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Gayle Smith : « En Afrique, les États-Unis n’ont pas pour seul objectif de contrer la Chine et la Russie »

Publié le dimanche 23 octobre 2022  |  RFI
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© aLome.com par Edem Gadegbeku et Jacques Tchakou
Vue du centre-ville de Lomé
Lomé, le 02 mai 2018. Vue du centre-ville de Lomé depuis un immeuble.
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Ancienne conseillère sur les questions liées à l’Afrique de plusieurs présidents américains, Gayle Smith est aujourd’hui la présidente de l’ONG ONE. Pour Jeune Afrique, elle revient sur plusieurs grands défis auquel est confronté le continent.

L’ACTU VUE PAR – L’Afrique n’a jamais vraiment quitté Gayle Smith. À la tête de l’ONG humanitaire ONE depuis 2017, cette ancienne conseillère des présidents Obama et Clinton sur les questions internationales a découvert le continent dans les années 1980, en tant que journaliste. Elle a notamment dirigé la cellule des affaires africaines au sein du Conseil national de sécurité des États-Unis, de 1998 à 2001.

D’avril à novembre 2021, elle met temporairement ses activités chez ONE entre parenthèses, après avoir été choisie par l’administration Biden pour piloter la coopération sanitaire internationale de Washington face à la recrudescence de l’épidémie de Covid-19 liée au variant Omicron.

Aujourd’hui fortement investie dans les thématiques de développement, elle revient sur plusieurs enjeux actuels auxquels est confronté le continent.

Jeune Afrique : Le 8 août, les États-Unis ont présenté leur nouvelle stratégie en Afrique, qui vise notamment à « contrer l’influence de la Russie et de la Chine ». Compte tenu du retard accumulé, n’est-il pas déjà trop tard ?

Gayle Smith : Tout d’abord, la diplomatie américaine en Afrique n’a pas pour seul objectif de contrer la Chine et la Russie. Les liens forts qui nous unissaient déjà du temps où j’exerçais sous la présidence Clinton n’ont fait que se renforcer depuis. Les États-Unis ont des intérêts clairs en Afrique, et il est très important de poursuivre cette collaboration, en particulier dans le domaine des investissements. Je ne pense pas qu’il soit trop tard, même si beaucoup de choses restent à faire.

Les États-Unis ont toujours eu de bonnes relations avec l’Union africaine, ainsi qu’avec l’Afrique dans son ensemble. Le passé fait que nous partageons une longue histoire avec le Nigeria, le Kenya ou encore l’Afrique du sud. Il y a très peu de pays dont on pourrait dire que les relations avec Washington sont mauvaises, car l’engagement américain sur le continent est global.

Dans ce contexte, qu’attendre du sommet américano-africain prévu le 13 décembre à Washington ?

Je ne peux pas vous dire ce qu’il va se passer, mais je peux vous dire ce que j’aimerais voir se concrétiser. Je souhaite que cet évènement marque un véritable approfondissement de notre relation et de notre coopération sur les grands enjeux mondiaux, en mettant l’accent sur les problèmes économiques.

Le continent a été frappé par des crises successives, liées à la pandémie de Covid-19 puis à la guerre en Ukraine, et fait maintenant face à une flambée des prix de l’énergie et de l’alimentation.

Beaucoup de pays africains n’étaient pas aussi préparés pour affronter ces difficultés que pouvaient l’être les États-Unis ou la France. J’espère donc que cet évènement permettra d’aborder le sujet de la dette, de l’inflation, sans oublier les sujets multilatéraux de développement économique entre les acteurs privés et publics. Ce sommet constituera un tournant pour les États-Unis, et j’espère que les leaders africains viendront nombreux pour exprimer leurs positions et partager leurs aspirations.

Alors que plusieurs régions du monde sont confrontées à une recrudescence de cas de contamination de Covid-19, avons-nous tiré les enseignements des deux dernières années en la matière ? Où en est l’Afrique dans sa capacité à produire ses propres vaccins ?
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