La campagne cotonnière 2022/2023 s’annonce difficile. Entre la crise des engrais, et les attaques de parasites, la productivité et la production sont en baisse chez les principaux producteurs d’Afrique de l’Ouest, à l’exception du Bénin. Une crise qui va avoir des répercussions sur le niveau de vie des producteurs.
Au Mali, la campagne cotonnière s'annonce morose avec des rendements prévisionnels en baisse de 45 à 50%. Une invasion de jassides, ces parasites qui endommagent les cultures, a dévasté les principaux bassins de production. «La plupart des producteurs de coton seront en impayés», affirme Youssouf Djimé Sidibé, secrétaire exécutif de l’Aproca, l’association des producteurs de coton africains. Car les producteurs empruntent pour pouvoir cultiver. Et le remboursement dépend des récoltes.
«Dans la plupart des pays, ce sont les sociétés cotonnières qui achètent les intrants et qui les distribuent aux producteurs à crédit. Et, en fonction de la récolte, au moment de la commercialisation, la société cotonnière prélève la valeur des intrants, précise Youssouf Djimé Sidibé. Aujourd’hui, les producteurs ne pourront pas rembourser la dette».
Les producteurs maliens attendent des autorités qu’elles déclarent l'état de calamité naturelle après les attaques de jassides, et ce, afin de permettre de débloquer des fonds d’aide. Il en existe au niveau national, mais aussi au niveau de l’UEMOA et de la Cédéao.
Le Burkina Faso connaît une situation moins dramatique. L'an dernier, l’État avait fixé un prix du coton très incitatif, permettant ainsi une augmentation des surfaces emblavées. Cependant, la distribution des engrais n’a pas été optimale et les attaques de jassides, bien que moins graves qu’au Mali, ont eu un impact sur les rendements.
«Les résultats physiques que nous avons aujourd’hui indiquent que la production va se situer autour de 483 000 tonnes de coton graine, rapporte Ali Compaoré, directeur général de la Socoma, l’une des trois sociétés cotonnières du pays. Cela va représenter sur le plan national une baisse d’environ 7% par rapport à l’année dernière, et une baisse de productivité de l’ordre de 12%».