Tu veux ou tu veux pas aurait pu être la ritournelle de cette audience présidentielle d’abord sollicitée par Jean-Pierre Fabre qui s’est ensuite effrayé de la voir accordée avant finalement de l’accepter. On sourira plus tard de ces atermoiements. Pour l’instant, l’important est que ce 5 mars 2014 se soit tenue cette rencontre importante entre le président de la République et le président de l’ANC. M. Fabre était accompagné de trois de ses proches, Abi Tchessa (PSR), Aimé Tchaboré Gogué (ADDI) et Zeus Ajavon, coordonnateur du CST (Collectif Sauvons le Togo)
Trois enseignements peuvent être tirés de ce moment républicain qui honore la démocratie togolaise :
1. Le dialogue politique prôné par le président de la République est d’abord illustré par sa propre pratique. En effet, chaque fois qu’il a été sollicité, le Chef de l’Etat a réagi promptement pour répondre favorablement à toute ouverture de dialogue. Cette attitude révèle la méthode de gouvernance du Président de la République : illustrer concrètement ses paroles plutôt que de se contenter d’affirmations non suivies d’effets. Le Président confirme qu’il tient à agir selon ses paroles et parfois même qu’il préfère agir plutôt que de parler. Un homme d’actions concrètes en somme.
2. Les contours de cet évènement démontrent que, dans la classe politique, certains continuent à penser à leur positionnement plutôt qu’au peuple . Cette demande de dialogue relève à certains égards, et nous ne pouvons que le regretter, d’une tentative d’instrumentalisation des institutions pour conquérir un leadership. Ainsi, l’ANC dans l’approche des présidentielles cherche les voies et moyens lui permettant d’asseoir son autorité sur toute l’opposition togolaise.
Par ces sollicitations diverses et rapprochées du Président de la République, l’ANC a voulu se positionner pour demain. Allant jusqu’à affirmer qu’elle s’exprimait « au nom de toute l’opposition » : peu importe que celle-ci soit informée ou pas avant la démarche. La lutte pour le leadership de l’opposition ne fait que commencer
3. Enfin, désormais l’ANC a elle-même ouvert et d’une certaine façon normalisé ses rapports avec le Président de la République. Ainsi, on peut souhaiter que les éventuels entretiens qui pourront avoir lieu dans l’avenir avec d’autres responsables de l’opposition ne seront pas qualifiés de trahison du peuple.
On peut espérer que chacun y verra une réalité simple et constructive : l’illustration d’une vie républicaine apaisée.