L’ONG a collecté des données sur les agissements en Centrafrique et au Mali de ces mercenaires proches du Kremlin.
C’est un rapport d’une dizaine de pages qui apporte un peu de clarté sur les agissements d’un groupe n’ayant aucune existence officielle et dont l’opacité est la marque de fabrique. En quelques années, Wagner est devenu la plus célèbre et la plus controversée société militaire privée. Un épouvantail pour les Occidentaux et un outil d’influence de la Russie, pour laquelle cette entité agit plus ou moins dans l’ombre.
Wagner a déployé ses hommes et posé ses pions en Ukraine, en Libye, en Syrie, à Madagascar, au Soudan, au Mozambique… Mais c’est sur deux pays phares de son implantation sur le continent africain, la Centrafrique et le Mali, que l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), dont le rapport a été publié mardi 30 août, a concentré son travail de collecte de données et d’analyse.
Les exactions commises par ces mercenaires qui servent les intérêts du Kremlin ont déjà été dénoncées et documentées à maintes reprises par des organes des Nations unies, des pays occidentaux – la France en tête – et les principales organisations de défense des droits humains. En juin 2021, le groupe d’experts de l’ONU sur la Centrafrique avait ainsi transmis au Conseil de sécurité une série de rapports signalant des « meurtres indiscriminés » ainsi que des actes de violence contre des civils perpétrés par des « instructeurs russes ». Six mois plus tard, l’Union européenne a imposé des sanctions à l’encontre du groupe Wagner et de personnalités qui lui sont liées.
Cependant, la compilation des événements effectuée par Acled donne la mesure des violences et précise l’impact de ces interventions.
Opérations conjointes
Le premier constat est accablant : aussi bien en Centrafrique qu’au Mali, les populations civiles sont les premières victimes des opérations du groupe. Entre le 1er janvier 2018, date du début des activités de Wagner à Bangui, et le 31 juillet 2022, 52% des «événements de violence politique organisée» impliquant les paramilitaires russes ont ciblé des civils. Au Mali, le taux monte à 71 % sur une période allant du 1er décembre 2021 au 31 juillet 2022.
Des chiffres largement supérieurs à ceux mettant en cause les armées de ces deux pays et leurs insurgés respectifs, ceux-ci n’ayant pourtant jamais brillé par leur respect du droit humanitaire international. En Centrafrique, selon le décompte d’Acled, 17% des événements violents impliquant «les forces étatiques» ont ciblé des civils, contre 42 % de ceux concernant les rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) ou de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC.) Au Mali, le taux est de 20% pour les forces armées et de 27% pour les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda.... suite de l'article sur Autre presse