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Réflexion: Lutte efficace contre le terrorisme et l’extrémisme violent, n’avons-nous pas oublié quelque chose? (Alfa-Tchegbassi Koffi)

Publié le vendredi 24 fevrier 2023  |  Société civile Media
F.
© Ministère par Ministère des Armées
F. Gnassingbé a rendu visite aux Forces de Défense et de Sécurité de l’opération Koundjoaré après l’attaque de Sanloaga.
Région des Savanes. Du 14 au 15 et du 19 au 20 novembre 2021. L’objectif de ce déplacement présidentiel était de porter le soutien de la Nation aux éléments présents sur le terrain après l’attaque du poste de sécurité à Sanloaga, dans la nuit du 9 au 10 novembre 2021.
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Acteur de la société civile togolaise, Koffi Alpha-Tchegbassi apporte sa part de contribution à la lutte contre les attaques terroristes, qui sèment la désolation depuis plusieurs mois dans la partie septentrionale du Togo. Alors que d’énormes moyens, notamment militaires, sont déployés pour venir à bout du phénomène, ce spécialiste des droits humains préconise d’autres approches qui, ajoutées à l’option militaire, devraient contribuer solidement à enrayer le mal. Lisez plutôt !


Comme dans un match de football, on est parfois surpris qu’une équipe minimisée arrive à créer des surprises. Il ne doit pas en être de même pour les terroristes car leurs surprises, nous le savons tous, sont très souvent désagréables. Le terrorisme, on peut le dire, n’est pas un fait nouveau. Même si son mode d’action change ou s’adapte à l’évolution du temps, l’objectif ou la raison d’être semble être le même : susciter la peur, le désarroi par la violence et s’en servir pour atteindre ses objectifs qu’ils soient politiques, religieux ou autres.

Ce phénomène, de nos jours, suscite des réflexions tant au niveau des gouvernants, gouvernés que des universitaires. Malgré tout, il « reste une des questions les plus controversées de notre temps mais aussi une des moins comprises »[1].

Ainsi, on peut envisager que le terrorisme consiste en une action illicite mais le plus souvent violente contre des personnes ou des biens en vue de provoquer la peur, le désordre au sein de la population, de défier les pouvoirs publics et d’obtenir des avantages, satisfaire des revendications ou à l’inverse créer les conditions d’un affrontement armé.

Certes, même si la condamnation du terrorisme est quasi unanime, les stratégies pour lutter contre ce phénomène font débat. Car, si une partie préconise le renforcement des mesures de protection, l’autre voit dans le terrorisme un fruit des dysfonctionnements de la société et plaide pour une amélioration des systèmes éducatifs et de réinsertion plutôt que la violence et la brutalité[2].

Cependant, même s’il est vrai que la lutte efficace contre le terrorisme est rendue difficile du fait que le phénomène est en évolution et s’adapte au temps et circonstances, la difficulté criarde qu’éprouvent certaines armées de nos pays à faire face efficacement à ce phénomène peut susciter des interrogations et parfois même des étonnements :

N’avons-nous pas un peu sous-estimé ce phénomène ? N’avons-nous peut-être pas pensé que les accords militaires ou l’aide des puissances étrangères suffisent à eux seuls à venir à bout du phénomène? Finalement, n’avons-nous pas surtout oublié de préparer suffisamment nos populations pour les rendre plus résilientes face à ce phénomène?

Depuis l’incursion terroriste au Mali et l’occupation de certains territoires, on a pu remarquer que les terroristes influencent aussi bien sur les facteurs psychologiques (les ressentiments dus à l’injustice ou les conséquences de la mal gouvernance) que les facteurs sociaux (la pauvreté, la misère de certaines populations en leur promettant ciel et terre). Bien évidemment, face à ces facteurs, les militaires seuls ne peuvent pas apporter une réponse efficace. A cet effet une devise de l’UNESCO peut mieux nous édifier : «les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix». On peut simplement retenir que c’est dans l’esprit des hommes qu’il faut mener et gagner efficacement et longuement les batailles. Le meilleur moyen d’action reste l’éducation ou en d’autres termes la sensibilisation et la formation à la citoyenneté, à l’amour de sa patrie.

[1] Marie-Hélène GOZZI, le terrorisme, ellipses Paris Cedex, 2003, p.6.

[2] Etienne DESSOY, terrorisme et démocratie : la mondialisation d’un processus pathogène. P

Il nous semble que ce moyen n’a pas beaucoup été utilisé. Les terroristes gagnent souvent du terrain lorsqu’ils arrivent à infiltrer les populations, à manipuler les esprits ; et l’engagement dans les rangs des terroristes peut être une illusion de source de revenu pour certains. Si ce palier est franchi, les moyens militaires seuls ne suffisent souvent pas pour vaincre le phénomène.

La menace terroriste doit être prise au sérieux au point où une ou des attaques terroristes contre un pays doit amener les pouvoirs publics à placer ce pays dans un état de guerre et à faire passer l’information au sein de la population. Lun des avantages de cette stratégie pratiquée dans certains coins du monde[1], consiste à tenir les populations en alerte, à les ranger derrière leur armée et son chef. Cela renforce aussi le patriotisme et l’engagement de chacun à porter sa contribution pour la défense de la nation qui est menacée.

La lutte efficace contre le terrorisme doit se faire aussi avec la population. Cette population doit donc être bien informée et formée. Il faut préparer le mental de cette population, attirer l’attention de la jeunesse sur les ruses et les conséquences dévastatrices de ce phénomène, rendre chaque citoyen défenseur et responsable de sa patrie, quel que soit son niveau ou son état, au travers des valeurs communes.

Cependant la lutte contre le terrorisme ne doit pas justifier tous les revers notamment les violations des droits de l’homme ou encore l’injustice. Cette lutte sera vaine au cas où. Car les terrains de l’injustice et de violation des droits de l’homme constituent des terres fertiles pour le terrorisme. C’est l’idée que traduit cette affirmation de Kofi Annan, Secrétaire général des Nations unies, dans son discours du 18 janvier 2002 devant les membres du Conseil de sécurité : « Chacun d’entre nous devrait être pleinement conscient que la protection des droits de l’Homme ne doit pas céder le pas devant l’efficacité de l’action anti-terroriste. À l’inverse, si l’on se place sur le long terme, on voit que les droits de l’Homme, la démocratie et la justice sociale forment l’un des meilleurs remèdes contre le terrorisme »[2].

Approche de solutions

Préparer mentalement la population, il faut gagner la guerre psychologique et couper l’herbe sous les pieds des terroristes sur ce plan, construire une résilience psychologique de la population en évitant la création de toute paranoïa.
Mettre en œuvre un cadre réelle de collaboration entre le génie militaire et le génie civil. Faire fonctionner la stratégie de l’intelligence économique.
Construire une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme.
Avoir un cadre de concertation bilatéral ou multilatéral entre les pays frontaliers pour minimiser les frontières dans la lutte efficace contre le terrorisme.
Eviter à tout prix la stigmatisation d’une ethnie ou d’une région du pays.
Il faut préciser que nos Etats font de leur mieux pour défendre leurs territoires, et cette réflexion n’a aucunement pour objectif de fragiliser cette lutte déjà délicate et complexe, mais plutôt de dire à nos pouvoirs publics et surtout à nos vaillantes armés, nos frères et sœurs, que nous les soutenons, que nous comprenons et sentons le sacrifice qui est le leur pour notre bien à tous dans ce combat.
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