TOGO: Jean-Daniel Setho, Barry Moussa Barqué et Koffi Kadanga Walla nommés premiers responsables de la SEGIM chargée de construire les 309 hypothétiques villas
Publié le vendredi 28 fevrier 2014 | Liberté hebdo
Le 13 janvier dernier, nous
faisions état d’une cabale ourdie par le DG de la Caisse nationale de
sécurité sociale (CNSS) par l’entremise d’une société écran. Le but,
brader les terrains de la structure à une société immobilière pour
sécuriser ses vieux jours, en complicité avec d’autres acteurs qui n’ont
que faire des préoccupations premières des travailleurs admis à la
retraite. Près d’un mois et demi après l’article, le projet suit son
cours et nous apprenons la nomination de personnalités à des postes de
direction : Jean-Daniel Setho, PCA, Barry Moussa Barqué, PCA adjoint et
Koffi Kadanga Walla, DG de SEGIM.
Toutes les fois que des tentatives de
mal gouvernance parviendront à nos oreilles, nous essayerons toujours de
les relayer afin que les dirigeants prennent les mesures qui s’imposent
pour arrêter les hémorragies. Le 13 janvier, nous mettions en lumière
ce qu’ailleurs des pays anglophones pourraient appeler le « Wallagate ».
Il s’agit du projet de constitution d’une société immobilière, la
Société d’exploitation et de gestion immobilière (SEGIM) devant gérer la
construction de 309 pavillons de grand standing sur un domaine de la
CNSS. Pour rappel, la CNSS a déjà réalisé la construction de 605
pavillons répartis sur le territoire togolais sans faire appel à une
quelconque société immobilière en charge de l’exécution des travaux.
C’est ainsi que de « Djondoville » (du nom de l’initiateur de la
résidence du Bénin) à la Cité OUA via Baguida et Kara Téloudè, des
résidences de haut standing sont sorties de terre avec tout le confort
qui les accompagne. L’objectif poursuivi, à en croire les responsables,
était de fructifier les fonds issus des cotisations sociales afin de
répondre promptement aux sollicitations des travailleurs déclarés. Même
avec ce souci et le nombre de résidences, il est arrivé des moments où
la CNSS était en difficultés de trésorerie pour honorer ses engagements
vis-à-vis des travailleurs.
Un autre rappel non moins important
concerne les nouveaux textes de la structure qui est depuis, administrée
par un conseil d’administration de douze membres élus par les
représentants des employeurs régulièrement déclarés à la Caisse et à
jour de leurs cotisations d’une part et par les représentants des
organisations syndicales les plus représentatives d’autre part. Dans le
scandale qui s’organise actuellement, seul M. Agui Yves Palanga,
Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du
Togo (CNTT), a donné son aval pour la poursuite du projet que d’aucuns
qualifient de scandaleux.
Il y a quelque temps, Koffi Kadanga
Walla, actuel directeur de la CNSS admis à la retraite depuis 1998, a
entrepris de confier la construction de 309 nouvelles résidences à une
société sortie du milieu de nulle part, la SEGIM. Pour ce faire, M.
Walla fait rapatrier 6 milliards de FCFA sur les fonds de la CNSS placés
à l’extérieur. L’esprit cartésien voudrait, que si ces fonds doivent
être injectés dans la SEGIM sous forme d’actions, que la CNSS, personne
morale, en soit la détentrice. Mais le directeur de la CNSS pousse plus
loin le bouchon ; il entreprend de brader les lots de terrains de la
structure à la SEGIM à des prix défiant toute conscience humaine : 250
lots liquidés à 4 millions l’unité en pleine agglomération. Soit 1
milliard au total. A titre de comparaison, le lot à Djidjolé se situe
entre 25 et 30 millions alors que ceux en question sont 3 à 4 fois mieux
situés. L’Etat togolais dispose-t-il d’un responsable de suivi du
patrimoine de l’Etat en interne comme c’est le cas à l’extérieur ? La
petite logique voudrait que celui qui est chargé du suivi du patrimoine
immobilier de l’Etat à l’extérieur…soit aussi actionnaire de la SEGIM !
En effet, selon les dernières
informations en notre possession, les initiateurs de cette braderie
tiennent vaille que vaille à mener ce projet suicidaire pour les
travailleurs, à terme. C’est ainsi qu’aux dernières nouvelles, Koffi
Kadanga Walla, avec une participation de 57 millions, serait nommé
directeur général de la SEGIM ; Jean-Daniel Setho, ancien PDG de la CFAO
qui a offert 10 millions à titre d’actions, est nommé Président du
conseil d’administration et Barry Moussa Barqué, l’éternel conseiller
depuis Mathusalem des Gnassingbé, est désigné Adjoint au Président du
conseil d’administration, avec une quote-part de 47 millions. Lorsqu’on
ajoute Yao Kanékatoua, Dg de l’Office du patrimoine immobilier du Togo
et Mey Gnassingbé, chef de mission à la présidence, tout ce petit monde
se retrouve majoritaire avec 53% des actions. « Insignifiants », les 6 milliards rapatriés, « infimes », les 250 lots de terrains mis à la disposition de la SEGIM à raison de 4 millions l’unité.
Aux vrais analystes, on demande ce qui
se passera si ce projet faisait pschitt. C’est le lieu d’interpeller les
organisations syndicales sur cette délinquance financière qui
s’organise avec leurs cotisations.
Il semble inéluctable, à moins d’un
sursaut patriotique, que les jours de l’actuel DG de la CNSS sont
assurés, que ce soit au bord du Nil au Caire ou sur les plages
brésiliennes. La vache à lait que constituent les cotisations des
travailleurs togolais lui aura permis d’assurer ses arrières et
peut-être celles de sa marmaille. A moins que des inspecteurs d’Etat
dignes de ce titre ou des services se saisissent de ce dossier et
remettent les pendules à l’heure. Ou que les citoyens réalisent que
c’est leur avenir qui risque d’être hypothéqué et qu’ils décident de
voir plus clair dans cette opacité dans laquelle baigne la gestion de la
CNSS.
Abbé Faria