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’Savanes Motaog’, un projet pour promouvoir la cohésion sociale dans les Savanes: Quels acquis après deux ans d’exécution?

Publié le mercredi 13 juillet 2022  |  Agence de Presse Togolaise
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© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Grandes mues connues par la Nationale numéro 1 ces dernières années
Vers Kara. Le 02 mars 2016. Chantiers en cours sur la Nationale numéro 1.
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La région des Savanes dans l’extrême nord du Togo est connue comme une zone vulnérable et favorable à l’extrémisme violent. Face à cette situation, le gouvernement et les organisations de la société civile entreprennent des initiatives de renforcement de la résilience aux conflits dans les communautés de cette région. Parmi ces multiples actions organisées dans un processus assez participatif et inclusif figure en bonne place le projet «Savanes Motaog» (jeunes et femmes pour la cohésion sociale dans les Savanes, en langue Moba).
Il a été mis en route en 2020 à l’initiative de Plan International et ses partenaires, notamment l’ONG Femme, Droit, Développement en Afrique (WILDAF-Togo), le Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT) et Aide et Action International pour renforcer les actions du gouvernement et des autres acteurs en vue de maintenir la cohésion sociale dans la région. Deux ans après sa mise en exécution, l’ATOP s’est intéressée aux acquis à mis parcours.

Le Projet « Savanes Motaog », de quoi s’agit-il?

Lancé projet a été lancé le jeudi 26 novembre 2020 à Dapaong, au nom du gouvernement, par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Gal Yark Damehame en présence de la représentante résidente du Plan International Togo, Mme Awa Faly Ba et du chef de la délégation de l’Union Européenne (UE) au Togo, Joaquin Tasso Vilallonga. «Savanes Motaog» est une initiative de Plan International en consortium et ses partenaires.
Il est estimé à 1.765.566.588 Francs CFA financé par l’Union Européenne (UE) à hauteur de 90% et à 10% par Plan International Suède. Le projet est prévu pour durer 4 ans (novembre 2020-octobre 2024). Sa mise en œuvre est assurée par WILDAF-Togo, CACIT et Aide et Action International. Il est exécuté dans les 7 préfectures de la région des Savanes qui compte 16 communes et 69 cantons.

L’objectif du projet est d’apporter une contribution dans le renforcement de la cohésion sociale par la promotion des droits politiques et économiques des jeunes et des femmes ainsi que le renforcement de la société civile et des capacités des institutions de l’Etat au niveau régional.

Pourquoi la région des Savanes ?

La cartographie nationale de la pauvreté présente la région des Savanes comme l’une des plus pauvres du pays avec un taux de 65%. Cette région est caractérisée par un environnement hostile avec un sol peu fertile. Pour une population de plus de 830.000 habitants, l’accès aux opportunités économiques, la participation publique et politique est limité surtout pour les jeunes et les femmes rendu la région vulnérable à l’extrémisme violent. Le projet est donc initié en réponse à la situation.

Les grands axes du projet

Le projet «Savanes Motaog» entend promouvoir les droits économiques des jeunes filles/femmes et garçons/hommes vulnérables de 15 ans à 35ans par un accès aux opportunités de formation et la facilitation de leur participation à la définition des priorités de développement au niveau local. Il compte promouvoir le dialogue et la concertation multi-acteurs en renforçant les capacités des Organisations de la société civile (OSC), surtout celles de jeunes et de femmes.

Le projet touchera près de 512.220 personnes, soit 61% de la population des Savanes. Il est aussi prévu de renforcer les capacités entrepreneuriales, le pouvoir économique des femmes vulnérables et d’améliorer l’accès ainsi que la qualité des services de base. Il est question également de renforcer les capacités des autorités locales et des médias pour promouvoir la participation des femmes et la consolidation de la paix, d’intégrer le module sur l’entrepreneuriat, le genre et la culture de la paix dans les curricula d’éducation et de formation professionnelle.

Les acquis de ce projet après deux ans de mise en œuvre

Selon le chargé du suivi évaluation du projet «Savanes Motaog», Toulassi Kossi, après environ deux ans de mise en œuvre, un certain nombre d’activités et projets ont été réalisés. Il s’agit de l’étude de base qui a permis d’avoir les valeurs initiales des indicateurs du projet qui permet de mesurer les progrès/résultats découlant de la mise en œuvre des activités. Outre cette étude, le diagnostic organisationnel des ONG partenaires que sont le CACIT et WiLDAF, assorti de plans de renforcement et formations sur le Genre transformateur et inclusion (GTI) ont été fait ainsi que le diagnostic organisationnel de cinq Organisations de la société civile (OSC) locales assorti d’un plan de renforcement.

