Togo - Dans un communiqué publié en fin de semaine dernière, le Ministère du Développement à la Base, de l’Artisanat et de l’Emploi des Jeunes a annoncé l’annulation pure et simple du processus ayant abouti à l’élection le 20 janvier 2014 à Notsé, du nouveau bureau exécutif du Conseil National de la Jeunesse (CNJ). Depuis, on en sait plus sur les « graves irrégularités et de cas de fraudes « dénoncés par ledit ministère dans sa sortie.
Selon des documents que nous avons consultés, plusieurs élus dans des préfectures résident en réalité à Lomé, au mépris des dispositions statutaires qui imposent qu’ils soient domiciliés dans les régions où ils postulent. C’est notamment le cas des élus de l’Oti, de Blitta, de Kanté ou encore de Kpélé. Outre la résidence, la condition d’âge n’a pas été respectée non plus, comme par exemple à Sokodé et plus généralement dans beaucoup de préfectures du Sud, où des libertés ont été prises avec cette exigence. Ici et là, des jugements supplétifs sont sortis ex nihilo et opportunément. Que dire des associations ayant présenté des électeurs et dont il est établi aujourd’hui après enquête de police, que plus du tiers est fictif avec dans certains cas la production et l’usage de faux documents administratifs. Ogou en est la plus belle illustration. Pour couronner le tout, les commissaires chargés de superviser le processus ont mésestimé leur obligation d’impartialité, se comportant dans plusieurs zones comme directeurs de campagne des candidats ou affichant clairement leur préférence.
Guerre de clans ?
Les nombreuses et graves irrégularités relevées tout au long du processus, constatées par les représentants des associations, confirmées par les différents rapports et reconnues par les élus, y compris monsieur Gartieb Kolani qui proposait aux autorités une transition de 6 mois avant de reprendre les élections ont eu inéluctablement pour conséquence la remise en cause des résultats. Elle a été souhaitée par beaucoup de jeunes, scandalisés par les actes posés. De fait, les interprétations servies par les partisans du déjà ex-président sur une guerre de clans dont celui-ci serait la victime expiatoire sont peu convaincantes. D’autant plus qu’outre les fraudes avérées, l’annulation de l’élection n’est intervenue qu’un mois après que le nom de l’élu ait été connu. Preuve que ce n’était ni sa personne encore moins ses soutiens qui étaient en cause. C’est la compilation des différents rapports suite aux accusations d’irrégularité qui a abouti, aux termes d’un travail d’investigation d’un mois, à cette décision du ministère. Au demeurant, monsieur Kolani n’a jamais contesté les faits incriminés, lui dont le soutien, le sieur Adams, qui a opéré le jour du vote la distribution de faux mandats à des électeurs, est comme son challenger malheureux originaire de la préfecture de l’Oti.
Ministère de tutelle :
Le Ministère du Développement à la Base, de l’Artisanat et de l’Emploi des Jeunes est le ministère de tutelle du CNJ. C’est à ce titre qu’il a financé à plus de 30 millions le processus et annulé le processus pour irrégularités.
Pour rappel, la tutelle administrative est une forme de pouvoir exercé par une personne morale de droit public sur une autre. La notion de tutelle est inspirée de la tutelle civile, la personne morale soumise à la tutelle étant un peu considérée comme mineure.