Togo - Pour avoir fait parler le secrétaire général de l’Union des Forces de Changement (UFC), le député Sambiani Nimbongou dans son émission dénommée « le club de la presse » mardi dernier, Innocent Sas Gawou, l’animateur de cette émission très écoutée fait l’objet de menace de mort.
Selon le journaliste-animateur interviewé exclusivement par l’Agence de presse Afreepress, ces menaces de mort viendraient des « extrémistes » de l’Alliance Nationale de Changement (ANC) dont les responsables sont concernés par les informations révélées au grand public par ledit député.
« Suite à cette émission, nous avons commencé par avoir des retours sous forme de certaines informations qui laisseraient entendre que notre sécurité serait mise en jeu, par certains individus qu’on peut qualifier d’extrémistes des rangs de ce parti », a déclaré Sas Gawou.
Si l’émission « le club de la presse », son animateur et ses invités ne sont pas des personnes « parfaites », reconnait-il, elle veille à la « pluralité » de l’information, a-t-il précisé avant d’ajouter que « l’ANC n’a pas l’exclusivité de la critique dure » dans son émission.
Devant cette situation « alarmante », le directeur de la radio, le Conseil National des Patrons de Presse (CONAPP) et l’Observatoire Togolais des Médias (OTM) sont à pied d’œuvre pour trouver une solution.
Afreepress.info : Bonjour monsieur Innocent Sas Gawou, il semble que vous êtes menacé de mort ces derniers jours, dites-nous ce qui se passe exactement.
Innocent Sas Gawou : Merci pour ce soutien confraternel que votre organe m’apporte. C’est vrai que cette semaine tarit un certain nombre d’événements et d’informations assez éprouvants et stressants.
Tout est parti du mardi où nous avons reçu dans notre émission « le club de la presse » le secrétaire général de l’Union des Forces de Changement (UFC), député à l’Assemblée Nationale, en la personne du docteur Djimongou Sambiani. Nous voulions écouter de vive voix le pourquoi et le comment des mémorandums que l’UFC a rendu publics ces derniers temps, et qui portent certaines informations allant dans le sens des principaux leaders de l’Alliance Nationale du Changement (ANC) aujourd’hui. Dans nos jeux de questions et réponses, il est allé jusqu’à partager certaines informations que j’avoue assez accablantes à l’endroit des leaders de l’ANC.
Suite à cette émission, nous avons commencé par avoir des retours sous forme de certaines informations qui laisseraient entendre que notre sécurité serait mise en jeu, par certains individus qu’on peut qualifier d’extrémistes des rangs de ce parti. Il est question parfois d’un accident de circulation qui nous arriverait, d’autres parlent plutôt d’un incendie. Vous comprenez que lorsque vous circulez à moto et que vous allez dans les coins et recoins, pour les besoins du travail à n’importe quelle heure, et que ces genres d’informations vous arrivent, il y a de quoi s’inquiéter.
Afreepress.info : Est-ce que vous recevez des coups de fil de personnes qui vous menacent ?
Innocent Sas Gawou : Pas de coup de fil, mais des témoignages d’information qui émanent des individus proches du parti. Ce n’est pas un secret, nous aussi en tant que journalistes, nous avons des amis, et ce sont certaines de ces personnes qui viennent partager avec nous ces indiscétions, informatons confirmées par d’autres confrères qui détiennent aussi leurs informateurs. Un troisième degré, quand on fait le recoupement de certains propos que tiennent certains responsables de ce parti, et qu’on met tout cela ensemble, on est fondé de croire que toutes ces informations sont vraies.
Afreepress.info : Pourquoi s’en prend-on aujourd’hui à Sas ?
Innocent Sas Gawou : C’est la question que je me pose aussi, « le club de la presse », nous la voulons comme une tribune, comme un boulevard où nous donnons la parole à toutes les options, d’abord avec les journalistes de tout bord pour enrichir de la pluralité des commentaires et de l’information. Mieux encore, nous invitons parfois des personnalités politiques de divers partis pour venir nous dire de leur propre voix comment ils conçoivent et analysent les choses. La preuve aujourd’hui même, nous avons convenu depuis une semaine de la présence du secrétaire national de l’ANC chargé de la communication que nous avons reçu plusieurs fois chez nous.
C’est l’occasion pour moi de rappeler qu’au nombre des partis politiques qui défilent dans notre studio, nous avons les membres de l’ANC, nous avons reçu le président national de l’ANC, Jean-Pierre Fabre, dans le cadre de notre émission « le carrefour », le vice-président Patrick Lawson est venu ici un certain nombre de fois, Eric Dupuy plusieurs fois aussi. C’est donc pourquoi nous sommes surpris de l’interprétation assez malveillante qu’on a faite de nos passages dans les rangs de l’ANC. C’est pour dissiper tout ce début de malntendu et de controverse que nous avons invité notre ami Eric Dupuy qui malheureusement n’a fait que verser de l’huile sur le feu.
Afreepress.info : Il y a quelques jours, Patrick Lawson critiquait la ligne éditoriale d votre émission le club de la presse. Aujourd’hui encore, en pleine émission, c’est le secrétaire national de l’ANC chargé de la communication, Eric Dupuy qui claque la porte, dites nous pourquoi ?
Innocent Sas Gawou : Pour Patrick Lawson, il nous adressé une mise au point su notre émission avec le docteur Djimongou. Auparavant, il nous a appelé et sa mise au point que nous avons lue a été écrite avec toute la courtoisie et toutes les civilités possibles. Monsieur Patrick Lawson, c’est quelqu’un qui nous montre chaque fois qu’il est un homme courtois, et poli. Pas plus tard qu’hier, nous avons eu une conversation téléphonique empreinte de sincérité et de courtoisie, même si on n’est pas toujours d’accord.
