L’élégance saisissante avec laquelle, dame Ingrid s’est exprimée au cabinet du ministre de l’économie et des finances lors de la cérémonie de passation de services entre elle et les nouveaux commissaires chargés de gérer l’OTR, a failli tromper beaucoup de togolais sur la personnalité réelle de cette fille de Lassa-Haut.
Tellement elle a bien parlé, tellement elle a béni l’OTR que l’on croirait volontiers que c’était de bonne foi.
Mieux, Maman, comme elle aime se faire appeler, n’a pas mis du temps pour prendre ses quartiers à la caisse où elle a aménagé un somptueux bureau pour s’occuper désormais de l’informel que son « Mari » lui a confié.
Elle a d’ailleurs lancé des appels à candidatures pour recruter le personnel qui devra désormais l’aider dans ses nouvelles tâches.
Logiquement, l’on penserait que la dame de fer a définitivement coupé avec les impôts surtout qu’elle avait promis, lors de la cérémonie de la passation de services, de formaliser cette passation avec la remise des documents au nouveau commissaire aux impôts.
En réalité, c’est mal connaître le niveau de déception ou même de révolte de cette dame dès suite de son éviction de la tête des impôts. Et elle ne s’en cache guère.
La preuve, depuis bientôt trois semaines que cette passation a eu lieu, dame Ingrid n’a pas encore lâché les clés du bureau du directeur général qu’elle était.
Non seulement elle détient les clés, mais encore, elle n’a pas daigné céder les documents des impôts qu’elle détient.
Finalement, Adoyi Assowavana, le commissaire aux impôts est dans l’impasse totale, sans bureau, ni documents.
Ne sachant vraiment comment faire pour entrer dans ses droits, l’homme de Sokodé a choisi la voie de la résignation en transformant la salle d’attente de Dame Ingrid en son bureau.
Ainsi donc, le bureau de l’actuel commissaire aux impôts n’est rien d’autre que ce que fut la salle d’attente de Ingrid Awadé.
Mais oui. Cette dame de fer a tellement eu à terroriser les cadres des impôts qu’aujourd’hui, M. Adoyi, bien que propulsé à la tête de ces impôts n’a toujours pas le courage de l’affronter.
Le sourire béat qu’elle a esquissé le jour la passation de services ainsi que la disponibilité de farce qu’elle a présentée, sont vraiment loin d’avoir rassuré M. Adoyi pour qu’il puisse oser l’interpeller pour un quelconque retrait des clés du bureau.
Il ne saurait d’ailleurs avoir cette audace vis-à-vis de "Maman" d’autant plus qu’il a été fabriqué de bout en bout par elle.
En somme c’est elle qui lui a donné la chance d’occuper les différents postes de directeur au sein des impôts pour finalement se retrouver éligible au poste de commissaire aux impôts aujourd’hui.
C’est donc évident qu’il doit son nouveau poste à cette dame, même si pour une large part, son militantisme dans UNIR a joué à la dernière minute, en sa faveur.
Cela dit, c’est un commissaire à la marge ralentie qui pilote aujourd’hui les impôts surtout que jusqu’à présent, les résultats de l’appel à candidatures pour le recrutement des directeurs centraux ne sont pas encore donnés.
Mais alors, comment M. Adoyi Essowavana se prendra-t-il pour avoir accès au bureau qui lui revient de droit et aux documents tenus secrets par celle qui vient de succéder ?
La question reste entière. Et ce qui paraît constant et évident, c’est que, pour longtemps encore, l’ombre de dame Ingrid va continuer à planer sur les impôts et ses cadres.