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Société : Messan, un non-voyant, propriétaire de bornes fontaines

Publié le vendredi 26 mai 2023  |  Agence de Presse Togolaise
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Le handicap physique n’est plus un obstacle à l’exercice de certaines activités. Les personnes handicapées excellent de nos jours dans plusieurs domaines et leur savoir-faire fait tâche d’huile comme le démontre le sieur Messan, un handicapé visuel, à qui, la société « la Togolaise des Eaux » (TdE) a confié la gestion des bornes fontaines à Kandé, chef-lieu de préfecture de Kéran à près de 461,1 km de Lomé.

Anatoukouté Messan, de son vrai nom est un célibataire de 47 ans, il a une corpulence moyenne avec une taille de 1m 70 environ. Victime de la cécité en 2002 alors qu’il faisait la classe de 3e, le sieur Messan a dû abandonner les classes par manque de moyens et de soutien.

Le déclic dans ma vie commença à partir de 2006, se souvient-il encore : Lors d’un séjour de 2 semaines à Lomé pour une campagne d’évangélisation de l’association religieuse des Témoins de Jéhovah dont je suis membre, j’ai échangé avec des européens ayant également participé à la croisade. A la veille de leur départ, ils m’ont financièrement assisté avec une somme de 20.000 FCFA afin que je puisse subvenir à mes besoins en attendant de trouver un job.

Quelques jours plus tard, de retour à Kantè, je me suis rendu à la direction préfectorale de la Régie des Eaux, actuelle TdE pour signer un contrat de gestion de borne fontaine. Portant des lunettes noires et tenant une canne blanche, quelques agents se sont moqués de moi en estimant que je ne pouvais pas mener cette activité. Armé de courage, j’ai alors demandé au chef d’agence d’antan C. R, de m’accorder une chance. On m’informa que le coût du contrat est de 20.000 FCFA, juste l’équivalent de ce que mes amis européens m’avaient donné.

En 2007, il a décroché ce premier contrat relatif à la gestion d’une borne fontaine au quartier Anatoua. L’essai de 2 mois a été concluant, ce qui lui a valu un second contrat. Alors qu’un manquant de 116.000 FCFA a été constaté dans la mauvaise gestion d’une fontaine au quartier Atétou, il a été sollicité par les services de la direction préfectorale de la TdE en 2012.

Admiré par les agents du centre préfectoral de la TdE, ce non-voyant est devenu un gérant exemplaire, fidèle et assidu dans ses comptes et à aucun moment, il n’y a eu de coupures d’eau à son niveau grâce au payement régulier de ses factures, témoigne le personnel.

Le quotidien de cet handicapé visuel, membre de l’Association locale des personnes vivant en situation de handicap visuel (APVHV), est sans repos. Il raconte : ma journée commence autour de 4H30 min. Je me rends à la borne fontaine très tôt, pour servir de l’eau à mes clients, particulièrement aux femmes qui viennent s’approvisionner dans le but de vaquer à leurs occupations commerciales. Ce chrétien engagé dans la société est membre de l’Eglise des Témoins de Jéhovah du quartier Barrière.

Les difficultés ne manquent pas dans ce secteur d’activité. En plus de sa situation de handicap, Messan déplore le fait que certaines clientes trichent sur la contenance des récipients qu’elles apportent.

M. Messan avoue que la gestion de borne fontaine n’est pas une tâche aisée. Il souligne que malgré ma situation de personne vivant avec un handicap visuel, je m’y donne avec plaisir. J’exerce ce travail toute la journée jusqu’à 18h, heure de fermeture de la fontaine. D’un air souriant, il confie : grâce à ma détermination et ma rigueur, je gère 2 bornes fontaines à Kantè depuis 16 ans déjà.

M. Messan relève qu’ au fil des années, la gestion de borne fontaine devient de plus en plus difficile à cause de la pénurie récurrente d’eau dans la ville ainsi que des extensions de la TdE ou même des forages implantés à domicile. Un secteur d’activité rentable, reconnait ce propriétaire qui songe changer de métier si une occasion s’offre à lui pour faire d’autres expériences. Pour l’instant, il s’adonne à cœur joie à ce travail, car pour lui, vivre en situation de handicap ne doit pas être une fatalité.

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