De Patrick Lawson à Eric Dupuy, il y a tout un monde, je ne saurai jamais faire le proccès à Mr Patrick Lawson de se montrer aussi déplacé comme Eric Dupuy l’a fait aujourd’hui. Au lieu de répondre à nos questions pour partager avec nous ces analyses et celles de son parti sur la situation, il s’en est plutôt pris dans un réquisitoire, avec des termes que je me réserve de qualifier, à l’endroit de Kanal Fm et à l’endroit de la presse, et quand nous l’avons invité à en venir à l’objet, avec tout ce que cela comporte comme manque de respect à tous les auditeurs, monsieur Dupuy a claqué la porte, un geste que personnellement je déplore, mais que je laisse le soin aux auditeurs d’apprécier. Mais en même temps, comme je l’ai dit dans l’émission, on ne saurait jamais jeter le bébé avec l’eau du bain, encore moins mélanger les serviettes et les torchons. Je sais par expérience qu’à l’ANC, il y a des hommes et des femmes responsables qui méritent tout le respect. Je me permets donc de faire une clarification entre l’incident causé par Eric Dupuy au studio de Kanal Fm, avec l’ensemble du parti ANC que nous respectons, même si de façon journalistique et citoyenne, nous ne sommes pas toujours d’accord avec leur prise de position.
Afreepress.info : Dans votre émission, vous essayez toujours d’être impartial, comment peut-on comprendre cette attitude de monsieur Dupuy ? Y avait-il des antécédents ?
Innocent Sas Gawou : Je me pose aussi cette question, je ne dis pas que le club de la presse et son animateur, et ces invités sont des personnes parfaites, mais notre souci quotidien est de veiller à la pluralité des informations, à l’équilibre, tout en laissant le soin aux uns de se prononcer, nous laissons également la liberté à ceux qui le souhaitent de nous contester. Dans cet exercice d’équilibre, nous sommes ouverts à toutes les critiques et les informations, et j’essaye de tenir autant que possible compte de ces remarques qui nous arrivent. Mieux encore, je partage les observations critiques des amis auditeurs avec bon nombre des journalistes invités. Sur la base de cela, je pense qu’à l’ANC et particulièrement de la part d’Eric Dupuy, c’est un mauvais procès qu’on fait au club de la presse, de nous faire passer pour une émission tendancieuse, malveillante, à l’ANC.
Je reconnais qu’au club de la presse il y a des critiques assez dures des fois qui sont adressées à l’ANC, mais il en est de tout le temps avec les autres partis selon le sujet qui est posé. Les confrères et autres invités se montrent aussi critiques quand il s’agit du gouvernement, même à l’endroit du président, du premier ministre, des ministres quand nous parlons d’UNIR ou de tout autre parti politique. Il arrive que les avis se montrent des fois très critiques. C’est pour dire que l’ANC n’a pas l’exclusivité de la critique dure au club de la presse. Tous les partis politiques subissent les mêmes foudres, mais les autres ne s’en prennent pas à nous de cette façon, comme Eric Dupuy l’a fait aujourd’hui. Mais je mets ça sur le compte d’un incident, peut-être que M. Dupuy ne s’est pas bien réveillé ce matin.
Afreepress.info : Le comportement de M. Dupuy peut être considéré comme un incident, mais pas les menaces de mort, que faut’il faire aujourd’hui ?
Innocent Sas Gawou : Dès que ces informations assez alarmantes et inquiétantes nous sont parvenues, nous avons saisi notre employeur, le directeur de la radio, qui fait les démarches qu’il faut et le président du Conseil National des Patrons de Presse (CONAPP) nous a approchés pour savoir ce qu’il en est. Ce matin le président de l’Observatoire Togolais des Médias nous a saisis, les amis auditeurs et auditrices nous saisissent et nous assurent de leur soutien. D’aucuns même nous demandent de saisir officiellement les autorités, notamment le ministère de la Sécurité et de la Protection Civile. Je laisse le soin de ces démarches au directeur de la radio, mais je ne doute pas que les bonnes volontés se manifesteront à nos côtés.
En apprenti chrétien que nous sommes, nous savons que la meilleure sécurité nous vient de Dieu, et nous nous en remettons à lui, mais je puis vous assurer que personnellement, je me sens parfaitement serein, et assuré. Je continuerai à vaquer quotidiennement à mes activités professionnelles et à faire mes besoins familiaux et amicaux. Je me place sous la protection de Dieu, et je suis rassuré qu’il continuera à m’assurer de sa sécurité.
Afreepress.info : Un mot de fin ?
Innocent Sas Gawou : Merci encore pour votre présence confraternelle à nos côtés, mais encore une fois, il ne s’agit pas de dramatiser outre mesure cet incident de ce matin. C’est déplorable tout comme regrettable, ainsi que certaines informations qui nous arrivent de certains milieux que j’ose qualifier d’extrémiste à l’ANC, mais il ne faut pas mettre ces comportements sur le compte du parti dans son ensemble.
Nous nous en remettons à Dieu pour notre travail, et nous ferons autant que possible le travail de journaliste avec toutes les règles que nous donnent le code de la presse, les lois de ce pays et le code d’éthique et de déontologie notamment en matière de respect de l’opinion des autres, et également le respect des normes, d’équilibre, et autant que possible d’impartialité.