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Médias: L’Union internationale de la presse francophone se dote d’une feuille de route sur les prochaines années

Publié le vendredi 10 fevrier 2023  |  aLome.com
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© aLome.com par Parfait & Edem Gadegbeku
Ouverture solennelle des 44ème Assises de l`Union internationale de la presse francophone par le PM togolais Selom Klassou
Lomé, le 26 novembre 2015. Hôtel Sarakawa. Près de 200 journalistes venus de divers continents assistent au début des assises 2015 de l`UPF, autour du thème "La place des femmes dans les médias francophones". C`est la troisième fois que le Togo abrite cette grand-messe de la presse francophone.
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L'UPF (Union internationale de la presse francophone) souhaite requinquer son rayonnement à l'international et auprès de ses partenaires. C'est le sens de la tenue de son Assemblée générale extraordinaire ce 07 février 2023 par visioconférence, et à laquelle a participé une trentaine de sections dans le monde dont la dernière en date basée en Turquie. Au terme de cette AG, l'UPF a réadapté sa conception de l'information dans le monde francophone et la manière idoine de se valoriser dans l'espace francophone.
Ci-contre, l'intégralité de cette feuille de route.


"LA FEUILLE DE ROUTE DE L'UPF

L'Union internationale de la presse francophone a tenu ce mardi 7 février -par visioconférence- son Assemblée générale extraordinaire. L'occasion pour Anne-Cécile Robert d'échanger avec les membres du comité international et de de faire le bilan des 6 premiers mois de son action en tant que présidente élue à l'UPF internationale.

Ci-après la feuille de route qu'elle a soumis à l'appréciation des membres du comité international. Le document, qui était au centre des discussions de l'Assemblée générale et qui fera l'objet des réflexions et des propositions des sections lors de la prochaine réunion, affine les missions et trace les lignes d'action pour l'UPF dans les mois et les années à venir.

L’UPF, UNE ORGANISATION A NULLE AUTRE PAREILLE

L’UPF partage avec d’autres organisations professionnelles - des associations humanitaires comme Reporters sans frontières (RSF) et des syndicats comme la Fédération internationale des journalistes (FIJ) - l’objectif de soutenir et défendre la liberté de la presse et d’expression. En partenariat avec ces dernières, mais sans se confondre avec elles, l’UPF manifeste sa solidarité professionnelle : attirer l’attention sur les confrères en danger, faire connaître leur travail et les soutenir s’ils sont menacés ou emprisonnés ; publier des communiqués et participer à des manifestations ; elle pousse les Etats à assumer leurs responsabilités et leurs obligations envers les journalistes. Par exemple, l’UPF soutient la campagne pour l’adoption d’une convention internationale sur la protection des journalistes, comme le demande la Fédération internationale des journalistes (FIJ).

Mais l’UPF se distingue des autres organisations par son histoire, son identité et ses missions spécifiques. Elle est, à bien des égards, unique. C’est une organisation humaniste au service de l’intérêt général.

1. L’UPF, UNE ORGANISATION RASSEMBLEUSE UNIQUE

L’UPF est une organisation non gouvernementale ; elle n’est ni un syndicat ni une organisation humanitaire ; Elle est donc particulièrement indiquée pour rassembler largement, au-delà des clivages politiques, philosophiques ou culturels et construire une saine vitalité professionnelle à l’échelle du monde francophone. Là où d’autres organisations peuvent paraître clivantes, l’UPF rassemble. Elle est un lieu et un lien.
Elle poursuit à ce titre plusieurs objectifs spécifiques :
 Favoriser une solidarité et une émulation réciproque entre acteurs des médias.
 Partager les bonnes pratiques, les astuces et savoir-faire. Par exemple, séminaires ou conférences en petits ou en grand comité
 Partager et transmettre l’expérience entre anciens et jeunes journalistes
 Par exemple, conférence-rencontre avec un « ancien », réunions en petits comités, rencontre autour d’un thé ou d’un repas
 Valoriser l’égale dignité des professionnels des médias qu’ils soient au Nord, au Sud, au Nord et à l’Est. A ce titre, l’UPF se démarque des pratiques et des habitudes « verticales » qui voient les acteurs du Nord se poser en mentors du Sud, notamment dans le domaine de la formation ; elle favorise et valorise une expertise et un savoir décentralisé et diversifié.
 Partager le plaisir et la joie, malgré toutes les difficultés, d’exercer la belle mission de journaliste (décrypter, communiquer, expliquer et transmettre des informations au grand public) et de s’exprimer dans une très belle et riche langue.
 Rétablir la confiance entre les populations et les médias. La défiance des citoyens envers les médias augmente depuis plusieurs années ; les médias sont accusés, à tort, de mal faire leur travail ou de répandre des fausses nouvelles, etc. Par exemple, conférences et débats publics, moments d’échange dans des lieux culturels, journée portes-ouvertes dans les journaux, etc.
 Stimuler l’échange et la connaissance réciproque des défis et enjeux de l’information entre praticiens des médias, citoyens et société civile. Par exemple, organiser des rencontres ou conférences permettant le dialogue entre des journalistes et acteurs des ONG sur le traitement de l’actualité dans les médias, sur la manière dont un événement est abordé ou non par les médias, etc. Il est aussi possible d’associer les observateurs éclairés et les analystes du monde médiatique (chercheurs et professeurs d’université, etc.).

