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Rapport d’événement : Repenser la coopération au développement avec l’Afrique à la lumière des crises mondiales (JICA)

Publié le vendredi 30 septembre 2022  |  JICA
TICAD
© Autre presse par Parlement du Togo
TICAD 8: Le Togo intervient sur la thématique du renforcement de la paix et de la stabilité en Afrique.
Tunis, les 27 et 28 aout 2022. Huitième édition de la TICAD (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique). Le Togo intervient sur la thématique du renforcement de la paix et de la stabilité en Afrique. Faure Gnassingbé représenté par Chantal D. Tsegan.
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Le 6 juillet à Paris, la JICA (Agence japonaise de coopération internationale) a réuni un groupe d'éminents spécialistes et acteurs du développement pour discuter d'une question importante : la coopération au développement avec l'Afrique ne devrait-elle pas être repensée à la lumière des crises mondiales telles que la pandémie de COVID-19, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l'énergie suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, et l'urgence climatique mondiale ?


Notre panel d'experts - représentant la Banque africaine de développement (BAD), l'Agence française de développement (AFD), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l'Université de Columbia et la JICA a répondu clairement par l'affirmative. Ils ont notamment convenu que trois concepts doivent être au cœur des initiatives de développement : la résilience, l'appropriation locale et la solidarité régionale.
Au début de l'événement, M. IHARA Junichi, ambassadeur du Japon en France, s'est adressé à l'assistance en soulignant le rôle crucial que joue la TICAD dans le monde. «Le développement de l'Afrique est essentiel pour la stabilité et la prospérité globales», a-t-il affirmé. «Grâce à la coopération ‘'axée sur les personnes'', le soutien à l'appropriation locale et l'utilisation de l'expérience japonaise - ses trois piliers principaux - l'approche de la JICA correspond parfaitement à l'esprit de la TICAD».

Donnant le ton de la discussion de la soirée, l'ambassadeur M. Ihara a insisté sur l'importance de l'appropriation africaine et du partenariat international pour obtenir des résultats positifs durables et renforcer la résilience en Afrique.

L'ambassadeur M. Ihara a ensuite donné la parole au président de la JICA, M. TANAKA Akihiko, qui s'est exprimé par vidéo. M. Tanaka a d'emblée mis en avant les trois concepts selon lui fondamentaux pour l'avenir de l'Afrique : la résilience, le développement et la solidarité. « Nous ne pouvons ni éviter les crises futures ni prédire quand elles surviendront. Toutefois, nous pouvons mieux les anticiper en renforçant notre capacité à résister aux chocs extérieurs, à atténuer les dommages et à reconstruire en mieux. » Il a ensuite expliqué l'importance de la sécurité humaine, qui permet à chacun de vivre dans la dignité, à l'abri de la peur et du besoin. Puis, il a conclu que ces objectifs pourraient être atteints en favorisant l'autonomisation des individus, des organisations et des sociétés, afin que les gens puissent non seulement survivre aux crises, mais aussi en sortir plus forts qu'auparavant.

En ouvrant le débat, Mme Ragnheiður Elín Árnadóttir, directrice du Centre de développement de l'OCDE, a mis l'accent sur la nécessité de promouvoir le développement de chaînes de valeur plus fortes en Afrique afin de stimuler la transformation de la production et donc la résilience, notamment à travers l'Observatoire de l'investissement en Afrique (AfIO pour African Investment Observatory) de l'Union africaine et de l'OCDE. La directrice Mme Árnadóttir a rappelé l'importance de travailler ensemble avec les pays africains vers une transition énergétique équitable et verte. Elle a évoqué l'appel par le président Macky Sall, ainsi que par l'AUDA-NEPAD pour identifier de nouvelles formes de partenariats internationaux d'égal à égal dans les contextes africains, que le Centre de développement appuie, notamment à travers les efforts de Développement en transition. Mme Árnadóttir a salué l'opportunité offerte par la JICA de discuter de ces questions.


Mme Yacine Fal, vice-présidente par intérim chargée du développement régional, de l'intégration et de la prestation de services à la BAD, a averti que la pandémie menaçait de compromettre toute une décennie de croissance économique en Afrique. À cause de la pandémie, le PIB combiné du continent a connu sa plus forte baisse en 20 ans : une perte d'environ 165 milliards de dollars US et de plus de 30 millions d'emplois, avec 26 millions de personnes tombant dans l'extrême pauvreté. Alors que le continent commençait à se remettre difficilement de la pandémie sur le plan économique, une crise alimentaire se préparait.

Elle a rappelé que la crise avait forcé les partenaires de développement à augmenter l'aide d'urgence en réponse aux besoins des pays africains. La BAD, par exemple, a mis en place une aide de 1,5 milliard de dollars US pour améliorer la production alimentaire, promouvoir la sécurité alimentaire et soutenir les pays confrontés à des pénuries alimentaires.

Toutefois, Mme Fal a ajouté qu'il était important de ne pas perdre de vue les objectifs à long terme. En effet, favoriser l'intégration régionale dans les chaînes d'approvisionnement, les systèmes financiers et autres infrastructures économiques permettrait de renforcer la résilience face à de futures perturbations. Cette approche nécessitera des partenariats solides entre les agences de développement et le secteur privé, incluant les petites et moyennes entreprises (PME).

«Ces priorités sont partagées par la BAD et le Japon», a-t-elle précisé. «Une grande partie de notre partenariat avec le Japon est basée sur le soutien au développement du secteur privé».


