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Annulation du processus de renouvellement du BE du CNJ : Pascal Agbové, membre du Comité ad’hoc 2008 appelle les gouvernants à éviter que cette annulation n’entraine « une division de la jeunesse »
Publié le vendredi 28 fevrier 2014  |  Telegramme228




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Togo - Notre invité est Pascal Edoh Agbové. Il est consultant international en entrepreneuriat et politique de développement. Il est aussi directeur exécutif de l’ONG IJD et fut membre du Comité ad’hoc qui a travaillé pour la mise en place du CNJ Togo en 2008. Dans cette interview qu’il a accordé à notre rédaction, il se prononce sur l’annulation du processus de renouvellement du bureau du CNJ par la ministre du développement à la base, en charge également de la jeunesse, sur les six ans de vie de cette structure et surtout sur le récent rapport de la Banque mondiale qui fait état de ce que l’Afrique doit créer plus d’emplois pour les jeunes si elle veut poursuivre sa croissance. Il adhère pleinement à cette vision de la BM mais pour le CNJ, il appelle les gouvernants à plus de prudence pour éviter que cette dissolution ne conduise à une division de la jeunesse.

Le CNJ a été créé en 2008, quel était l’objectif poursuivi ?
Jusqu’en 2005-2006, le gouvernement et les partenaires avaient travaillé pour les jeunes. Donc à partir de 2006, nous avons décidé que le gouvernement et les partenaires travaillent avec et pour les jeunes. Donc on avait décidé de créer ce cadre de concertation en vue de susciter une forte implication des jeunes dans les prises de décision et dans les actions de développement. C’était ça le but principal.

Aujourd’hui, six ans après la création du CNJ, pensez-vous que les objectifs fixés sont atteints ?

En tant qu’acteur externe et spécialiste dans le domaine de la jeunesse, je crois que les objectifs ne sont pas atteints puisque le CNJ, après six ans, n’a pas pu vraiment mobiliser les jeunes, n’a pas créé vraiment l’environnement qu’il faut pour que les jeunes puissent véritablement participer aux prises de décision et participer effectivement de manière efficace aux actions de développement. Donc du coup, on peut dire que le CNJ n’a pas pu atteindre ses objectifs.

Et quelles sont les causes ?

Je dirai que les causes sont multiples. Première cause, c’est liée à la structure même, deuxième cause, manque de financement et la troisième, manque de vision. Pour que les jeunes puissent contribuer véritablement au développement, il faudrait qu’il y ait un environnement favorable pour la participation des jeunes, c’est-à-dire il faut une politique nationale de la jeunesse qui définit les ordres d’intervention et les actions concrètes à mener à l’endroit de la jeunesse. Cette politique existe mais je crois que ce n’est pas encore pris en compte par les autorités dans la définition des actions à l’endroit de la jeunesse. Aussi, au niveau de la structure même, vous savez, le CNJ, c’est une jeune structure donc il fallait une prise de travail, il fallait une bonne réaction, il fallait instaurer au sein du CNJ les politiques de bonne gouvernance, il fallait mettre en place une unité de gestion de projet au niveau du CNJ, il fallait élaborer des plans d’actions stratégiques avec la participation et l’implication de tous les jeunes pour pouvoir inspirer confiance et gagner et mobiliser plus de ressources. Du coup, on avait constaté quelques mois après sa mise en place que le Chef de l’Etat avait soutenu le CNJ avec des sous mais les dirigeants n’ont pas pu bien gérer ces sous là, du coup le gouvernement s’est découragé de même que les autres partenaires. Et autre cause, dans ce même sens là, les premiers dirigeants du CNJ n’avaient aucune expérience en matière de gestion de la vie associative. Du coup, ils transformaient le CNJ en une ONG et non en une plateforme. Donc c’était une faiblesse sur le plan institutionnel et sur le plan opérationnel au niveau du CNJ. Maintenant, l’autre aspect, c’est que, s’ils n’ont pas assez de moyens, ils ne pouvaient pas travailler. Le gouvernement devait mettre un budget conséquent à la disposition du CNJ mais comme je le disais tantôt, si le CNJ n’inspirait pas confiance, on ne pouvait pas mettre ces moyens à sa disposition. Du coup, le CNJ a raté sa mission.

Il n’y a donc pas de cause politique ?

Cause politique, vous savez comme partout, le CNJ a été toujours utilisé par les gouvernants pour atteindre certains objectifs. Aujourd’hui du niveau du CNJ, je ne sais pas au Togo, comme je le disais, l’environnement politique, économique et social n’est pas favorable à la promotion des jeunes, ce qui a eu un impact néfaste sur la vie au niveau du CNJ.

Vous êtes entrepreneur. Qui appelons-nous jeune ?

Selon la politique nationale du Togo, est jeune, tout être humain âgé de 15 à 35 ans.

Justement, le gouvernement togolais par voie de presse vient d’annuler l’élection du nouveau bureau du CNJ portant à la tête du Gartieb Kolani. Votre réaction ?

