BAD/16è reconstitution des ressources du Fonds africain de développement: Une hausse de 14,24 % par rapport au FAD-15 et ses 7,4 milliards de dollars (A. Adesina)

Publié le jeudi 8 decembre 2022 | MAP

© Autre presse par DR
Akinwumi Adesina, président de la BAD

En visite au Maroc dans le cadre de la quatrième et dernière réunion de la seizième reconstitution des ressources du Fonds africain de développement (FAD) pour la période 2023-2025, le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi A. Adesina, a accordé une interview exclusive à la MAP dans laquelle il revient sur la coopération Maroc-BAD, les réalisations du FAD et ses ambitions pour les années à venir.

– Le Maroc contribue pour la première fois au FAD et accueille également pour la première fois la réunion de la reconstitution des ressources du Fonds. Quelle est votre lecture ?

Le Maroc rejoint les pays donateurs et contribue pour la première fois au seizième reconstitution des ressources du Fonds pour la période 2023-2025, avec 5 millions de dollars.

Au nom du Groupe de la Banque africaine de développement, je voudrais saluer la forte et constante implication du Royaume dans le développement de son continent.

Cette reconstitution, qui se passe en terre marocaine, est d’une grande importance pour le continent tant elle ouvre un nouveau champ de possibilités et de nouvelles perspectives à près de 40 pays sur le continent.

– Quelle est votre évaluation de la coopération entre le Maroc et la BAD ?

Le Maroc est notre premier partenaire avec un important portefeuille d’opérations, avec un portefeuille actif d’environ 4 milliards de dollar. Ce portefeuille reflète l’excellence du partenariat liant le Maroc et la BAD qui touche différents secteurs, à savoir l’énergie, le transport, l’agriculture, la santé, l’eau et l’assainissement.

Je suis fier des réalisations du Maroc sur le plan social, avec le lancement par SM le Roi Mohammed VI du chantier de généralisation de la protection sociale.

– Un nouveau programme d’investissement vert du groupe OCP (2023-2027) a été présenté samedi dernier devant SM le Roi Mohammed VI. Quelle est la portée de ce programme pour le Maroc et pour le continent ?

Ce programme doté d’une importante enveloppe de 130 milliards de dirhams, contribuera significativement à réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’assurer une rapide transition énergétique surtout que le Maroc investit dans l’éolien, le solaire et l’hydrogène vert.

Je salue l’effort déployé par l’OCP et je réitère à cette occasion l’engagement et la volonté de la BAD de poursuivre son soutien financier au profit du Maroc.

Le Maroc est leader en énergie renouvelable. La BAD accompagne le Royaume dans sa transition écologique en accentuant le développement des énergies renouvelables ainsi que les infrastructures d’eau et d’assainissement pour inclure et renforcer l’attractivité des territoires.

La Banque a soutenu le programme solaire marocain « NOOR », qui contribue à la transition énergétique de l’Afrique.

– Quelle est l’importance de cette seizième reconstitution des ressources du Fonds africain de développement (FAD) ?

Une enveloppe totale de 8,9 milliards de dollars a été engagée par les partenaires. Il s’agit de la plus importante reconstitution de l’histoire du FAD.

Je suis fier de cette reconstitution en tant que président de la BAD et du FAD, surtout que ça représente une hausse de 14,24 % par rapport au FAD-15 (7,4 milliards de dollars).

Ce programme comprend 8,5 milliards de dollars de financement de base du FAD et 429 millions de dollars pour le nouveau guichet d’action climatique.

Mais au-delà du montant, ce qui compte c’est ce que nous allons faire de cet argent. La priorité sera donnée au développement des infrastructures durables, résilientes au changement climatique et de qualité et à la gouvernance, le renforcement des capacités et la gestion durable de la dette dans les pays bénéficiaires.

L’Afrique souffre des effets du changement climatique, même si le continent n’est responsable que de 3,8 % des émissions totales de gaz à effet de serre dans le monde.

A cause de cette situation, l’Afrique perd 7 à 15% du PIB chaque année. Pour pallier cette problématique, la BAD a lancé le Guichet action climat.

– Quelles sont les réalisations du FAD ?

Depuis sa création en 1974, le Fonds a soutenu plus de 2.700 projets dans 37 pays africains dans divers secteurs.

Au cours des cinq dernières années, 15,5 millions de personnes ont pu être raccordées à l’électricité, près de 74 millions d’Africains ont bénéficié d’améliorations dans le domaine de l’agriculture, dont 35 millions de femmes, et 8.700 km supplémentaires de routes ont été construits ou réhabilités dans le cadre des projets.

Le Fonds a également permis l’amélioration de l’accès aux transports pour 50 millions de personnes, y compris la construction et la réhabilitation de 8.700 kilomètres de routes et fait bénéficié 42 millions de personnes d’un meilleur accès à l’eau et à l’assainissement.

– Quelles sont les ambitions du Fonds pour les années à venir ?

Pour les trois prochaines années, le Fonds ambitionne de contribuer à connecter 20 millions de personnes à l’électricité, faire bénéficier 24 millions de personnes de l’amélioration dans l’agriculture, faciliter l’accès à l’eau et à l’assainissement pour 32 millions de personnes et améliorer l’accès aux transports pour 15 millions de personnes.

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