L’accession du Togo à la souveraineté internationale est un jour inoubliable dans la vie des Togolais. Dans les villes, villages et campagnes, les fils et filles du pays l’ont célébré dans une allégresse. Des habitants de Dzolo, un village situé à 9 km à l’Ouest Kévé font des témoignages.
Les filles et fils du village de Dzolo n’étaient pas restés indifférents à l’annonce de la proclamation de l’indépendance de la terre de leurs aïeux. « J’avais trente-deux ans et j’étais dans mon village ici quand mon pays a eu son indépendance. Grande a été ma joie de vivre cet évènement historique avec une grande liesse qui s’était emparée de la population », confie Komla Attikessé, âgé aujourd’hui de 95 ans. « Nous étions tous sortis spontanément de nos maisons, des lampions à mèche (communément appelés ‘’ganamito’’ en Ewé) à la main, chantant, criant et dansant en l’honneur de notre patrie le Togo », a-t-il témoigné.
« Débutées après minuit, les festivités se sont poursuivies toute la journée après que la population avait été informée de la bonne nouvelle par la chefferie et les vieux », se rappelle M. Atikessé. « Cette nuit était éclairée par les flammes des lampions que brandissait chaque habitant du village », se souvient -il.
Madeleine Kouwonou, 89 ans, se souvient de son papa qui était un instituteur. La nuit-là précise-t-elle, « mon père, après avoir poussé des cris de joie au salon, était venu frapper à la porte de la chambre dans laquelle notre maman dormait avec moi en scandant ‘’ ablodè, ablodè, levez-vous, le Togo est indépendant. »
Le temps de nous réveiller pour comprendre la situation ajoute Madeleine, « nous avons commencé par entendre le tam-tam sacré atopani résonner, annonçant la bonne nouvelle de l’indépendance. Tout le village était d’un seul coup envahi par des sons du gong, des chants, des cris de joie »
« C’est la maison du chef du village qui a servi de cadre pour la grande célébration de la proclamation de l’indépendance de notre pays à Dzolo », renchérit une autre vieille, Adjo Ahiamalé encore active, malgré ses 92 ans. « On pouvait aisément lire ou deviner dans la voix et dans les yeux de la grande foule dans la maison du chef, la fierté d’avoir rompu avec le joug colonial », a-t-elle affirmé.
Dame Adjo Ahiamalé décrit l’ambiance qui avait régné dans les coins et recoins du village. Pendant plus de deux jours, dit-elle, « le village de Dzolo a bouillonné de danses et de cris de patriotisme. Frontalier au Gold Coast, actuel Ghana, nos frères et sœurs de ce pays s’étaient joints à nous pour la fête comme c’était le cas chez eux trois ans plus tôt en 1957 ».
Le Togo a célébré le 27 avril 2023, les 63 ans de son autonomie. A l’instar de ces personnes âgées du village de Dzolo, ils sont nombreux, ces vieilles et vieux, partout au Togo encore en vie, qui ont vécu ce moment inoubliable. Des initiatives doivent être prises pour que ces « véritables greniers » puissent transmettre les souvenirs de cet événement pour éclairer les générations présentes et futures.