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Burkina Faso: A qui profite le coup ou la franche rigolade sous les kékés

Publié le lundi 3 octobre 2022  |  Lignes de Défense
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© Autre presse par DR
Un véhicule militaire devant la télévision nationale du Burkina Faso (RTB)
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Bref rappel avant toute chose:

- dans la soirée du 30 septembre, après une journée de tirs dans le quartier présidentiel, une quinzaine de soldats annoncent que le président, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba au pouvoir depuis le 24 janvier, est renversé au profit du capitaine Ibrahim Traoré (photo Reuters ci-dessus). Les putschistes décident la fermeture des frontières, la suspension de la Constitution, la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée de transition. Un couvre-feu est instauré.
- le 1er octobre, l’armée annonce ne pas reconnaître le coup d’Etat, Damiba appelle les putschistes à "revenir " à la raison. Les putschistes accusent la France d’aider Damiba, Paris dément. Des manifestants s’en prennent à des intérêts français, dont l’ambassade.
- le 2 octobre, Damiba accepte de démissionner, à condition que Traoré respecte un retour des civils au pouvoir d’ici deux ans. Le couvre-feu est levé et les frontières rouvertes.

A qui profite le nouveau putsch?

- aux Burkinabé? Malheureusement, non. Le peuple des villes a manifesté sa colère, trouvant un bouc-émissaire en la personne de la France. Et après? Si tout putsch débouchait sur une élévation du niveau de vie, sur un règlement des conflits politiques, sur une vraie concorde nationale pour faire face aux crises, ça se saurait... Le Burkina compte parmi les pays les plus pauvres au monde (il est classé 184e sur 191 par le Pnud en 2021). Quelque 2,3 millions de personnes sont menacées par la crise alimentaire, un chiffre qui pourrait approcher les 3,5 millions pendant la période de soudure entre les récoltes, selon un rapport du ministère de l’Agriculture publié en mars. Et la situation pourrait bien ne pas s’améliorer de si tôt.
- aux militaires burkinabé? A quelques-uns mais à pas à l’Institution militaire... Le capitaine Traoré a annoncé avoir reçu le soutien des différents chefs de l’armée en vue de "redynamiser" la lutte anti-jihadiste. Il en faudra plus pour que l’armée retrouve un peu d’unité et que pour que s’estompent les rivalités et ambitions personnelles. La "crise interne" n’est pas finie et de nouveaux revers des forces nationales sont à craindre.

- aux Russes (photo AFP ci-dessus)? Peut-être. Mais ce n’est pas le nombre de drapeaux russes brandis dans les rues qui doit servir d’étalon. Un coup sous influence russe?; comme le titre ce lundi Libération. C’est très probable du fait l’activisme de longue date de certains relais locaux de la Russie (on pense à Anna Ratchina Coulibaly qui fait fonction de consule honoraire générale de la Fédération de Russie dans le pays depuis 17 ans) et des offres de service récentes de la COSI en janvier dernier.
- aux djihadistes? Incontestablement, les GAT sont ceux qui vont bénéficier de cette nouvelle pitoyable étape. Depuis 2015, le Burkina Faso est le théâtre d’attaques perpétrés par des groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda ou à l’Etat islamique. Chaque semaine, les populations font les frais de leurs exactions. Chaque semaine, l’armée nationale subit de nouveaux revers. Désormais, ça doit être la franche rigolade sous les kékés. Et ce n’est ni Wagner ni la COSI qui vont effrayer les GAT.
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