M. Jean-Marie Guéhenno, directeur du programme de leadership mondial Kent sur la résolution des conflits à l'École des affaires internationales et publiques (SIPA pour School of International and Public Affairs) de l'Université de Columbia, a remarqué que les crises mettaient souvent à l'épreuve le soutien des sociétés à la paix et aux institutions civiques. Selon lui, pour prévenir les conflits, les partenariats de développement devraient s'efforcer de maintenir intactes les fondations sociales de la paix, tout en œuvrant au renforcement de la résilience à long terme.

Dans le domaine du maintien de la paix, M. Guéhenno a affirmé qu'il était essentiel que les organisations internationales veillent à ce que les partenaires locaux restent au centre des opérations conjointes.

«Trop souvent nous nous substituons plutôt que de soutenir», a-t-il observé. «Cela crée ce que j'ai souvent appelé le piège du maintien de la paix car si la communauté internationale se retire, tout peut s'écrouler».

Mme Sarah Poole, directrice régionale et administratrice adjointe du PNUD, a déclaré que le renforcement de la résilience climatique en Afrique, y compris dans 8 pays d'Afrique du Nord et de la Corne de l'Afrique dans la région des États arabes, était une priorité absolue pour son organisation. Les températures dans cette région grimpent plus rapidement que la moyenne globale et plus de 40 % de la population est déjà exposée à la sécheresse et à d'autres catastrophes dues au changement climatique.

Mme Poole a prévenu que la diversification économique et les investissements dans des sources d'énergie alternative seraient des facteurs déterminants dans le redressement post-Covid et le renforcement de la résilience climatique. Garantir l'accès universel à l'énergie en Afrique nécessitera plus de 1,5 billion de dollars US en investissements entre 2018 et 2050.

«Comme nous le savons, les financements publics seuls, ne suffiront pas», a-t-elle martelé, mettant l'accent sur le besoin de nouveaux arrangements financiers et de partenariats entre les secteurs public et privé.

Mme Poole a également insisté sur l'importance de promouvoir une croissance inclusive pour la progression du développement africain, soulignant que les impacts de la pandémie de Covid-19 et les récents chocs extérieurs avaient intensifié l'inégalité économique préexistante, ce qui avait gravement affecté la vie des gens, notamment des femmes et des groupes vulnérables, sur l'ensemble du continent.

Le PNUD a lancé plusieurs initiatives dans le cadre du programme «Ne laisser personne de côté» et a aussi promu la sécurité humaine sur le terrain pour résoudre les problèmes d'inégalités et de vulnérabilités, par exemple en élargissant le système de protection sociale et en favorisant l'autonomisation des jeunes entrepreneurs et des femmes entrepreneurs.


M. Rémy Rioux, directeur général de l'Agence française de développement (AFD), a affirmé que la coopération croissante entre les institutions financières publiques et privées était favorable au développement de l'Afrique, et que davantage devait être fait pour aller «au-delà de l'APD» au sens traditionnel du terme.

«La philosophie de l'APD consiste réellement à ne laisser personne de côté et nous avons besoin d'une capacité de financement des investissements durables largement accrue», a-t-il précisé.

M. Rioux a ajouté que le renforcement des institutions dans les pays partenaires devrait être aussi important pour les organismes d'aide que les projets individuels.

«À l'heure actuelle», a-t-il poursuivi, «nous sommes davantage axés sur des impacts mesurables dont nous devons rendre compte que sur la mise en place patiente et à long terme d'institutions qui seraient ensuite capables de fournir des solutions locales». Changer cela, a-t-il conclu, nécessiterait «de retrouver le goût du risque».

M. KATO Ryuichi, vice-président de l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA), a affirmé que la promotion de l'appropriation africaine avait été essentielle pour la réussite des projets soutenus par la JICA, tels que la Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique (CARD), qui a permis, en une décennie, de doubler la production de riz en Afrique subsaharienne et contribue à atténuer l'impact de la crise alimentaire suite à la guerre en Ukraine.


En plus des intervenants présents ce soir-là, un message vidéo a été envoyé par le Dr Ibrahim Assane Mayaki, ancien secrétaire exécutif de l'Agence de développement de l'Union africaine, qui a souligné le besoin de solutions innovantes, mais ancrées localement, pour remédier aux crises auxquelles l'Afrique est confrontée. « Il est nécessaire que l'Afrique ait des priorités établies en fonction des capacités de chaque région, » a-t-il déclaré, « il faut donc mettre en place des politiques localisées pour combattre les inégalités régionales. » Il a réaffirmé l'importance significative du processus de la TICAD et ses divers partenariats, pour renforcer la résilience de l'Afrique à travers l'appropriation africaine.

L'appropriation africaine sera un thème majeur de la TICAD8, qui se tiendra en août en Tunisie. M. Kato a indiqué que cette idée allait de pair avec le concept de sécurité humaine, le principe de développement axé sur les personnes qui guide le travail de la JICA. Il a souligné que les initiatives de développement efficaces devaient encourager les talents individuels, les capacités industrielles nationales et les réseaux régionaux, autant dans le secteur privé que public.

« La clé du développement axé sur les personnes est une autonomisation à tous les niveaux, » a poursuivi M. Kato, «en commençant par les individus, les organisations et les sociétés».

Mme Árnadóttir a conclu en ajoutant que, tel que mentionné par les intervenants, la mise à jour et l'adaptation de la coopération au développement afin d'appuyer les transitions et les transformations multidimensionnelles d'aujourd'hui qui affectent l'Afrique, sont cruciales. Elle a souhaité que cet événement soit le premier de nombreuses discussions sur l'actualisation de la coopération internationale et des partenariats avec l'Afrique. Elle a encouragé les participants à assister à la TICAD8, ainsi qu'à un événement co-organisé par l'AUDA-NEPAD, en collaboration avec l'Université de Columbia, l'UNECA et le Centre de développement sur ce même thème, juste après l'Assemblée générale des Nations unies (21 septembre).
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