"Il n’y a pas à condamner; en tout cas, pour nous, notre posture ne nous permet pas de condamner ou d’apprécier", a réagi lors d’un entretien lundi avec l’AFP à Paris M. Diallo, également ministre guinéen de la Poste, des Télécommunications et de l’Economie numérique, et dont le gouvernement est arrivé au pouvoir après un coup d’Etat.
"Il s’agit de dire que le mal dont souffre le Burkina n’a pas encore trouvé de remède, par la Cédéao ou par tous ceux qui s’intéressent à cette question", a-t-il ajouté, jugeant qu’il fallait "d’abord écouter les Burkinabè, qu’ils posent leurs problèmes sur la table et qu’on essaie de les accompagner à trouver des solutions qui répondent à leurs préoccupations".
"Si on veut encadrer la transition au Burkina (uniquement) par des questions de principe en disant que les coups d’Etat sont condamnables et qu’il faut les limiter dans la durée, sans apporter de solutions aux causes de ces crises, alors on prend le risque que ça se répète", a-t-il jugé.
Le chef de la junte au pouvoir au Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui refusait sa destitution annoncée vendredi soir par un jeune capitaine, Ibrahim Traoré, a finalement accepté de démissionner dimanche après deux jours de tensions marquées par des manifestations antifrançaises.
Son départ était réclamé à Ouagadougou par des centaines de manifestants favorables au capitaine Traoré, 34 ans, qui a promis de respecter les engagements pris par son prédécesseur à l’égard de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) sur l’organisation d’élections et un retour de civils au pouvoir au plus tard en juillet 2024. Le lieutenant-colonel Damiba était arrivé au pouvoir le 24 janvier par un coup d’Etat ayant renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d’inefficacité dans la lutte contre les violences jihadistes.
"La question de la sécurité, de l’intégrité du territoire et de la lutte contre le terrorisme sont des questions qui finalement structurent toutes les crises qui s’écoulent au Burkina, et donc il faut apporter des réponses à cela, qui peuvent être appuyées par la Cédéao et par la communauté internationale, pour permettre aux Burkinabè de retrouver une vie plus stable", a réagi le ministre guinéen. La Guinée est dirigée par une junte militaire depuis un coup d’Etat en septembre 2021, qui a renversé le président Alpha Conde au pouvoir depuis dix ans.
"La question du Burkina n’est pas la même chose que celle du Mali, et c’est encore moins celle de la Guinée; à chaque pays, ses spécificités, son contexte", a martelé le ministre, à la question de savoir si son gouvernement craignait en Guinée un scénario du même type qu’au Burkina.