Une collaboration plus étroite entre les pays est la seule voie durable vers un monde pacifique, stable et prospère pour tous, a déclaré vendredi dernier le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, aux ministres des Affaires étrangères du G20 réunis à Bali, en Indonésie.
La réunion se déroule à un moment extrêmement difficile pour le multilatéralisme et la gouvernance mondiale, l'ordre international « risquant de s'effondrer », a-t-il déclaré, citant des défis tels que l'urgence climatique, la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine, et des formes de conflit nouvelles et évolutives.
«Le renforcement du multilatéralisme - le thème de cette session - n'est pas un choix, mais une nécessité», a déclaré M. Guterres dans un message vidéo à cette réunion du G20, qui réunit les principales puissances économiques du monde. «C'est le seul moyen d'éviter des pénuries alimentaires généralisées, l'aggravation du chaos climatique et une vague de pauvreté et de misère qui n’épargnera aucun pays», a-t-il ajouté.
La crise climatique prioritaire
Le chef de l'ONU a décrit trois domaines nécessitant une action multilatérale urgente : l'urgence climatique croissante ; la crise alimentaire, énergétique et financière, et la reprise inégale après la pandémie.
La crise climatique est notre urgence numéro un, a-t-il déclaré, avertissant que la bataille pour maintenir la hausse de la température mondiale à l'objectif de 1,5 degré Celsius «sera gagnée ou perdue» d'ici la fin de la décennie. «Vous représentez les principales économies – et 80% des émissions mondiales», a-t-il déclaré aux ministres des Affaires étrangères. «La responsabilité de prévenir les pires impacts de la crise climatique repose en grande partie sur vos épaules».
Bien que les missions mondiales doivent diminuer de 45% par rapport aux niveaux de 2010 afin d'atteindre l'objectif de 1,5 degré Celsius, les engagements nationaux actuels en matière de climat entraîneraient une augmentation de 14% d'ici 2030.
Qualifiant cette situation de «suicide collectif», le chef de l'ONU a appelé à une «révolution des énergies renouvelables», avec la fin de la dépendance mondiale aux combustibles fossiles comme priorité absolue.
Cela signifie qu'il n'y aura pas de nouvelles centrales au charbon ni d'expansion de l'exploration pétrolière et gazière, a-t-il déclaré. En outre, les économies émergentes doivent avoir accès aux ressources et à la technologie pour passer aux énergies renouvelables.
«Les pays les plus riches doivent enfin respecter l'engagement de financement climatique de 100 milliards de dollars en faveur des pays en développement, à compter de cette année. Nous avons également besoin d'un coup de pouce radical pour les systèmes d'adaptation et d'alerte précoce», a-t-il déclaré.
Stabiliser les marchés alimentaires et énergétiques
La guerre en Ukraine amplifiant d'autres crises et entraînant une augmentation des prix des denrées alimentaires et des engrais, le chef de l'ONU a souligné le «risque réel» de multiples famines cette année, et d’une situation encore pire en 2023.
Pendant ce temps, les prix record de l'énergie déclenchent déjà des pannes d'électricité et des pénuries de carburant. «Nous devons travailler ensemble pour apporter la stabilité aux marchés mondiaux de l'alimentation et de l'énergie et soutenir les économies en développement. La production alimentaire de l'Ukraine, ainsi que les aliments et les engrais produits par la Russie, doivent être ramenés sur les marchés mondiaux, malgré la guerre», a-t-il déclaré.
L'ONU s'efforce de trouver un plan qui permette l'exportation sûre et sécurisée d'aliments produits par l'Ukraine via la mer Noire et un accès sans entrave aux marchés mondiaux pour les aliments et les engrais russes.
«Mais même si nous essayons d'augmenter les approvisionnements, nous devons mettre des ressources et un espace budgétaire à la disposition des pays et des communautés les plus pauvres», a-t-il déclaré. «Le système financier mondial doit utiliser tous les instruments à sa disposition, avec flexibilité et compréhension, pour y parvenir».
Nouveau pacte mondial
Pendant ce temps, de nombreux pays en développement ont subi des pertes économiques dévastatrices pendant la pandémie mais n'ont pas accès au financement pour la reprise.
M. Guterres a souligné qu'un nouveau pacte mondial (New Global Deal) est nécessaire pour rééquilibrer le pouvoir et les ressources financières, et permettre à ces nations d'investir dans les objectifs de développement durable (ODD).
«L'architecture internationale de la dette nécessite une réforme urgente. Nous avons besoin d'un cadre opérationnel d'allégement et de restructuration de la dette qui tienne compte de la vulnérabilité», a-t-il déclaré.
Des efforts accrus sont également nécessaires pour augmenter le nombre de pays qui peuvent produire des vaccins, des thérapies et des tests contre la COVID-19, en partageant les licences et en fournissant un soutien technique et financier.
Le Secrétaire général a souligné que le monde a besoin d'un multilatéralisme plus efficace, plus en réseau et plus inclusif, affirmant que «nous devons combiner les forces des institutions existantes pour relever ensemble les défis les plus urgents de l'humanité».
L'ONU travaille avec les pays pour présenter les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général ‘Notre programme commun’, qui met l'accent sur le renforcement du multilatéralisme.
Elles comprennent des propositions de sommets biennaux pour œuvrer en faveur d'une économie mondiale plus durable, inclusive et résiliente. Les sommets réuniraient le G20, le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), les institutions financières internationales et le Bureau du Secrétaire général.