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Terrorisme au Togo: De l’avis de journalistes locaux, la solution ne peut venir d’un seul pays

Publié le mardi 30 aout 2022  |  Radars Burkina
F.
© Ministère par Ministère des Armées
F. Gnassingbé a rendu visite aux Forces de Défense et de Sécurité de l’opération Koundjoaré après l’attaque de Sanloaga.
Région des Savanes. Du 14 au 15 et du 19 au 20 novembre 2021. L’objectif de ce déplacement présidentiel était de porter le soutien de la Nation aux éléments présents sur le terrain après l’attaque du poste de sécurité à Sanloaga, dans la nuit du 9 au 10 novembre 2021.
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Le Togo est également en proie aux attaques de groupes armés terroristes. Les populations de la partie nord de ce pays, qui fait frontière avec le Burkina, sont victimes d'attentats depuis novembre 2021. Radars Info Burkina a joint des journalistes togolais pour mieux comprendre la situation. D'un ton unanime, ils ont décrié le manque de soutien conséquent aux pays attaqués et de solidarité vis-à-vis de ces derniers, toute chose qui fait évoluer la menace vers les pays longtemps épargnés.


Nous sommes le 9 novembre 2021 quand le Togo essuie pour la toute première fois une attaque terroriste sur son territoire. «C'est une attaque qui a eu lieu dans le village de Sanloaga, dans la préfecture de Kpendjal, région des Savanes, une région frontalière du Burkina Faso», affirme Pierre-Claver Kuvo, journaliste d'investigation au Togo, joint au téléphone. Il précise que lors de cette attaque, les forces armées togolaises avaient pu repousser les assaillants qui sont repartis du côté du Burkina Faso.

Quatre mois sont passés et la menace semblait ne plus être d’actualité. Les Togolais vaquaient alors à leurs occupations sans grand danger. Mais le scénario burkinabè qui, au début, en 2016, a connu des incursions de groupes armés terroristes à la frontière malienne, alors que le Mali était déjà sous emprise terroriste, n'allait pas tarder à se répéter au Togo. En effet, le 11 mai 2022, soit six mois après la première attaque, les terroristes vont s'en prendre de nouveau aux forces armées togolaises à Kpekpakandi dans la même région et feront 8 morts et 13 blessés.

Puis s'ensuivent une troisième attaque et même une quatrième dans la nuit du 14 au 15 juillet 2022, qui va s'avérer la plus meurtrière de toutes celles qu'a connues le Togo, jusqu'alors. « Cette fois-ci, ce fut une attaque dirigée contre des villages de Bombengou dans les cantons de Borgou, Blamonga, Lalabiga, Souktangou, Tchimouri, Lidoli, où les terroristes passaient d'une concession à une autre pour égorger les hommes», s'est indigné Galley Anani, rédacteur en chef du mensuel De Cive (Le Citoyen) et collaborateur de l'hebdomadaire L'Echiquier.

Le président de «Publier ce que vous Payez-Togo», Pius Kossi Kougblenou, lie cette attaque à l’arrestation de personnes dont les animaux avaient été saisis et vendus, une situation à laquelle le gouvernement togolais avait tardé à réagir. Pour lui, cette situation a attisé la colère de certains individus. Sur cette affaire d’arrestation, le 27 juillet 2022, le gouvernement burkinabè soulignait que dix éleveurs burkinabè ont été interpellés avec leur bétail en territoire togolais par les autorités locales pour « des raisons d’enquête en lien avec les mesures sécuritaires » en vigueur au Togo. Deux d’entre eux ont été relâchés par la suite, ajoutait-il.

Plus tard, la fédération des éleveurs du Burkina, par la voix de son secrétaire général, appelait le gouvernement burkinabè à agir pour leur libération. Cependant, sur le nombre de personnes arrêtées, cette dernière est en désaccord avec le gouvernement. Selon elle, c’est plutôt une quarantaine qui serait en détention. La fédération a alors plaidé pour que la rigueur de la loi s’applique si les faits qui leur sont reprochés sont avérés. «Mais si ce n’est pas le cas, qu’on les libère».

