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Préparatifs de la COP 27: L’Afrique n’est responsable que de 3% de gaz à effet de serre et consacre entre 2 et 5% de son PIB à l’adaptation climatique (F. Mahamat)

Publié le mercredi 7 septembre 2022  |  aLome.com
Moussa
© Autre presse par DR (Photo d`archive utilisée juste a titre d`illustration et ne correspond pas forcément avec le contenu de l`article)
Moussa F. Mahamat, Président de la Commission de l`UA.
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Des dirigeants africains et des acteurs de la communauté internationale se mobilisent pour décrocher plus de financement en faveur du continent noir à la prochaine COP27 (Conférence climatique-clé de l’ONU) en Égypte en novembre prochain.
Pour ce faire, le Global Center on Adaptation basé à Rotterdam (aux Pays-Bas) a organisé ce 05 septembre un Sommet international ayant réuni plusieurs sommités africaines et d’institutions internationales sur la question précitée. A cette occasion, Moussa Mahamat (Président de la Commission de l’UA) et Macky Sall (Président en exercice de l’organisation) ont réitéré leur position sur les injustices climatiques auxquelles est confrontée l’Afrique dans le cadre de la mise en œuvre de la nécessaire transition écologique sur la planète.
Ci-contre, la déclaration intégrale de Moussa F. Mahamat lors de la rencontre de Rotterdam (Pays-Bas).



"Déclaration de S. E. Moussa Faki Mahamat Président de la Commission de l’Union Africaine lors du Sommet d’adaptation GCA, le 5 septembre 2022 à Rotterdam au Pays-Bas

Excellence Macky SALL, Président de la République Sénégal et Président en exercice de l’Union africaine,

Excellence Nana AKUFO ADDO, président de la République du Ghana,

Excellence Felix Antoine TSHISEKEDI, président de la République Démocratique du Congo,

Madame Amina MOHAMED, Secrétaire-Adjointe des Nations Unies,

Mesdames, Messieurs, les Ministres,

Ban KI MOON, Ancien Secrétaire General des Nations Unies et président du Global Center on Adaptation,

Prof Patrick VERKOEJEN, CEO du Global Center on Adaptation,

Dr Akin ADESINA, président de Banque Africaine du développement,

Prof Ngozi OKONJO-IWEALA, directrice générale de l’Organisation Mondiale du Commerce

Kristalina GEORGIEVA, directrice générale du Fonds International Monétaire,

Mesdames, Messieurs,

Distingués participants,

Je voudrais exprimer notre gratitude au gouvernement des Pays Bas et le Global Center for Adaptation pour l’invitation à participer à cet important événement et pour l’accueil chaleureux.

Merci à Monsieur Abou Talib, maire de Rotterdam, surtout d’avoir réussi à créer un temps semblable à celui de l’Afrique.

Mesdames et Messieurs, nous sommes à un moment de vérité, d’action, il y’a péril en la demeure planète.

Je fais mienne la remarque du président Macky Sall sur la regrettable absence des dirigeants européen a cette importante réunion.

Permettez- moi, Mesdames et Messieurs, de faire quatre remarques fort succinctes.

La première relative au Constat


Les meilleures données scientifiques à notre disposition montrent que l’Afrique reste un contributeur marginal aux émissions de gaz à effet de serre, responsables du Changement climatique. L’Afrique n’est responsable que de 3% de la détérioration globale.

Le deuxième élément du constat indique que Le Continent a pris l’option de contribuer à la solution mondiale à travers des efforts au niveau national, par des Plans d’adaptation souvent soutenus par des allocations budgétaires.

A ce titre, je rappelle que l’Afrique consacre entre 2 et 5% de son PIB à l’adaptation au Changement climatique.

Le troisième élément du constat réside dans la part incongrue de l’Afrique dans le volume global d’investissement dans la lutte contre la dégradation des conditions climatiques.

Ce bref constat montre un déséquilibre patent entre la responsabilité de l’Afrique et le volume des ressources en sa faveur. C’est là que réside l’une des plus choquantes injustices à l’égard du Continent.

Ce constat est d’autant plus frappant que l’Afrique s’est dotée d’un arsenal- juridique solide et diversifié pour prendre en charge sa part dans l’adaptation aux changements climatiques.

En sus de la volonté politique affichée, le Continent a mis en place de nombreuses structures dont notamment le Comité des Chefs d’État et de Gouvernement Africains sur le Changement climatique (CAHOSCC), la Stratégie et le Plan d’action de l’UA sur le Changement climatique et le Développement Résilient (2022-2032), qui constitue la politique Continentale en matière de Changement climatique. Cette stratégie couvre l’ensemble du spectre de l’adaptation et du développement à faible émission de carbone.

Pour couronner cet effort, l’UA a, en Juillet dernière, adopté la Position Commune Africaine sur l’Accès à l’Energie et la Transition juste.


Le deuxième point que je voudrais soulever concerne l’acuité de réponses rapides aux exigences africaines


Il faut souligner ici qu’on ne peut pas parler d’atteindre le "NET ZERO" alors qu’environ 54% de la population Africaine, estimée à 1,3 milliard d’habitants, est toujours privée d’électricité, ne connaît même pas électricité. Tandis que les nations développées se sont servies sans limites des énergies fossiles avant d’amorcer le questionnement sur la transition écologique l’Afrique au potentiel gazier notamment important, continue de végéter dans la non industrialisation. Une exception africaine s’impose ici.

Cela devrait commencer par l’adhésion aux principes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques, dont des "responsabilités communes mais différenciées".

Si la question n’est pas traitée à travers l’adaptation et autres mesures pertinentes, le Changement climatique aura des effets dramatiques sur le Continent. Le changement est déjà réel avec la sécheresse, la désertification, les inondations, le phénomène El Niño etc.


La troisième remarque porte sur le financement


Le but esquissé pour le financement climatique destiné à l’adaptation en Afrique est loin d’être atteint. Du montant total de ce financement, seuls 21% en sont destinées à l’adaptation. Des chiffres faramineux ont été souvent annoncés, mais ces sont souvent des promesses non tenues.

Bien évidemment, nous nous félicitons de l’engagement du Pacte de Glasgow de doubler le financement d’ici 2025.

J’espère qu’au moment où nous avançons, à grands pas, vers la tenue de la Cop 27 à Sharm Echeikh en Égypte, de tels engagements seront rigoureusement tenus.

Dans le contexte fiscal actuel de la plupart des pays Africains qui subissent l’impact disproportionné de la pandémie Covid19, de la crise énergétique, alimentaire et sécuritaire actuelle, une réflexion sur l’alignement de l’allègement de la dette souveraine aux objectifs du climat mérite d’être engagée.

Une telle réflexion à laquelle nous appelons doit nécessairement s’ajuster aux spécificités de toutes les catégories de nos économies en Afrique.

La quatrième remarque porte sur la construction de la solidarité internationale



Bien que l’Afrique, comme je l’ai souligné dans mon constat ci-haut, subit une insupportable double injustice, elle ne cesse de donner les gages, de son attachement à la construction d’un nouveau modèle de multilatéralisme climatique.

Les pays Africains ont démontré ici un sens élevé de leadership en étant à la hauteur. Nous restons engagés en faveur d’une action mondiale collective sur la base de notre objectif commun dont la réalisation suppose un degré d’engagement solidaire, pour faire face dans l’équité à nos obligations forcément différenciées.

On aura peut-être déconstruit, Monsieur le président Macky SALL, le discours sur l’Afrique que vous avez évoqué.

Je vous remercie".
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