En résumé:

Les sections nationales de l’UPF peuvent aborder les thèmes et poursuivre les objectifs ci-dessus par :
 organisation de symposiums régionaux et de colloques nationaux,
 organisation de sessions de formation professionnelle ou de décryptage des fausses nouvelles,
 organisation d’expositions de dessins de presse ou de photos de reportage,
 éditions de livres et de manuels,
 création et animation de rubriques spéciales dans les journaux,
 organisation de conférences publiques ou proposition aux pouvoirs publics d’animer des conférences publiques sur ces questions,
 tenir des réunions en petits comités autour d’un thé ou d’un verre
 animer des chroniques sur Facebook ou tenir une série de publications régulières sur les réseaux sociaux
 interventions dans les lieux culturels ou les établissements scolaires
 soirée débat autour d’une pièce de théâtre ou d’un événement culturel.
Les partenariats avec des ONG, des centres et lieux culturels, des institutions et des établissements d’enseignement peuvent faciliter l’organisation et toucher le public.
L’UPF internationale se concentre sur l’organisation d’Assises (depuis 1950) pour atteindre les objectifs ci-dessus exposés.


2. L’UPF, UNE ORGANISATION FRANCOPHONE


La dimension linguistique de notre action permet de nous distinguer des autres organisations professionnelles. L’UPF fait partie du monde des organisations francophones ; elle est la seule organisation spécifique destinée à la presse francophone. Or, les défis liés à langue française grandissent dans un monde bouleversé et traversé de tensions.
 La langue française est concurrencée par l’essor non seulement de l’anglais international mais, désormais, du chinois ou du turc. Pékin et Ankara investissent des sommes très importantes dans la promotion d’instituts culturels qui proposent des cours de langue dans le monde, en lien avec leurs intérêts économiques et commerciaux. Les Russes font de même avec des moyens moins conséquents.
Les sections UPF peuvent donc :
 valoriser l’expression en français : rencontrer les institutions et organismes qui promeuvent la langue française (écoles, universités, instituts français, centres culturels, bibliothèques, etc.) ;
 organiser des conférences ou des expositions avec ces institutions et organismes : par exemple, exposer des dessins de presse en français, organiser un concours du meilleur article en français, etc.
 intervenir dans les établissements scolaires pour sensibiliser les élèves et étudiants au métier de journaliste et au décryptage de l’information
 veiller au respect du français par les institutions nationales et internationales actives dans leur pays : les documents officiels, les rapports, les conférences de presse, etc. sont –elles bien toujours en français ?
La pratique d’un français dégradé (syntaxe approximative, mots valises comme « impacter », anglicismes, etc.) par les dirigeants, y compris français, fait peser une menace presque existentielle sur la liberté d’expression en appauvrissant l’exposition de la pensée et la communication d’idées. Elle fait aussi courir un risque de malentendus et de quiproquos ;

Les sections UPF peuvent donc organiser des conférences et des ateliers sur l’expression en français, par exemple à partir de la chronique mensuelle de Jean-Claude Allanic dans l’InfoLettre de l’UPF ou en se basant sur le compte twitter Défense de la langue française, etc. Les médias membres de l’UPF peuvent créer des rubriques spéciales ; organiser des concours d’éloquence ou de bonne expression en français en récompensant les meilleures articles ou émissions du point de vue de la qualité de la langue (richesse du vocabulaire, clarté des phrases, références culturelles, etc.)
Il s’agit d’encourager la bonne expression en français mais aussi de donner le goût de s’exprimer en français.



