur les dangers du tabac. Pour l’édition 2022 de cette journée, RAPAA entend sensibiliser sur les méfaits de la chicha. Ainsi, l’ONG RAPAA organisera une émission radiophonique en français et diffusera des spots audios en langue EWE ce qui permettra d’informer le grand public en particulier la jeunesse sur les dangers d’une drogue légale, le tabac, et plus particulièrement sur les risques liés à l’usage de la chicha.