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Quand les actes de la mère du chef de l’Etat confirment les fuites de capitaux révélées par l’ONG américaine GFI et les propos de son fils
Publié le mardi 4 mars 2014  |  Liberté hebdo


© AFP
Le président togolais Faure Gnassingbé en visite officielle en France
Le président togolais Faure Gnassingbé avec le président François Hollande


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Début octobre 2013, une
information faisant état du vol de plus d’un milliard de FCFA au
domicile de Sabine Mensah, mère de Faure Gnassingbé a circulé. Plus de
cinq mois après, l’avocat des personnes arrêtées dans cette affaire lève
un coin du voile et parle plutôt de plus de 3 milliards de FCFA. Alors
qu’en décembre 2013, un rapport ô combien accablant de Global Financial
Integrity (GFI) affirme qu’entre 2005, année de la captation du pouvoir
par Faure Gnassingbé, fils de Sabine Mensah et 2011, les fuites de
capitaux au Togo ont culminé pour atteindre en sept ans de règne, 8.827
milliards de FCFA. Mieux, la veille de la fête de l’indépendance du
pays, le fils de la mère affirmait qu’ « une minorité accapare les
richesses du pays ». N’est-on pas tenté de dire que le ver est dans le
fruit, mais que c’est la politique du « deux poids deux mesures » qui
gouverne au Togo ?
Il y a quelques années, des commerçants
ayant légalement déclaré les fonds qu’ils devraient utiliser pour
effectuer des achats à l’extérieur, s’en sont vu déposséder. A ce jour,
les autorités n’ont pas encore remboursé l’intégralité de cet argent aux
ayants droit. Cette situation n’a jamais troublé le sommeil de
Bernadette Légzim-Balouki, ministre du Commerce censée garantir les
intérêts des commerçants. En octobre, on apprend que Sabine Mensah, mère
du chef de l’Etat Faure Gnassingbé, aurait été victime d’un vol dont
l’estimation dépasserait le milliard de FCFA. Et depuis la survenue de
l’« épi-événement » –les autorités ayant sciemment oublié d’en
parler sur les médias publics-, les supposés coupables étaient gardés
dans les locaux de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ)
pendant quatre mois avant d’être déférés le mardi 18 février dernier
lors de la visite au Togo de la Haut-commissaire ajointe des Nations
unies aux droits de l’homme, Mme Flavia Pansieri. Mais la semaine
dernière, la partie invisible de l’iceberg a émergé, car ce ne sont pas
en réalité plus d’un milliard qui ont disparu, mais plus de 3 milliards
des coffres de la mère de Faure Gnassingbé.
Profession de Mme Sabine Mensah : mère
du chef de l’Etat Faure Gnassingbé. Compte en banques : indéterminé.
Liquidités à domicile : plus de 3 milliards. Et pourtant … Jusqu’à
preuve du contraire, on ne connaît pas d’activité génératrice de revenus
à laquelle s’adonne la mère du chef de l’Etat togolais. La seule
activité officielle qu’on lui connaît est d’être la mère de Faure
Gnassingbé, et c’est tout ! Mais c’est à son domicile que cet argent
aurait été dérobé. L’interrogation ne concerne pas la procédure utilisée
par les vrais coupables pour accéder au butin ; nous laissons ce
travail aux super enquêteurs du pays. Ni l’usage et la destination du
butin subtilisé. Mais c’est le ratio argent liquide / compte en banques
qui intéresse. Si cette dame qui doit certainement disposer de passeport
diplomatique pour pouvoir fouler les sols des pays de son choix, peut
disposer d’autant d’argent liquide à domicile, de combien ses comptes de
par le monde, doivent-ils être garnis ?
En début d’année, les autorités ont dit
avoir augmenté le budget de l’exercice 2014 de 19,2% pour le porter à
832,7 milliards de FCFA. Des esprits retors s’étaient réjouis de cette
« performance ». Mais les chiffres produits par l’ONG américaine
GFI trois ans avant la prise de pouvoir par Faure Gnassingbé jusqu’en
2011 donnent le tournis et laissent à penser que les fonds illicites
n’ont connu de périodes glorieuses que sous le règne de ce dernier. De
2006 à 2010, les transferts illicites annuels de fonds ont de loin
dépassé le budget le plus osé des autorités, celui de 2014. Ainsi, ce
sont 1,692 milliard USD en 2006, 2,884 milliards USD en 2007, 4,471
milliards USD en 2008, 4,250 milliards USD en 2009, 2,385 milliards
USD en 2010, soit respectivement 846 milliards de FCFA, 1.442 milliards,
2.235,5 milliards, 2.125 milliards et 1.192,5 milliards de FCFA qui ont
emprunté des voies détournées dans ou hors du pays. Au total, ce sont
plus de 8.827 milliards de FCFA qui ont été soustraits au contrôle du
Trésor public en sept ans de règne de Faure Gnassingbé. La déclaration
des fonds effectivement soustraits au domicile de la mère du chef de
l’Etat togolais vient donner du grain à moudre…au propos de Faure
Gnassingbé.
En effet, la veille de la fête de
l’indépendance le 17 avril 2013, le chef de l’Etat a avoué que seule une
minorité de personnes accaparent les richesses du pays. Loïk Le
Floch-Prigent vient aussi de confirmer sur Rfi les détournements qui ont
cours dans le pays. Les autorités togolaises, très « tatillonnes »
lorsqu’il s’agit des biens mal acquis par des citoyens lambda, se
seraient-elles tues si les fonds volés l’avaient été au domicile d’un « simple Togolais » ?
Les commerçants qui partaient faire des achats à l’extérieur, avaient
déclaré leur argent. Et pourtant, ils en ont été dépossédés. Parce qu’en
leur sein, il n’y avait pas de Sabine Mensah. Les proches du chef de
l’Etat ne se résument pas à la seule personne de sa mère et si on
devrait faire la somme de la « petite partie » dérobée chez sa
mère avec toutes les petites parties qui se trouvent sur les comptes de
ses proches, on comprend que Faure Gnassingbé ait du pain sur la
planche. Et on comprend que les chiffres publiés par l’ONG américaine ne
soient pas commentés par ceux qui y trouvent leur compte.
Sans être devin, il est certain que les
dirigeants du Ghana ou du Bénin auraient demandé des enquêtes sur la
provenance de ces milliards qu’on aurait volés au domicile de la mère du
chef de l’Etat. Puisque que dans ces pays, elle a pris de l’avance, la
démocratie. Il n’y a que dans les autocraties que l’existence de fonds
anormaux au domicile de la mère d’un chef d’Etat reste un sujet tabou et
sensible. Et notre pays le Togo en fait partie, malheureusement. Mais
est-ce encore pour longtemps ? Là est l’essentielle des interrogations.
Aux dernières nouvelles, la Haute
commissaire adjointe aux Droits de l’Homme en visite aux prévenus à la
prison civile de Lomé, a insisté sur la tenue rapide du procès afin que
la mère du chef de l’Etat prouve la provenance des fonds qu’elle stocke à
son domicile. Des révélations en perspective donc.
Abbé Faria
LIBERTE HEBDO

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