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La BCEAO pourrait procéder à une cinquième hausse de ses taux directeurs en juin

Publié le lundi 8 mai 2023  |  Togo First
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© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchako
Siège national de la BCEAO au Togo
Lomé, le 15 janvier 2018. Siège national de la BCEAO au Togo.
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Une telle décision de la BCEAO pourrait avoir un impact majeur sur les marchés financiers régionaux et reflète la tendance globale au resserrement monétaire des banques centrales mondiales.

La Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) pourrait procéder à une nouvelle augmentation de ses taux directeurs lors de sa prochaine réunion de politique monétaire, prévue en juin 2023, selon les anticipations d’UMOA-Titres. Si cette hausse se confirme, ce sera la cinquième augmentation en un an, reflétant une tendance globale de resserrement monétaire chez les principales banques centrales, telles que la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine (Fed).

Depuis juin 2022, la BCEAO a augmenté ses taux directeurs à quatre reprises, cherchant à contrôler l'inflation, préserver les réserves de change et stabiliser la croissance économique. La dernière hausse en date était en mars. La Banque centrale avait alors porté son taux directeur, le taux de refinancement à 3%.

Bien que l'inflation ait baissé pendant quatre mois consécutifs, elle s'est stabilisée en mars 2023 à un niveau élevé de 5,7%, toujours nettement supérieur à la cible de 3% fixée par la BCEAO. Selon des analystes du secteur, une nouvelle hausse des taux directeurs enverrait un signal fort au marché, indiquant clairement l'engagement de la Banque centrale à contrôler l'inflation et à préserver la stabilité financière. Cela pourrait renforcer la confiance des investisseurs dans l'économie régionale, et ainsi, affecter également le marché des actions, en favorisant potentiellement les investissements obligataires et d'autres actifs financiers moins risqués.

Cependant, cet ajustement monétaire suggère également que la BCEAO n'est pas encore convaincue que la récente tendance à la baisse de l'inflation se poursuivra et craint une hausse à long terme.

Un nouveau tour de vis pourrait être perçu comme « un signe de confiance excessive » dans l'économie de l’union, promise à une croissance de 6% cette année contre 5,5% enregistrée en 2022, d’après le FMI. Selon les prévisions de la BCEAO, en février dernier, le PIB réel de l'UEMOA devrait ressortir à 5,1% au premier trimestre 2023 et 5,3% au deuxième trimestre 2023 après une réalisation de 5,4% au quatrième trimestre 2022. Et ceci, malgré sa politique monétaire très restrictive.

Pour rappel, les précédentes augmentations des taux directeurs ont provoqué une hausse des rendements obligataires et une crise de liquidités sur le marché obligataire souverain. Toutefois, la situation s'est stabilisée depuis avril, grâce à une mesure permettant aux banques d'acheter massivement les titres de leurs actionnaires souverains. Le niveau moyen de couverture des émissions est passé à 157,10% la semaine dernière (première semaine de mai) contre moins de 100% durant tout le mois de mars. Il était déjà à 132% la dernière semaine d'avril), témoignant de l'appétit croissant des investisseurs pour les titres publics.

Une nouvelle augmentation des taux directeurs pourrait être favorablement accueillie par les investisseurs en quête de rendements attractifs sur le marché obligataire. Mais pour les États de la région, déjà coupés des marchés financiers internationaux, les difficultés face à une hausse du coût du financement régional ne feraient que croître. Cette situation pourrait avoir des conséquences sur le financement des déficits budgétaires. Les besoins de financement net des gouvernements sont estimés à plus de 4 300 milliards FCFA (environ 7,2 milliards de dollars) cette année.

D’autre part, les Etats comme le Bénin qui ont réussi à maintenir un taux d’inflation dans la fourchette cible de la BCEAO se retrouvent à subir la hausse des taux directeurs, et le renchérissement des coûts du financement régional.

Fiacre E. Kakpo
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