Togo - Le Président de la République, Faure Gnassingbé a invité Jean-Pierre Fabre, le président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) pour une rencontre ce mercredi 5 mars 2014 au Palais de la Présidence. Cette invitation fait suite à la demande d’audience sollicitée le 28 février dernier par le leader de l’ANC pour évoquer les réformes politiques. Selon nos informations, monsieur Fabre aurait décliné la proposition du Chef de l’Etat.
Début février, l’ancien lieutenant de Gilchrist Olympio avait adressé un courrier au Président de la République, demandant l’ouverture d’un dialogue en vue de discuter des réformes politiques. Le 25 du même mois, Faure Gnassingbé lui avait répondu, estimant que la consolidation de la démocratie dans notre pays exigeait que chaque institution joue pleinement son rôle. Relevant que le peuple togolais a l’avantage de disposer d’une Assemblée nationale où les principaux courants politiques sont représentés, il a indiqué que le cadre le plus approprié pour débattre utilement des réformes envisagées restait le Parlement, conformément à l’esprit de l’Accord Politique global.
Le 28, Jean-Pierre Fabre renvoie une nouvelle correspondance au Président de la République. Après avoir pris acte de la réponse présidentielle à sa requête précédente, il a sollicité une audience, « afin de discuter de vive voix (….) des différentes modalités à mettre en œuvre pour aboutir, dans les meilleurs délais, à l’adoption des réformes », et « pour un apaisement du climat socio-politique nécessaire à la réconciliation dans notre pays. »
De sources concordantes, les services de protocole de la présidence auraient, sur instructions du Chef de l’Etat, joint le leader de la formation orange pour lui proposer un rendez-vous avec Faure Gnassingbé, ce mercredi soit à 8 heures ou alors à 14h30, selon sa convenance. Après avoir exprimé son étonnement face à la promptitude avec laquelle l’audience lui avait été accordée, affirmant ne pas s’attendre à une réponse aussi rapide, monsieur Fabre a décliné finalement l’invitation, évoquant son manque de disponibilité et la nécessité pour lui de préparer le rendez-vous.
DANS SON HABIT DE CHEF DE FILE DE L’OPPOSITION.
Avec ce nouvel courrier, Jean-Pierre Fabre affirme encore plus clairement son statut de Chef de file de l’opposition, que lui ont conféré les urnes et que lui reconnaissent les textes. D’ailleurs, contrairement à la première lettre dans laquelle il se présentait simplement comme le président national de l’ANC, celle-ci spécifie bien l’auteur comme « Che de file de l’opposition. » Au surplus, monsieur Fabre écrit dans sa missive solliciter l’audience auprès du Président de la République « au nom de l’opposition.» Tout ceci confirme que ces sorties du président de l’ANC sont destinées avant tout à ses pairs de l’opposition, qui continuent à alimenter le débat sur les états-généraux et surtout celui sur la candidature unique. Le message de Jean-Pierre Fabre est désormais clair : « je suis et j’assume mon statut de leader de l’opposition. Je suis le principal interlocuteur du Président de la République avec lequel je veux engager les discussions sur les réformes. C’est donc autour de moi que doit se faire, le cas échéant, l’union de l’opposition. » Pas sûr que ses amis en fassent la même lecture et s’effacent devant cette posture. D’autant plus qu’en déclinant l’audience de mercredi alors qu’il en était le demandeur, il confirme ce que les autres lui reprochent souvent : son incapacité à se mettre dans la peau d’un homme d’Etat et à en poser les actes, même les plus basiques. Du côté de la présidence, si on manifeste beaucoup de surprise face à l’attitude de monsieur Fabre « qui souhaiterait ainsi dicter au Président son agenda à lui », on rappelle tout de même que les portes de Faure Gnassingbé resteront toujours ouvertes lorsqu’il s’agit de parler du Togo.