C’est avec beaucoup d’amertument et de regret que j’ai appris cette nouvelle, d’abord pour plusieurs raisons. La première raison, c’est une situation scandaleuse puisque, je me dis si la jeunesse est arrivée à ce stade là, ça veut dire que la jeunesse perd totalement sa crédibilité vis-à-vis du gouvernement, des partenaires. L’autre aspect que j’analyse c’est que si jamais on reprenait les élections et que le président destitué n’est pas arrivé à la tête, je me dis que la jeunesse sera divisée et du coup, on ne pourra rien attendre du CNJ. Donc il appartient au gouvernement et à la jeunesse de prendre conscience de cette situation et de voir exactement ce qu’on doit faire. A l’endroit du gouvernement, je pense que, il ne suffit pas seulement de renvoyer les jeunes pour reprendre le processus. Il va falloir qu’il y ait un dialogue pour associer même d’autres acteurs qui n’étaient pas impliqués dans le processus, pour mieux comprendre ce qui s’était passé et, afin que d’autres acteurs soient impliqués dans le processus de renouvellement. Pour que des dérives ne soient plus constatées, parce que, nous avons constaté que ça a été le cas pour le premier mandat. Thierry Lakougnon, qui est en fin de mandat, il a été porté à la tête du CNJ de la même manière. Mais, je regrette que le gouvernement n’a pas réagi. A l’époque on avait dit la même chose, notre secrétaire d’Etat de la jeunesse, Atsu Gilbert, qui était là n’avait rien dit. Ça veut dire qu’à un moment donné, le gouvernement fait fi de ce que nous disons mais à un moment donné on reprend la chose. On se demande finalement est-ce que c’est pour assainir l’environnement ou bien c’est pour avoir la main mise sur la chose. Je ne sais pas si le gouvernement avait son candidat aux élections et que c’est ce qui entraine cette annulation, mais je me dis que le gouvernement a le devoir et le pouvoir de veiller à ce que tout soit bien organisé. Mais dans ce cas là, il faut beaucoup d’analyse parce que, n’étant pas associé au processus, je ne peux pas dire avec exactitude ce qui s’était passé mais je me dis face à une situation devant la presse, où on n’a pas proclamé les résultats surplace, je n’étais pas là mais j’ai suivi l’information à travers les ondes. On dit maintenant qu’on annule ces élections, comment se fera la prochaine élection ? Je me demande. Donc il appartient au gouvernement de bien mûrir la réflexion à ce niveau là pour qu’on ne se retrouve plus dans la même situation en divisant la jeunesse.

Selon un récent rapport de la Banque mondiale, l’Afrique doit créer plus d’emplois pour les jeunes si elle veut poursuivre sa croissance. Votre commentaire en tant que consultant international de l’entrepreneuriat…

Vous savez que durant les trois dernières années, l’Afrique a réalisé un taux de croissance plus élevé que les autres continents du monde entier. Et donc, selon le rapport du BIT (Bureau International du Travail), le taux de chômage des jeunes sera doublé d’ici 2030. Alors, le BIT avait recommandé au gouvernement de prendre la question de l’emploi des jeunes comme priorité numéro 1 dans les stratégies de développement. Aujourd’hui, la Banque mondiale vient de publier ce rapport, je crois que ça vient renforcer ce que le BIT avait déjà dit. Parce que, aujourd’hui, le chômage des jeunes est une situation scandaleuse pour tous les pays. Si les gouvernements ne prennent pas la mesure de la situation pour améliorer les conditions de vie de la jeunesse, en ce qui concerne l’emploi, je me dis que l’Afrique ne peut pas vraiment évoluer. Donc, il faudra que les gouvernements créer l’environnement pour créer plus d’emplois. Vous savez, on investit pour la formation des jeunes et après, on n’arrive pas à utiliser cela. L’Afrique ne peut pas évoluer si les jeunes ne sont pas impliqués dans les actions de développement. Donc il faut créer l’environnement pour que les jeunes doivent être au centre puisse véritablement jouer leur rôle. Alors les gouvernants, c’est des politiques, ils sont là. Toutes les administrations publiques en Afrique sont vraiment saturées, il faut maintenant encourager le secteur privé. Donc les gouvernants doivent prendre des mesures pour encourager les jeunes vers la création ou le développement d’initiatives privées. Pris sur ces angles, la Banque mondiale a bien analysé la situation et je pense que si l’Afrique ne fait pas ça, il y aura des guerres en Afrique, des soulèvements, des crises sociopolitiques dans tous les pays et ça va retarder le développement du continent. Si l’Afrique veut donc aller loin, il faut régler cette question de l’emploi des jeunes, conscientiser les jeunes, les amener au travail, et ils seront exemplaires. Maintenant, il y aura la délinquance, des troubles dans les pays si vraiment la question de l’emploi n’est pas abordée à fond.

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