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Dr Geroges-William Kuessan : « Si l’opposition était unie, on aurait pu avoir 40 à 45 sièges et avoir une minorité de blocage »
Publié le lundi 19 aout 2013  |  AfreePress


© Autre presse par DR
Dr Geroges-William Kuessan


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Trois semaines après les élections législatives du 25 juillet, l’heure du bilan a sonné pour les formations politiques ayant aligné des candidats sur des listes. Depuis la fin de ces élections, les leaders des partis politiques de l’opposition ne se privent pas de ce plaisir en revenant abondamment sur ce qui n’a pas fonctionné dans la machine de l’opposition. Dr Georges-William Kuessan du parti Santé du peuple livre dans cette interview accordée à Afreepress, ses analyses d’après élections tout en proposant à ses pairs de l’opposition, des stratégies destinées, selon lui, à permettre à cette classe politique de faire mieux lors des échéances à venir.

Afreepress : Bonjour Dr Georges-William Kuessan, quel bilan dressez-vous après les élections passées ?

Dr Georges-William Kuessan : En ce qui concerne l’opposition de façon générale, le résultat été très décevant. L’opposition s’en est sortie avec 25 députés contre 62 pour le parti au pouvoir soit une différence de 35 sièges. Je pense que c’est assez sérieux et l’opposition doit prendre le temps de réfléchir à tout cela. Donc le bilan est largement négatif au niveau de l’opposition. Je pense qu’il est vraiment temps qu’on pense à mettre sur pied une stratégie gagnante au sein de l’opposition et aller à la conquête du pouvoir en 2015.

Il y a eu beaucoup de tergiversations et de problèmes au sein de l’opposition avant cette élection. À voir seulement le chiffre des abstentions, on comprend aisément. Je pense qu’il faudrait que l’on aille vers une union de l’opposition parce que lorsque vous faites bien les calculs vous voyez que si l’opposition était unie, en dehors de la dynamique que cela aurait créée on aurait pu avoir 40 à 45 sièges et avoir une minorité de blocage.

Afreepress : Quels sont selon vous les principaux facteurs de cette débâcle ?

Dr Georges-William Kuessan : Je partirais des éléments qui ont conduit à cette défaite. D’abord l’abstention. Pour qu’il y ait abstention, il faut trois éléments de façon générale. Le premier c’est que les gens qui doivent aller voter doivent comprendre la réelle mesure de ce qu’ils vont aller faire c'est-à-dire l’importance réelle de ce qu’ils vont faire. Ceci découle de la sensibilisation et l’opposition n’a pas eu vraiment le temps d’aller sensibiliser ses partisans. Vous avez vu tout ce qui s’est passé avec le CST, on est resté cantonné surtout à Lomé et donc à l’intérieur on n’a pas fait un travail de sensibilisation. Il y a d’abord cela.

L’abstention peut aussi tirer ses sources de la déception. Depuis les années quatre-vingt-dix, les Togolais sont assoiffés de changement. On n’avait cru que cela viendrait comme une lettre à la poste, mais progressivement on a constaté qu’on s’était trompé et donc les Togolais étaient déçus. On pouvait essayer de circonscrire cette déception en créant une dynamique et cette dynamique devait venir de l’union de cette opposition. Jusqu’à la dernière minute tout le monde y avait cru, mais on n’a pas pu avoir cette union et cela a joué à enfermer les populations dans cette position de déception.

Il y a aussi ce que j’appelle le phénomène d’inhibition, car lorsque nous passons tout notre temps à dire à la population que nous n’irons pas aux élections, cette population l’enregistre et à un moment donné lorsque nous changeons de langage et nous disons subitement que nous irons, nous perdons forcement des voix parce que tout le monde ne suit pas spontanément ce changement brutal. C’est au niveau de l’abstention.

En dehors de cela, il ya également le problème d’achat de conscience. Depuis 1990, nous parlons de ce problème d’achat de conscience jusqu’à ce jour. Mais nous savons aussi que le Code électoral dit à son article 143 que pour qu’on invalide un scrutin, il faut non seulement apporter les preuves qu’il y a eu des irrégularités, mais aussi établir que ces irrégularités ont eu à agir de façon substantielle sur les résultats et c’est ce qui est souvent difficile. Nous pouvons toujours dans la gestion des contentieux et dans la planification des recours avoir la preuve qu’il y a eu des irrégularités, mais il nous sera souvent difficile d’apporter des preuves que ces irrégularités ont pu substantiellement changer les donnes. C’est pour cela que l’opposition doit tout faire pour empêcher le phénomène d’achat des consciences en amont et je pense que cela ne peut provenir que de la réflexion de tout le monde à se mettre ensemble. Nous devons chercher à empêcher le phénomène d’achat de conscience en amont parce qu’en aval il sera difficile de le faire.

Il y a le problème de découpage électoral. Lorsque vous prenez la région Maritime avec près de 1 400 000 voix, la région Maritime a 25 sièges contre 25 sièges également pour la région des Plateaux qui a 662 000 voix. Si vous prenez par exemple la circonscription du Grand Lomé avec 882 000, on a 10 sièges alors que toute la région des Savanes qui fait 347 000 voix se retrouve avec 12 députés. La région de la Kara fait 388 000 voix avec 17 députés contre 10 députés pour le Grand Lomé qui a 882 000 voix.

Je pense que ce sont des éléments qui ont pu intervenir dans cet échec de l’opposition.

Afreepress : Bientôt la formation du gouvernement. Peut-on s’attendre à la participation de votre parti Santé du peuple au prochain gouvernement ?

Dr Georges-William Kuessan : J’ai toujours dit qu’un parti politique qui veut grandir doit nécessairement participer à la chose publique et aujourd’hui il n’y a pas d’autres moyens de participer à cette chose publique que d’aller composer avec le parti au pouvoir qui a aujourd’hui les appareils de l’État. Mais le parti Santé du peuple n’ira pas dans un gouvernement s’il n’y a pas l’opposition parlementaire. Pour quoi ? Pour deux raisons.

La première raison c’est parce que nous avons toujours prôné la solidarité au sein de l’opposition. Nous estimons que seule la solidarité fera notre force. Si nous ne sommes pas solidaires, nous ne serons pas forts au sein de l’opposition. C’est par la solidarité que nous nous ferons respecter par le parti au pouvoir.

La deuxième chose relève d’une question : que pourra changer le parti Santé du peuple seul dans un gouvernement UNIR ? Rien, il ne suffit donc pas d’aller au gouvernement. Il faut aller au gouvernement avec un objectif, une idéologie avec l’idée d’aller changer quelque chose ou d’apporter quelque chose.


Propos recueillis par Olivier A.

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