Des appels au boycott des produits tunisiens, des demandes de condamnation de la Tunisie par la Communauté internationale de la part d'ONG... Les propos sur les migrants subsahariens du président Kaïs Saïed suscitent une indignation sur le continent. Des chefs d'État africains se sont montrés plus prudents, refusant de condamner le dirigeant tunisien. Un signe de fracture entre les opinions publiques et leurs gouvernements ? Analyse.
Ce sont des mots et une accolade qui ne passent pas. Ce 8 mars dans un des salons du palais de la présidence à Carthage le président de la Cédéao, le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, enlace dans ses bras son homologue tunisien Kaïs Saïed. "Vous êtes ni raciste ni xenophobe", lance Umaro Sissoco Embaló au président tunisien. Le 21 février Kaïs Saïed avait affirmé que la présence de "hordes" d'immigrés clandestins provenant d'Afrique subsaharienne était source de "violence et de crimes" et relevait d'une "entreprise criminelle" visant à "changer la composition démographique" de la Tunisie.
"Le président de la Cédéao était en mission. Il fallait sauver le soldat Kaïs Saïed, le réintégrer dans le club des dirigeants africains sans le condamner."
Francis Lalupo, journaliste indépendant, auteur du "Blues démocratique, 1990-2020".
"Le président de la Cédéao était en mission. Il fallait sauver le soldat Kaïs Saïed, le réintégrer dans le club des dirigeants africains sans le condamner", explique le journaliste Francis Laloupo, journaliste indépendant, essayiste et enseignant en relations internationales à l’Institut pratique de journalisme de l’Université Paris-Dauphine et auteur du "Blues démocratique, 1990-2020", paru chez Karthala. Cette prise de position du président Umaro Sissoco Embaló apparait en décalage avec les réactions des opinions publiques en Afrique de l'Ouest.
Les appels au boycott des produits tunisiens se multiplient sur les réseaux sociaux en Côte d'Ivoire et au Sénégal. Dattes, couscous emballés, huiles d'olive en provenance de Tunisie ne doivent pas être achetés peut-on lire sur les réseaux sociaux, de Dakar, Abidjan en passant par Conackry avec des conséquences pour des entreprises locales. C'est ainsi que la société sénégalaise Senico SA a été contrainte de justifier l'origine de l'un de ses produits phares, la margarine Jadida, souligne le mensuel Jeune Afrique. "Notre margarine est un produit 100 % sénégalais produite dans son usine, située à Diamniadio.", peut-on lire dans un communiqué de l'entreprise.... suite de l'article sur Autre presse