Finances, Intérieur, Affaires étrangères… Sous l’impulsion de la successeure de Boris Johnson, des ministres de premier plan sont originaires du continent. Du jamais-vu.
La première fois qu’un Noir a rejoint le gouvernement britannique, c’était Paul Boateng, nommé secrétaire au Trésor en 2002 sous le Premier ministre travailliste Tony Blair. Mais c’est bien le parti conservateur, sous la direction de la nouvelle cheffe du gouvernement Liz Truss, qui paradoxalement fait le plus grand progrès en matière de diversité.
Pour la première fois de l’histoire, les trois portefeuilles les plus importants du gouvernement britannique seront occupés par des personnalités politiques noires. Mais que l’on ne s’y trompe pas : bien qu’elles soient issues de familles d’origines africaines, ces nouvelles figures eurosceptiques tiennent une ligne dure contre l’immigration. Tour d’horizon.
Kwasi Kwarteng, l’ultralibéral aux Finances
D’origine ghanéenne, Kwasi Kwarteng a hérité du ministère des Finances, devenant ainsi le premier Noir à occuper ce portefeuille au sein du gouvernement britannique. Partisan de la baisse des impôts et de la libéralisation de l’économie de marché, il aura sans doute peu de répit. Sa nomination intervient alors que le pays traverse une grave crise économique. Depuis plusieurs semaines, le Royaume-Uni connaît un taux d’inflation record. En juillet, il s’établissait sur un an à 10,1%, au plus haut depuis la mise en place de cette statistique en 1997 et à un niveau jamais atteint depuis 1982.
Fils d’immigrés arrivés en Grande-Bretagne dans les années 1960, Kwasi Kwarteng a suivi le parcours typique de l’élite britannique. Celui qui a été élu député en 2010 est un pur produit du prestigieux collège d’Eton – une école secondaire pour garçons –, fondé par le roi Henri IV en 1440 et qu’ont également fréquenté plusieurs personnalités britanniques, dont les Premiers ministres David Cameron et Boris Johnson. Mais pour la presse britannique, ce diplômé de l’université de Cambridge et passé par Harvard ne doit son ascension politique qu’à son amitié avec Liz Truss, qui jusque-là était chargée des Affaires étrangères. Les deux personnalités du Parti conservateur ont siégé ensemble à la chambre des Communes et résident dans la même rue à Greenwich, un quartier au sud-ouest de Londres.
Avant d’être nommé chancelier de l’Échiquier, ce partisan du Brexit occupait déjà les fonctions de ministre aux Affaires, à l’Énergie et à la Stratégie industrielle sous Boris Johnson, depuis le mois de janvier 2021.
Suella Braverman, l’eurosceptique à l’Intérieur
À peine nommée qu’elle a donné le ton. «Rendre nos rues plus sûres, soutenir nos services de sécurité et contrôler l’immigration», a tweeté Suella Braverman au lendemain de l’annonce du nouveau gouvernement britannique. Tout comme Liz Truss, celle qui officiait jusque-là comme Procureure générale pour l’Angleterre et le pays de Galles incarne l’aile droite du Parti conservateur.
Sa nomination à la tête du ministère de l’Intérieur marque l’aboutissement de son ascension au sein d’une formation politique où elle s’est distinguée par ses prises de position en faveur d’une politique plus stricte de contrôle des flux migratoires, alors que le pays fait face à un nombre croissant de migrants clandestins traversant la Manche. Des idées qui détonnent du fait de ses origines.
Suella Braverman est en effet née en 1980 d’un père kényan, arrivé en Angleterre pour échapper à la guerre qui faisait rage dans son pays et d’une mère mauricienne d’origine indienne. «Dans le froid, un matin de février 1968, un jeune homme qui n’avait pas encore 21 ans descendit d’un avion à l’aéroport d’Heathrow. Il n’avait ni famille ni amis et ne tenait que son bien le plus précieux, son passeport britannique. Son pays natal était en pleine tourmente politique», avait-elle raconté lors de son arrivée au Parlement en 2015.
Eurosceptique, Suella Braverman devra notamment poursuivre la politique mise en place par sa prédécesseure, Priti Patel. En avril, un accord avait été signé entre les autorités britanniques et le Rwanda pour y renvoyer les migrants illégaux. Il a été dénoncé par plusieurs organisations de défense des droits humains.
James Cleverly, le loyal aux Affaires étrangères
À 53 ans, James Cleverly devient le premier Noir à conduire la diplomatie britannique. Il aura fort à faire : guerre entre la Russie et l’Ukraine, statut de l’Irlande du Nord après le Brexit, négociations avec l’Union européenne… Les dossiers sont complexes. Figure peu connue sur la scène internationale, James Cleverly, avait déjà occupé les fonctions de secrétaire d’État chargé de l’Europe et de l’Amérique du Nord entre février et juillet 2022. Juste avant de prendre la tête du ministère des Affaires étrangères, il était en charge depuis deux mois du portefeuille de l’Éducation nationale.... suite de l'article sur Jeune Afrique