Les internautes des cinq préfectures de la région des Savanes peuvent se
mordre les doigts. Pour cause, l’état défectueux de la connexion
internet fournie par la société Togo Télécom, Togocel et Moov, dont
leurs cybers espaces ont souscrit. A l’image de ces populations, le
constat est amer quand, sur le terrain, certaines structures qui ont
basé leurs prestations sur la connexion internet sont d’ailleurs
obligées de fermer leurs portent à des heures indues. Dans ce lot, il y a
les institutions bancaires.
En effet, la désolation est plus perceptible dans la ville de Dapaong
et les autres villes de cette région de l’extrême nord du Togo, chez
les ¾ de la population qui utilisent les produits de Togo Télécom pour
booster leurs affaires et prestations. Ces populations se connectent
soit à domicile ou dans les cybers. Que ce soit à domicile, au service
ou dans ces cybers, les internautes ne sont pas du tout satisfaits de
cette connexion qui leur est offerte. Pire, dans les cybers où ils
achètent le temps pour accéder à tout réseau, les internautes sont
dégoûtés par le temps qu’il passe dans les cybers espaces. « Pour
faire une pièce jointe et envoyer une photo d’identité et un texte à mon
oncle à Atakpamé, j’ai passé plus de trois heures de temps l’après-midi
mardi dernier dans un cyber », s’est plaint un jeune électricien
rencontré. Quand à Damigou, un ressortissant de la ville de Dapaong
actuellement à Lomé, il dit avoir "failli rater un dépôt de dossier
pour un concours national l’année dernière pour la simple raison que la
demande d’un des documents qu’on devait lui envoyer via internet à
partir de ce coin , a tellement trainé et ne lui finalement parvenu qu’à
quelques minutes de la clôture du dépôt de dossier".
A l’image de nos deux interlocuteurs, nombreux sont ces internautes
des trois principaux cybers qui sont ceux de CIB/INTA, de St Paul
Multimédia et de GEME-SA de la ville de Dapaong qui se plaignent de la
mauvaise connexion. Pour l’heure de connexion qui va de 200 à 300 F cfa
selon le cyber choisi, rare sont les internautes qui peuvent dire avoir
la connexion en mode non stop. Aussi, difficile pour ces derniers de
confirmer avoir cette connexion 3 à 4 jours sur 7. Lenteur ou absence
totale de la connexion, les gérants des cybers précités se plaignent
également car, ce délestage de connexion a également des impacts sur les
recettes. Selon Francis, un des tenants de cyber, « il arrive
certains mois où mon patron, compte tenu des rentrés qui n’ont même pas
permis de couvrir le coût du forfait auquel on a souscrit auprès de Togo
Télécom n’arrive pas à me payer mon salaire ».
Après échange avec le Chef d’Agence de Togo Télécom à Dapaong,
Minguolibe Lamboni, et ses techniciens, l’on est arrivé peut conclure
que la responsabilité de cette défaillance de connexion est partagée
entre pas moins de trois structures. Il s’agit de Togo Telecom, l’Etat
et la société EBOMAF. Et entre ces trois entités, l’Etat est plus à
blâmer.
Selon les explications de nos interlocuteurs, la société EBOMAF avant
le début des travaux routiers, avait demandé aux différentes sociétés
de prendre toutes les dispositions pour déplacer tous leurs
installations et équipements. Mais pour pouvoir les déplacer, il
s’avérait indispensable que l’Etat togolais, dans ses prévisions pour
ces projets de réhabilitation des routes et autres voies, octroie un
dédommagement à chaque société comme réclamé par EBOMAF.
Pour sa part, la société Togo Télécom, n’ayant pas eu cette somme qui
pouvait lui faciliter la tâche dans le déplacement des installations, a
mis à la disposition de la société EBOMAF, Esow Magnoudéwa, son agent
de suivi permanent pour identifier les installations sur toute la voie
Tandjoaré-Cinkanssé et parvenir à les épargner ou isoler lors du passage
des engins mobilisés pour l’exécution des travaux, ou mieux encore,
procéder rapidement au recollage de celles qui seront atteintes. Mais,
malheureusement, regrette Togo Telecom, EBOMAF n’est pas souvent arrivé à
communiquer d’avance un planning pouvant guider cet agent dans son
suivi afin d’éviter les coupures de la fibre optique au cours de leurs
travaux. Ainsi, faute de ce planning clair de travail, Esow Magnoudéwa
éprouvera toutes les difficultés du monde pour contrôler leur mouvement
au quotidien. Ce n’est qu’après destruction de la fibre que parfois l’on
se contente d’informer et parfois même, non. Tout compte fait, l’on est
finalement contraint à jouer au médecin après la mort. Cette équipe
nous a également expliqué que le projet du chantier routier n’est pas
précis par rapport à son état initial. Autrement dit, le projet connait
au jour le jour, des modifications entrainant donc des perturbations au
niveau du staff de la société qui réalise les travaux routiers.
Ce sont là les explications souvent données par les techniciens, pour
justifier les différentes coupures de la fibre au cours des travaux
routiers. Des coupures qui rejaillissent directement sur le débit de la
connexion internet dans la région des Savanes. Tout compte fait, il
revient à l’Etat de jouer sa partition dans la réhabilitation de ces
axes routiers afin de permettre à la société EBOMAF d’éviter certains
dégâts matériels qui affectent sérieusement l’harmonie au sein des
communautés traversées. Ces dégâts qui créent des difficultés aux
populations de l’extrême Nord du Togo, vont de la coupure de la fibre
optique, à celle des tuyaux d’eau de la TdE (Togolaise des eaux) et à
celle des installations de l’énergie électrique.
La connexion occupe de nos jours une place importante dans l’exercice
de toute activité, et si cette connexion demeure défectueuse comme
c’est actuellement le cas dans la région des Savanes, la question de
plus d’uns est de savoir jusqu’à quand le vrai décollage de cette
région. Ceci, lorsqu’on sait que l’internet ou la communication
constitue aujourd’hui la voie royale qui induit le développement.