C’est une tendance mondiale qui inquiète les pays africains. Les économies avancées augmentent leurs taux d’intérêt dans le but de freiner l’inflation. Conséquences, l’argent est plus cher et les États africains vont devoir payer davantage pour emprunter sur les marchés financiers. Le FMI redoute une nouvelle crise de la dette, mais il existe des solutions, elles passent par les marchés locaux des capitaux.
En juin dernier le Nigeria a renoncé à un emprunt international de 950 millions de dollars pourtant nécessaire pour boucler son budget. Raison invoquée, les conditions financières n’étaient plus avantageuses. En clair, les intérêts réclamés par les banques étaient trop élevés.
La hausse des taux d’intérêt américains provoque un mouvement mondial de renchérissement du crédit. Emprunter en devises fortes devient plus coûteux, et aussi plus difficile, comme l’explique Anouar Hassoune, directeur Afrique de l’Ouest de GCR Rating, l’agence de notation financière sud-africaine: «Lorsque les taux d’intérêt sont à la hausse, la liquidité dans cette devise tend à devenir plus rare.
Et le problème que nous avons en Afrique, c’est un problème de prix de la dette certainement, mais c’est surtout un problème de mise à disposition de la liquidité en devise pour nos économies, observe le directeur de GCR Rating. Et aujourd’hui, avec une hausse de taux de cette amplitude, la liquidité disponible pour les pays émergents, en dollars et en euros pour les pays africains risque de se raréfier».
Les États africains doivent donc songer à se tourner vers leurs propres marchés des capitaux qui sont libellés en monnaies locales. Emprunter dans sa monnaie présente l’avantage de ne plus dépendre des rentrées de devises pour rembourser les prêteurs. C’est l’avis de Stanislas Zeze, PDG de Bloomfield Investment corporation, première agence de notation financière d’Afrique francophone. Pour lui, l’Afrique doit diversifier ses produits financiers.
«Vous savez, dans les pays africains, la liquidité existe. C’est juste qu’il faut bien organiser les marchés financiers pour pouvoir capter cette liquidité. Prenez l’exemple de l’UEMOA (l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest, NDLR), où il n’y avait pendant longtemps qu’un seul produit financier proposé aux investisseurs qui était “l’obligation souveraine”, explique Stanislas Zeze. ... suite de l'article sur RFI