3. L’UPF, UN CADRE DE REFLEXION PACIFIQUE SUR DES QUESTIONS DE FOND


Les organisations internationales (ONU, Union africaine, Union européenne, etc.) et les gouvernements manifestent une inquiétude de plus en plus grande vis-à-vis de la propagation des fausses informations et de l’essor de la propagande anti-démocratique («illibérale»). Ils dégagent des sommes importantes à destination des médias. L’UPF doit se saisir de ses enjeux.

L’UPF et ses sections nationales organisent d’ores et déjà des formations à destination des journalistes et sont mobilisées contre les infox et les intox. Nous soulignons également ces enjeux lors de nos Assises internationales et dans nos symposiums régionaux. Notre InfoLettre comprend une rubrique, très suivie consacrée à la déontologie et animée par Pierre Ganz.

Toutefois, les organismes de formation professionnelle sont nombreux et l’UPF ne saurait les concurrencer et n’a pas intérêt à le faire. En revanche, l’UPF peut mettre l’accent sur des aspects particuliers :
a) la formation et l’éducation du grand public aux médias, à la lecture de la presse, au repérage des fausses nouvelles, à la compréhension des images, au décryptage de l’information. Cela passe par des contacts avec les établissements scolaires et les ONG et l’organisation de cours ou de séminaires sur l’éducation aux médias pour les élèves et étudiants. Ou encore des interventions ponctuelles dans les écoles ou l’invitation de classes d’élèves à visiter un journal pour observer et mieux comprendre comment se fabrique l’information.

b) attaquer le problème à la racine : les actions de formation seront vaines, un peu comme Sisyphe remontant sans cesse son rocher, si nous n’attaquons pas le problème à la racine. Pourquoi les infox et les intox se propagent-elles autant et si vite ? Pourquoi nos sociétés y sont-elles si perméables ? dans mon livre « Dernières nouvelles du mensonge » (Lux éditeur, Montréal, 2021), j’analyse la confusion culturelle dans laquelle nos sociétés démocratiques s’enfoncent et qui brouille les frontières de la vérité et du mensonge. Beaucoup de nos concitoyens, et ce n’est pas seulement – loin de là – une question de diplômes, se montrent incapables de distinguer le vrai du faux. Les colloques, les conférences, les réunions entre professionnels peuvent permettre d’aborder ces questions.

Au-delà des actions indispensables de formation, le rôle spécifique de l’UPF réside sans doute dans l’animation d’un espace professionnel pacifique international où on peut travailler collectivement à sortir de la confusion. L’esprit critique, la déontologie, la culture, l’éthique et le goût de s’exprimer dans une langue exigeante figurent parmi les clés de cette nécessaire clarification.


4. L’UPF, UNE ORGANISATION-RESSOURCE


L’UPF contribue à la compréhension, à l’analyse et au développement de la liberté de la presse et d’expression dans le monde francophone, par la collecte de données et de la production de rapports.
Beaucoup de rapports et de données sur la liberté de la presse et d’expression dans le monde francophone proviennent d’organismes étrangers à l’univers des médias comme l’OIF. Les organisations professionnelles (Reporters sans frontières, Fédération internationale des journalistes, syndicats, etc.) fournissent des données globales qui ne concernent pas spécifiquement le monde francophone.
En outre, l’état exact du français dans la presse et des réseaux sociaux mérite enquête et analyse. Là aussi, il existe des rapports et des données, collectées par des organismes comme l’Organisation internationale de la francophonie et l’Assemblée parlementaire francophone. Mais il serait utile de constituer notre propre base de données professionnelle.

Les sections nationales de l’UPF, qui ont une connaissance proche du terrain de l’état des choses, peuvent recueillir des informations sur la situation dans leur pays : combien de médias, quels types (imprimés, en ligne, etc.), blogs et réseaux sociaux, problèmes et enjeux, etc. Cartographier la presse et les réseaux sociaux du pays.

Constituer une base de données ad hoc conçues par notre réseau professionnel valorise l’UPF en la rendant utile aux professionnels, aux pouvoirs publics et aux organisations internationales".
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