Alors que l’Espagne et le Maroc ont annoncé avoir ouvert une enquête sur la mort d’au moins 23 personnes lors de la tentative de quelque 2.000 migrants africains de pénétrer dans l’enclave espagnole de Melilla au Maroc, le 24 juin dernier, des Experts indépendants de l’ONU ont exigé lundi une reddition des comptes sur ce drame.
«Nous notons que des enquêtes ont été ouvertes et appelons l’Espagne et le Maroc à prendre toutes les mesures nécessaires, aux côtés de l’Union européenne et de l’Union africaine, pour faire en sorte que les responsabilités soient rapidement établies, que les victimes obtiennent réparation et que les morts illégales ne se reproduisent plus, conformément à leurs obligations», ont déclaré dans un communiqué les experts du Mécanisme international d’experts indépendants (IIEM) des Nations Unies, mécanisme chargé de faire progresser la justice raciale dans le contexte de l’application des lois, et du Groupe de travail d’experts de l’ONU sur les personnes d’ascendance africaine.
La mort d’au moins 23 Africains qui tentaient de franchir la frontière entre l’Espagne et le Maroc à Melilla est très préoccupante, ont déclaré aujourd’hui les experts de l’ONU, qui ont exhorté les deux gouvernements à mener une enquête indépendante sur l’incident et à rendre compte des progrès réalisés.
Demande d'informations détaillées sur le drame
Les décès sont survenus lors d’une tentative d’environ 2.000 personnes d’entrer en Espagne en escaladant les hautes clôtures entourant Melilla, une enclave espagnole en Afrique du Nord.
«Tout recours à la force par les forces de l’ordre doit être guidé par les principes de légalité, de précaution, de nécessité, de proportionnalité, de responsabilité et de non-discrimination», ont insisté les experts.
Ils ont ainsi demandé à Madrid et Rabat des « informations détaillées sur l’incident, notamment sur les enquêtes en cours».
Les experts ont déclaré que, sur la base des informations recueillies, ils évalueront également la législation et les pratiques répressives des deux pays par rapport aux normes applicables en matière de droits de l’homme.
«Nous continuerons à surveiller la situation et à dialoguer avec les autorités espagnoles et marocaines», ont conclu les experts, relevant leur souhait de « fournir aux deux gouvernements des recommandations concrètes pour mettre fin à ce cycle de rencontres mortelles d’Africains avec les forces de l’ordre», ont-ils ajouté.
NOTE:
Les Rapporteurs spéciaux et Experts indépendants font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand groupe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations spécifiques à des pays, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde.
Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.