Le Togo a-t-il essuyé dans la nuit du 09 juillet un nouvel acte djihadiste (le 4è du genre) sur son sol? Des habitants du canton de Natigou (dans la Région des Savanes, commune Tône 4, nord-est du Togo) sont de cet avis en attendant des informations et précisions officielles sur ce nouvel incident malheureux qui endeuille une fois encore le nord-Togo.
Plusieurs habitants des Savanes confirment ce 10 juillet la mort d’au moins 7 personnes dans le canton de Natigou et le dénombrement de plusieurs blessés. Leur mort subite de ces personnes a été constatée après une forte détonation «d’un engin explosif» dans la soirée du 09 juillet, après la célébration de la Tabaski (sur toute l’étendue du territoire togolais). La nature, la forme, l’auteur et l’origine de l’engin tueur ne sont pas connus ou ne font pas l’unanimité dans les Savanes. A Natigou, la piste terroriste est de nouveau privilégiée. Au niveau des FAT (Forces armées togolaises) et du ministère de la Sécurité, pour l’heure, c’est silence radio. Un mutisme qui donne libre à diverses supputations et interprétations, qu’elles soient des fake news ou des faits réels.
Au micro du confrère «Radio Motaog» (des Savanes), un habitant du canton de Natigou a relaté les faits meurtriers de la sorte : «Nous avons été réveillés par une forte explosion dans la nuit tardive. On n’avait jamais entendu ce genre de détonation. La peur au ventre, lorsqu’on s’est dirigé vers les lieux, nous avons vu les corps de nos enfants par terre, c’était difficile de les identifier immédiatement… Nous avons fait appel aux secours à Dapaong, c’est ambulance qui est venue chercher sept corps et deux blessés tôt ce matin…J’ai mes enfants parmi eux…».
Nouvel incident meurtrier dans un contexte particulier dans les Savanes !
Depuis la mi-juin 2022, l’ANPC (Agence nationale de la protection civile) fournit dans les Savanes de «l’assistance humanitaire à plus de 600 réfugiés burkinabé victimes du terrorisme dans l’est de leur pays et qui ont trouvé refuge au Togo. Il s’agit essentiellement de réfugiés qui sont allés directement en famille une fois qu’ils ont foulé le sol togolais, au regard des liens de cousinage poussé entre les populations du nord-Togo et le sud du Burkina Faso», a détaillé cette Agence.
C’est à travers un projet de décret adopté le 13 juin 2022 lors de la tenue du 13è Conseil des ministres (en 2022) du Gouvernement togolais que l’Etat du Togo a instauré l’état d’urgence sécuritaire dans la région des Savanes. «Notre pays a été victime d’une attaque djihadiste dans la nuit du 10 au 11 mai 2022 visant un poste avancé du dispositif de l’opération Koundjoaré situé dans la localité de Kpékpakandi (préfecture de Kpendjal)», avait rappelé l’exécutif togolais pour justifier sa démarche. «Ces évènements interviennent après une précédente tentative d’attaque, dans cette même partie du territoire national, vaillamment repoussée par les Forces de défense et de sécurité dans la nuit du 10 au 11 novembre 2021», avait davantage expliqué le pouvoir exécutif du Togo. «Dans le but de créer un environnement et les conditions propices aux mesures administratives et opérationnelles nécessaires à la bonne conduite des opérations militaires, au maintien de l’ordre et de la sécurité dans cette Région, le Gouvernement a pris le présent décret», avait fourni comme explication le Gouvernement Dogbé I.
Seulement 3 jours après l’instauration de cet état d’urgence sécuritaire dans les Savanes, un accrochage long et nourri a lieu à l’aube du 16 dans le nord-ouest du Togo (canton de Gnoaga). Il a opposé des éléments des FDS (Forces de défense et de sécurité du Togo) et des terroristes. Ces affrontements n’avaient causé aucune «perte en vies humaines ni de dégâts matériels» dans les rangs togolais. Une information confirmée par le haut commandement des FAT.
Il s’agissait du 3è acte terroriste dans le nord-Togo. Le péril terroriste y est passé du nord-est (Kpékpakandi) vers le nord-ouest (Gnoaga). L’attaque de Kpékpakandi de la mi-mai 2022 avait été revendiquée par le JNIM (Groupe de soutien de l’islam et des musulmans), une nébuleuse régionale liée à Al Qaïda. Premier assaut djihadiste meurtrier sur le sol togolais, l’attaque de Kpékpakandi avait coûté la vie à 8 soldats togolais. 13 autres ont été blessés durant cet assaut extérieur qui a aussi vu les Forces du Togo «abattre au moins une quinzaine d’assaillants», selon des chiffres officiels. A Sanloaga (toujours dans les Savanes) dans la nuit du 10 au 11 novembre 2021, le Togo avait vécu et repoussé la première attaque terroriste sur son sol.
L’affrontement entre les FDS et les djihadistes présumés du 16 juin 2022 était intervenu quelques jours après l’alerte lancée par les autorités ghanéennes autour «de mouvements suspects dans la région nord-est du territoire du Ghana». Une zone frontalière avec le nord-ouest du Togo et le sud-ouest du Burkina Faso.