Reconnaissons d’emblée que les sénégalais ont l’art de dire sincèrement ce qu’ils pensent et sentent dans leurs cœurs.
Ils le disent avec une telle élégance et une telle hauteur d’esprit que leurs propos ne peuvent que susciter admiration et même contemplation.
Lisons ensemble les propos tenus mardi par le président sénégalais Macky Sall, pour traduire dans les faits la vision qu’il a pour le Sénégal et les sénégalais.
« Nous voulons, par une révolution des mentalités et des habitudes, poser les fondements durables de la bonne gouvernance, par une rupture en profondeur dans nos rapports individuels et collectifs avec le service et le bien publics.
Voilà pourquoi, après ma prise de fonction il y a bientôt deux ans, j’ai voulu susciter un nouvel état d’esprit qui fait de la transparence et de la reddition des comptes, la quintessence même de la gestion des affaires publiques.
C’est le sens de la déclaration de patrimoine que j’ai faite après mon élection, et de la réforme institutionnelle que j’ai initiée, pour mettre notre système démocratique aux standards internationaux les plus exigeants, dans la stabilité et la modernité des Institutions républicaines.
Cette réforme ramènera à cinq ans, renouvelables une seule fois, le mandat de sept ans pour lequel j’ai été élu. Elle sera d’application immédiate ».
Ainsi donc, par quatre ou cinq phrases élégamment construites, le Président sénégalais vient de semer la graine d’une véritable révolution des mentalités et des habitudes au Sénégal qui va permettre d’assoir les fondements d’un Etat démocratique, respectable au plan international.
L’on retient juste que Macky Sall avait promis qu’une fois élu au perchoir, il réduirait le mandat de 7 ans en cinq ans renouvelable une seule fois. Et deux ans seulement après son élection, il a tenu parole et s’est affirmé en homme d’Etat ayant de la vision pour son pays.
Mieux, bien qu’ayant été élu pour un mandat de 7 ans, il décide, en toute responsabilité de réduire celui-ci à cinq avec effet immédiat. Qui dit mieux ?
Il n’a pas transigé, il n’a pas ergoté autour des concepts stéréotypés qui ouvrent des débats lâches et irresponsables autour de la rétroactivité ou non de la loi constitutionnelle….
Il dit simplement en une phrase, qu’il initie la réforme qui réduit le mandat de 7 ans à 5 ans et que cette réforme est d’application immédiate. Point barre.
Voilà un homme qui agit en homme de pensées et pense en homme d’action.
Voilà le courage et l’audace politiques d’un homme qui suscitent admiration et acclamation des démocrates, des hommes de foi et loi qui ont un sens aiguë de la mission qui est dévolue à un Chef d’Etat.
La preuve, il vient de mobiliser plus de 4000 milliards de fcfa auprès des bailleurs européens pour des investissements dans son pays. Ceux-ci ont sans doute compris qu’ils peuvent compter avec un tel homme pour assoir la stabilité politique indispensable à toute affaire dans un pays.
Il nous parait d’ailleurs opportun de rappeler que Macky Sall n’est pas un héritier, que son papa ou un de ses parents n’a pas fait 38 ans au pouvoir avant de lui céder ce fauteuil présidentiel comme un legs.
Sa vie n’a pas été bordée de lait et de miel comme c’est le cas pour certains. Il n’a jamais connu une culture de facilité.
Au contraire, son parcours a été parsemé d’embûches, des moments de dépression, de déception, de hargnes politiques, de coups-bas, de prisons etc….
C’est sans doute toute cette riche expérience qui lui a permis de se forger une forte personnalité imbue de ce désir invincible d’aller loin en s’assumant pleinement en homme d’Etat traçant allègrement son sillon qui va inéluctablement l’inscrire au panthéon des rares grands hommes qui ont marqué l’histoire de l’Afrique et du monde.
En tant qu’un véritable grand homme, il ne considère pas la fonction présidentielle comme un métier auquel il faudrait s’agripper comme à une Planche du Salut, mais comme un piédestal qui lui permet, en un temps record, de matérialiser sa vision pour le Sénégal et les sénégalais.
Et il sait d’avance qu’il n’est pas un messie investi d’une mission providentielle sans lequel le Sénégal basculerait dans les ténèbres.
Mais alors, de quoi parlons-nous au Togo ?
Nous faisons d’ailleurs bien d’utiliser le verbe « parler » dans le cas du Togo, car nos dirigeants ont fait du parler, de la promesse, des discours, leur spécialité sans pour autant se résoudre à agir, à engager l’action au sens plein du terme.
Depuis neuf ans, Faure Gnassingbé promet des réformes sans jamais les faire, des élections locales, sans jamais les organiser….Il promet des chantiers sans jamais les initier, conclut des accords sans jamais les appliquer….
Il est allé jusqu’à organiser en 2008 une table ronde des bailleurs à Bruxelles pour ensuite flatter les togolais que cette table allait rapporter plus de 600 milliards pour le Togo. Jusqu’à présent, rien.
Mais où allons-nous ? Que voulons-nous vraiment pour le Togo et les togolais ?
Et c’est avec beaucoup de pitié que l’on suit certains petits esprits tenter de soutenir que rien n’empêche Faure Gnassingbé, après deux mandats gratuits et gâchés au sommet de l’Etat, de briguer un troisième.
Sans retenue, sans pudeur, ils se cachent avec une telle légèreté, derrière les dispositions de la Constitution actuelle. Mais quelle honte !
Comment l’actuelle Constitution a-t-elle été obtenue ? Par un procédé malsain qui rappelle tristement les actes puérils des petits hommes.
Un parlement monocolore conduit par le tristement célèbre Fambaré Ouattara Natchaba a choisi, pour faire plaisir au timonier de l’époque, de « toiletter », en ce 31 décembre 2001, cette Constitution que le peuple togolais s’est donnée par référendum en 1992.
L’objectif était de consacrer la présidence à vie à Eyadema Gnassingbé qui finalement va mourir en 2005 soit quatre ans seulement après ce coup de force.
Qu’aujourd’hui, son héritier, son fils, Faure Gnassingbé tente de se prévaloir d’un tel chiffon pour rempiler au trône, est un sacrilège, une vraie offense.
Le débat en effet, a quitté le champ juridique pour s’installer totalement dans l’éthique, le bon sens et le devoir moral.
Que par lâcheté, par irresponsabilité ou par gloutonnerie, les gens n’aient pas cru devoir initier des réformes depuis neuf ans pour assoir les socles d’un Etat démocratique au Togo, n’empêche pas la roue de l’histoire de tourner et les faits de les instruire.
Les beuglements et les miaulements des affidés de Faure Gnassingbé à travers les radios pour soutenir l’insoutenable prouvent à suffisance que l’exemple donné par Macky Sall au Sénégal trouble sérieusement et inévitablement le sommeil de leur maître.
Mais que le ventre ne leur abîme pas le bon sens, qu’il n’éteint pas en eux l’étincelle de divinité qu’ils ont le devoir de transformer en un brasier si tant est qu’ils veulent, eu-aussi rentrer un jour dans l’histoire.