Togo-Lancement du 9ème Congrès panafricain : Si les Africains étaient panafricains pourquoi donc l’Afrique n’est-elle pas déjà un État Fédéral Panafricain ?
Le Togo vient de lancer avec brio, les préparatifs du 9ème Congrès panafricain le 22 mai 2023 à Lomé. L’événement a vu la présence de différents acteurs dont l’engagement pour la renaissance, la reconnaissance et le respect de l’Afrique ne souffre d’aucune ambiguïté. On cite notamment Claudy Siar (chef d’entreprise, chanteur, journaliste et animateur) Tiken Jah Fakoly (chanteur engagé) Lilian Thuram (footballeur et activiste charismatique de la lutte contre le racisme anti-africain) Doudou Diène (diplomate international des droits de l’homme, ancien rapporteur spécial de l’ONU sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance.)
À la fin de la cérémonie, des voix s’élèvent pour critiquer le pouvoir équivoque du Togo et balayer sa crédibilité d’abriter une rencontre panafricaine.
Dans une sortie précédente, nous avons établi un argumentaire qui conclut que les Africains doivent absolument aller au-delà de ces critiques et faire du 9ème Congrès panafricain, une occasion en or de relancer définitivement le grand chantier de la concrétisation de l’idéal panafricain.
Ici, nous voulons booster cet appel à la participation citoyenne panafricaine et demandons à tous les Africains de répondre à cette question centrale:
Si les Africains étaient des panafricains, pourquoi donc l’Afrique n’est-elle pas déjà un État fédéral panafricain ?
Il faut rappeler que le mouvement panafricain a été lancé dans les années 1900 par la Diaspora africaine occidentale. Les pionniers panafricains ont voulu faire du panafricanisme, l’art de vivre africain ; la solidarité individuelle et collective entre Africains partout dans le monde en est le point central.
L’art de vivre africain, c’est la solidarité sociale et sociétale entre les Africains partout dans le monde.
L’art de vivre africain, c’est la fierté culturelle d’être Africain; c’est de porter la culture africaine partout dans le monde et de la faire évoluer au contact des autres cultures.
L’art de vivre africain, c’est de faire une économie qui transforme l’Africain en être libre, parce qu’il consomme africain ; c’est une Afrique qui entreprend ses propres recherches scientifiques, développe sa médecine, construit ses propres avions, fabrique ses propres matériels de guerre, assure sa propre sécurité.
L’art de vivre africain, c’est de penser une politique de gouvernance interne et externe par l’Africain lui-même et à la lumière de ses réalités ; c’est de faire de l’Afrique, le moteur de la gouvernance mondiale.
Quand on observe l’Africain partout où il se retrouve, peut-on affirmer qu’il adopte réellement cet art de vivre?
La réponse à cette interrogation est clairement non.
Au niveau social et sociétal, la diaspora africaine se dédit et s’entredéchire. « Elle s’est mise d’accord pour ne pas être d’accord sur rien du tout. » Les rares initiatives de solidarité portées ici et là sont rapidement sabotées. Elle détourne son regard de sa sœur et de son frère dans les rues de Zürich, boycotte les rares magasins communautaires de Paris et va plutôt faire ses commissions dans les boutiques turques et asiatiques.
Au niveau identitaire, l’Africain est complètement perdu et rase les murs quand il doit porter fièrement son cheveu naturel, son nom ou son boubou. La viande avariée de chawarma libanais remplace la sauce de gombo et les fesses nues qui balancent sur Tiktok déchirent complètement les pagnes traditionnels.
Au niveau économique, les terres africaines sont bradées par les Chinois et les Africains ont gravement faim sur leur propre sol.
Au niveau politique, l’Afrique est complètement lessivée par un système politique léviathanique, où les élections deviennent des rites populaires suicidaires organisés par des sectes politiques, eux-mêmes diablement empruntés par de terribles gourous. Les putschs militaires sur fond d’imposture panafricaine se vendent à un centime aux populations et finissent le travail de génocide politique entretenu sur le continent depuis les années 1960.
L’Africain est ainsi paniqué, se trouve dans un embarras psychologique profond dès lors qu’il doit s’affirmer.
Dans ces conditions, il ne peut prétendre être panafricain, c’est-à-dire un homme libre. Et ce ne sont pas la prostitution intellectuelle agrémentée par des « live » d’un soir sur les réseaux sociaux, les virées nocturnes solitaires chez Poutine, Maduro, Che, Castro, le coup de gueule ou les tribunes populistes incendiaires à Bamako de même que les bavardages à n’en point finir qui font du panafricanisme
L’Africain n’est pas panafricain tout court et quand il qualifie le régime spécial de Lomé d’anti-panafricain, c’est qu’il renvoie à lui-même, le miroir sa propre noyade panafricaine, de sa propre thèse.
On ne naît pas panafricain ; on le devient et tous les Africains aussi bien à l’intérieur du continent que dans la diaspora doivent sortir de leur bassine de bain pour bébé, poser leurs premiers pas d’apprentissage de la marche panafricaine à Lomé, participer activement au Congrès et grandir ensemble en vrais panafricains. Car, «tout ce qui est fait pour eux, sans eux est contre eux. » Nelson Mandela