Ces sommes que les compagnies se voient interdire de rapatrier sont issues en particulier des recettes de ventes de billets d’avion. Elles "ont gonflé de plus de 25%, soit 394 millions de dollars, ces six derniers mois", a affirmé l’Association internationale du transport aérien (Iata).
"Le total des fonds bloqués approche désormais 2 milliards de dollars", a ajouté l’organisation dans un communiqué, publié en marge des conférences de presse organisées pendant deux jours à son siège de Genève. Le feu vert des États est en effet nécessaire pour convertir les devises et permettre leur sortie du pays.
"L’Iata appelle les gouvernements à lever tous les obstacles au rapatriement par les compagnies de leurs recettes de ventes de billets et d’autres activités, conformément à leurs obligations aux termes des accords et traités internationaux", est-il affirmé dans le communiqué. Retenir ces fonds "pourrait être vu comme une manière facile de remplir des trésoreries vides, mais à terme, l’économie locale paiera un prix élevé", a prévenu le directeur général de l’Iata, Willie Walsh, évoquant en filigrane un abandon de certaines dessertes. Au total, 27 pays et territoires sont concernés par ce sujet, selon l’Iata. Le problème est le plus aigu au Nigeria (551 millions de dollars), au Pakistan (225 millions), au Bangladesh (208 millions), au Liban (144 millions) et en Algérie (140 millions).
La compagnie Emirates a suspendu plusieurs fois ses liaisons vers le Nigeria depuis l’été, à cause du blocage de ses recettes. Selon l’Iata, le pays a dernièrement débloqué 120 millions de dollars ainsi dus aux compagnies et s’est engagé à d’autres rapatriements de fonds d’ici à la fin de 2022.
A ces 2 milliards de dollars s’ajoutent 3,8 milliards bloqués depuis 2016 par le Venezuela, un vieux litige sur fond de crise économique aiguë, a rappelé l’Iata, qui fédère environ 300 compagnies revendiquant 83% du trafic aérien mondial.
L’organisation a exhorté les autorités de Caracas à rétablir la "confiance" en libérant ces fonds et à donner des "assurances concrètes" d’un futur accès aux recettes, si elles veulent que des compagnies reviennent sur son marché pour contribuer à une relance du tourisme dans le pays.