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Togo- Pourquoi seulement qualifier le Kabyè et l’Ewe de langues nationales ?

Publié le lundi 29 mai 2023  |  iciLome
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© aLome.com par Edem Gadegbeku et Jacques Tchakou
Vue du centre-ville de Lomé
Lomé, le 02 mai 2018. Vue du centre-ville de Lomé depuis un immeuble.
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Le mauvais usage des mots par des dirigeants politiques est l’illustration d’une certaine faiblesse conceptuelle et de motivations sournoises. Deux langues ont été proclamées “nationales” en 1974, sous la dictature militaire de Gnassingbé Eyadéma. Les critères de cette proclamation ne nous intéressent pas ici.

À PROPOS DES “LANGUES NATIONALES” AU TOGO : DE L’USAGE IMPROPRE DU MOT NATIONAL

Le dictionnaire nous explique le sens du mot nation: groupe humain ayant une origine commune, groupe humain possédant un territoire et constituant une communauté politique, mot parfois synonyme de peuple et qui s’oppose à étranger, etc. Donc l’adjectif national nous renvoie à la nation.

Le Togo est un pays artificiel aux frontières dessinées par les colons allemands. De ce fait, ont été réunis manu militari des peuples qui n’ont rien demandé à personne. Quarante et une ethnies, ça nous fait quarante et une langues.

La bêtise des décideurs politiques d’alors a été le choix du vocable national. En qualifiant deux langues de nationales, cela voudrait-il dire que les trente-neuf autres sont étrangères ? Le moba, le losso, le pla-péda, le lamba, l’akébou, le fon, le mina, le tchokossi, l’adja… seraient-elles des langues plus étrangères que le français, par exemple ? Proclamer deux langues nationales, revient à proclamer trente-neuf langues étrangères au Togo. La logique est implacablement linguistique et sémiologique. Tout ce qui n’est pas national est étranger. Nous reconnaissons que ce n’était pas l’objectif de ces dirigeants qui ont eu une telle désinvolture avec le vocabulaire de la langue française, une langue étrangère pour nous qui sommes des colonisés. Ne possédaient-ils pas de dictionnaires ? Ce n’est pas étonnant lorsque l’on a dirigé un pays à coups de chicotte et de slogans mensongers tout en tordant le cou à l’histoire par un narratif controuvé et du négationnisme.

Il faut que les successeurs du dictateur, tout aussi rétifs à la démocratie, rectifient le tir en corrigeant cette faute de français par respect pour les autres langues togolaises.

Au lieu de national, ils doivent requalifier les deux langues erronément qualifiées de nationales puisque toutes les langues togolaises le sont aussi.

Parlons juste pour dire le vrai.

Ayayi Togoata APÉDO-AMAH
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