Pour M. Toulassi, «les acquis de ce projet, c’est aussi la formation de 15 médias dont 13 locaux sur les techniques de prévention et de gestion des conflits et le genre ; les méthodes participatives de développement du contenu médiatique et les stratégies appropriées de promotion de la cohésion sociale et la paix ; la facilitation d’échanges entre les OSC locales, les autorités locales et les 15 médias ainsi que sur les messages à véhiculer en lien avec les besoins et défis des communautés».
Il souligne que dans le cadre de ce projet, il a été aussi fait un diagnostic organisationnel et fonctionnel des Comités locaux de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent (CLPLEV) et la formation des membres des 64 Comités cantonaux et des 7 Comités préfectoraux. La formation a porté sur leurs rôles et responsabilités et sur les stratégies de prévention, d’alerte précoce et de gestion pacifique des conflits, avec des plans d’action.


Autres acquis du projet, selon le chargé du suivi évaluation, concerne la formation de 25 jeunes dont 12 femmes de la région des Savanes sur la sécurité et la cohésion sociale; la création, le suivi et l’accompagnement de Groupes d’Epargne (GE) suivant la méthodologie « Association Villageoise d’Epargne et de Crédit » (AVEC). «250 GE sont créés à la date du 5 juillet 2022 avec 5394 membres dont 4747 femmes. Il y a eu également la formation de 18 GE comportant environ 200 personnes dont 176 femmes en Activités génératrices de revenus (AGR) sans ignorer une étude sur les métiers porteurs et innovants de la région des Savanes», a confié M. Toulassi.

Pour l’intervenant, les capacités entrepreneuriales, l’employabilité et les compétences de vies des jeunes filles/femmes et arçons/hommes vulnérables ont été renforcées durant la mise en œuvre du projet. De plus, les curricula d’éducation et de formation professionnelle intègrent le module sur l’entrepreneuriat, le genre et la culture de la paix. Dans le même sillage, affirme l’orateur, d’autres activités telles que la promotion d’une éducation sans violence et inclusive ainsi que la formation des groupes de femmes, notamment les clubs des mères, les enfants parrainés ont été également réalisées en vue de mieux protéger les enfants et faire avancer leurs droits.

Quelques bénéficiaires du projet témoignent

Jean Kantchéki, rédacteur en chef à la radio rurale communautaire des Savanes affirme que «le projet Savanes motaog m’a permis de suivre avec beaucoup d’intérêt la formation organisée par WiLDAF Togo et Plan International sur la prévention de l’extrémisme violent, la gestion des conflits communautaires; mais aussi la consolidation de la cohésion sociale. En tant que journaliste, aujourd’hui, j’arrive à concevoir des spots, magazines avec des messages clés qui contribuent à éradiquer ce fléau. Nombre d’auditeurs appellent pour témoigner que leurs mentalités et comportements ont positivement évolué avec ces différentes productions».

Une visite dans le canton de Toaga a permis d’assister aux partages des GE Tintotelieb (s’entraider) et Monfante (soyons éclairés). Mme Lamboni Yendoutien qui est membre du premier GE se réjouie des résultats. «Notre groupe a pu cotiser 534.400 F après un an d’exercice. Aujourd’hui, moi j’ai reçu 57.200 F et durant l’exercice j’ai eu à faire des prêts pour revigorer mon bar qui était à l’agonie. Entretemps, mon mari avait perdu son emploi et nos deux enfants qui étaient dans les écoles privées ont failli quitter pour le public; mais grâce à ce projet, j’ai pu épargner et payer 90.000 F pour leur écolage. L’argent que je viens de percevoir maintenant me permettra de stocker davantage les boissons et vendre. Merci à Savanes motaog», a-t-elle dit.

M. Kolani Dambé n’en est pas moins satisfaite. «Je viens de recevoir une somme de 41.000 F, la mise est 200 F par semaines ; mais quelqu’un peut donner jusqu’à 1000F au plus. Je compte m’acheter de l’engrais pour mes champs. Ce projet nous a beaucoup aidés. Dans notre groupe nous sommes 15personnes, avant il y avait des gens qui ne s’entendaient pas, mais comme maintenant ils sont ensemble dans le GE, il y a la compréhension mutuelle entre nous tous », confie -t-elle.

Difficultés rencontrées et approches de solutions

En termes de difficultés, M. Toulassi Kossi évoque le Covid-19 qui, avec ses restrictions, a introduit d’autres dépenses supplémentaires sur le projet et freiné, à un moment donné, les activités. Il mentionne, par ailleurs, l’insécurité sans cesse croissante dans la région des Savanes, citant en exemple les différentes attaques récentes dans le Kpendjal et à Cinkassé puis les difficultés d’accès dans certaines zones du projet.

En guise de solutions, souligne M. Toulassi, l’équipe du projet a adopté une stratégie par rapport au Covid-19. Il s’est agi de procéder par des réunions/sensibilisations en petits groupes, de multiplier les sessions de formation, de passer par des animations d’émissions radio et de faire des sensibilisations sur le respect des mesures barrières et la vaccination lors des rencontres. S’agissant de l’insécurité, il a été initié la formation de l’équipe du projet sur la question et encouragé une bonne collaboration avec les autorités locales et les forces de l’ordre et de sécurité. L’équipe du projet a été invitée à redoubler de vigilance et à éviter d’être dans les zones à fort risques à des heures tardives.

Par Bodjona Bassanta Gabriel
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