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Malgré des décennies d’efforts, 45 des 54 pays du continent africain restent dépendants des exportations de produits primaires dans les secteurs agricoles, miniers et extractifs (CNUCED)

Publié le lundi 18 juillet 2022  |  ONU INFO
«Togo
© Autre presse par Togo Terminal
«Togo Terminal», opérateur de manutention-conteneurs au PAL (Port autonome de Lomé, le seul en eau profonde de l’Afrique occidentale) depuis 2001
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Malgré des décennies d’efforts de diversification, 45 des 54 pays du continent restent dépendants des exportations de produits primaires dans les secteurs agricoles, miniers et extractifs, a indiqué jeudi dernier la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Elle préconise une diversification des exportations sur le continent pour «survivre aux chocs économiques».

Pour survivre à des chocs économiques globaux tels que la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, l’agence onusienne basée à Genève demande aux pays du continent de diversifier leur commerce extérieur.

"La dépendance à l’égard des exportations de produits de base a laissé les économies africaines vulnérables aux chocs mondiaux et a entravé le développement inclusif pendant trop longtemps", a déclaré dans un communiqué, la Secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan.

La CNUCED considère qu’un pays est tributaire des produits de base lorsque ceux-ci représentent plus de 60% du total de ses exportations de marchandises.

Dans son rapport 2022 sur le développement économique en Afrique publié ce jeudi 14 juillet, la CNUCED indique que les pays africains peuvent se diversifier économiquement. Il s’agit ainsi de stimuler leurs exportations de services à forte valeur ajoutée, élargir l’accès des entreprises privées aux services financiers, en exploitant les nouvelles technologies financières et mettre en œuvre des «politiques efficaces».

Le pari d’une diversification du commerce des services, des technologies et des finances

Le rapport décrit comment les pays africains peuvent réorienter leurs efforts pour diversifier leurs économies. Les services à forte intensité de connaissances, tels que les technologies de l’information et les services financiers, pourraient changer ainsi la donne en Afrique. En attendant, ils ne représentent que 20% des exportations de services du continent, offrant ainsi une immense marge de progression.

Le commerce des services est également faible en Afrique. Entre 2005 et 2019, les services ne représentaient que 17% des exportations du continent. Les voyages et les transports représentaient environ les deux tiers, avec une forte concentration dans les secteurs traditionnels, note le document.

Pourtant, la CNUCED estime que le continent dispose d’un «énorme potentiel pour briser la dépendance aux produits de base» et assurer une intégration solide de ses économies dans les chaînes de valeur mondiales haut de gamme.

«En s’attaquant aux obstacles au commerce des services, en renforçant les compétences pertinentes et en améliorant l’accès à des financements alternatifs et innovants, la productivité manufacturière du continent peut être améliorée, stimulant la croissance économique et la transformation structurelle de l’Afrique pour de nombreuses années», a ajouté Mme Grynspan.

Le rapport indique que des technologies et des services modernes tels que la blockchain peuvent également améliorer l’accès à des marchés diversifiés et compétitifs, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du continent. L’intensification du commerce des services permet également réduire la dégradation de l’environnement causée par l’exploitation des ressources naturelles.

Le secteur privé a besoin d’au moins 416 milliards de dollars par an

Le rapport souligne également le rôle essentiel du secteur privé - formel et informel - dans la diversification et la transformation des économies africaines. Cela comprend les petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent environ 90% des entreprises du continent et emploient environ 60% de la main-d’œuvre.

Selon la CNUCED, les pays devraient mieux positionner les PME africaines en tant que moteurs de la diversification en facilitant leur accès à des fonds et à des services financiers abordables. A noter que l’Afrique compte environ 50 millions de PME formelles, ce qui peut aider à diversifier les exportations du continent.

Pour ce faire, elles ont un besoin de combler un déficit de financement de 416 milliards de dollars chaque année, selon la Société financière internationale.

La CNUCED exhorte donc les décideurs africains à aider les entreprises à accéder à des produits et services financiers et non financiers spécialisés, tels que des garanties de prêt gouvernementales, qui sont une meilleure réponse à long terme aux besoins financiers des PME. La croissance récente des entreprises de technologie financière (fintech) peut aussi améliorer les canaux de crédit traditionnels, indique le rapport.

La guerre en Ukraine risque d’entraîner 58 millions d’Africains dans la pauvreté

Par ailleurs, la zone de libre-échange continentale africaine, qui vise à créer un marché unique pour les 1,4 milliard d’habitants du continent, peut également stimuler la diversification des exportations, indique le rapport. Mais pour en tirer le meilleur parti possible, les pays africains doivent mettre en œuvre des politiques de renforcement des capacités productives, d’industrialisation, d’incitation à l’investissement, d’amélioration de l’intégration régionale et des infrastructures.

Ce rapport de la CNUCED est publié alors que des chocs économiques mondiaux comme entre autres le changement climatique pourraient saper les efforts de diversification des exportations de l’Afrique, surtout «si les pays ne mettent pas en place les bonnes politiques et réglementations et ne renforcent pas les capacités institutionnelles».

Alors que le monde fait face à une crise du pouvoir d’achat, 58 millions de personnes vivant juste au-dessus du seuil de pauvreté en Afrique risquent de sombrer dans la pauvreté en raison des effets combinés de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine, selon un récent rapport du Groupe mondial d’intervention en cas de crise alimentaire, énergétique et financière.
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