Toutes ces attaques ont été perpétrées dans la région des Savanes, le plus souvent dans la préfecture de Kpendjal, selon les journalistes que nous avons joints. Et la dernière en date a été perpétrée le 22 août 2022, où les Forces armées togolaises avaient réussi à repousser les assaillants qui sont repartis du côté du Burkina, selon Labaali.com. Cette partie du Togo est très vite devenue une zone d'insécurité notoire. Les populations, qui jusque-là accueillaient des déplacés burkinabè qui fuyaient l'insécurité, sont à leur tour obligées de se réfugier dans les grandes villes comme Dapaong et autres. La zone est alors en état d'alerte. Que faire ? Etait-il prévisible que des villages du Togo tomberaient un jour entre les mains de groupes armés terroristes ? Les autorités s'étaient-elles préparées à cela ? « La plaie est ouverte et il faut la refermer et vite », lance Galley Anani.

Le gouvernement togolais a minimisé la menace, or la presse avait lancé des alertes

Pour Anani Galley, le Togo a minimisé la menace. «Il se sont dit : c'est seulement le Burkina, nous, nous ne pourrons pas être attaqués. Et voilà aujourd'hui le résultat», explique-t-il. Et de poursuivre: «Pendant qu'on regardait les autres pays, pendant qu'on voyait leurs citoyens tomber, tués par les terroristes il y avait des rapports qui indiquaient que le terrorisme menaçait certaines zones et qu'il fallait développer et construire des infrastructures dans ces zones pour que les populations ou les jeunes dans ces zones ne tombent pas dans le panneau de la violence extrémiste».

Le journaliste d’investigation Pierre Claver Kuvo explique en effet que la zone ciblée par les attaques est une zone très indigente du Togo. En outre, elle est en proie à des frustrations permanentes, qui sont des phénomènes qui donnent du poids à l’extrémisme violent. Il en veut pour preuves les manifestations dans cette localité, qui ont toujours été réprimées avec violence et les 70% de la population de la zone de Dapaong qui vivent dans la précarité.

«Cela expose les populations à toutes sortes de risques», a-t-il estimé. Pourtant, explique-t-il, les rapports d’organismes et les investigations de la presse ont longtemps sonné l’alerte autour des dangers auxquels cette partie du Togo est exposée. Mais, estime Anani Galley, c’est le chef de l’Etat qui imprime la marche à suivre et ce dernier semble focaliser ses efforts ailleurs. Selon lui, l’autorité togolaise a fait le choix de s'investir à fond dans le dossier malien tout en oubliant que le mal était à sa porte.

Cette attitude a détourné les attentions sur les réels dangers qui pouvaient guetter le pays. Une analyse partagée par Pius Kossi Kougblenou, qui estime que c’est une sorte de vengeance que les terroristes exercent contre le Togo, pour le fait que ses autorités veulent aider le Mali à les combattre. «Mais, se ravise-t-il, ce sont des analyses de premier degré. Il faut aller au-delà car le problème du terrorisme est une contagion régionale».

Les gouvernements d’Afrique de l’Ouest appelés à s’engager comme une seule entité

«Je n'ai pas compris que les trois pays, le Burkina Faso, le Togo et le Bénin, ne soient pas capables de mutualiser leurs forces pour maîtriser le mal terroriste. Pourquoi chacun y va unilatéralement, alors que ces trois pays peuvent coordonner leurs actions, leurs enseignements et tout ?» se demande Anani Galley. A sa suite, Pius Kossi Kougblenou pense que la solution est endogène pour peu que les pays acceptent de se mettre ensemble comme une seule et même entité. «Malheureusement, ce qui nous divise, les intérêts égoïstes en l’occurrence, est plus fort que ce qui nous unit » soutient Anani Galley.
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