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Art et Culture

Kozah/ evala édition 2023 : entre rites initiatiques et compétitions

Publié le samedi 15 juillet 2023  |  Agence de Presse Togolaise
Luttes
© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Luttes traditionnelles Evala en pays kabyè, cuvée 2016
Kara, juillet 2016. Région de la Kara, Préfecture de la Kozah. Finales des luttes Evala à Pya, Tcharè et Lama en présence de plusieurs natifs de la Kozah, parmi lesquels figurait le Président Faure E. K. Gnassingbé.
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Les luttes traditionnelles Evala se tiennent chaque année au mois de juillet principalement dans la préfecture de la Kozah, fief du peuple kabyè. Originellement initiatiques, ces luttes traditionnelles sont devenues avec le temps une fête culturelle d’envergure nationale, qui se déroule durant toute une semaine dans la région de la Kara, située à environ 450 km de Lomé. Ce dossier aborde la lutte et le rite initiatique.

Pratique de la lutte Evala

L’encadreur de lutte, Kagnaya Bassé résidant à Pya Hodo relève qu’à l’origine, les combats qui pouvaient durer plusieurs heures se pratiquaient avec une chicotte et un bâton fourchu. A l’aide de ces deux objets, les adversaires se combattaient en se frappant simultanément jusqu’à ce que l’un fasse tomber ou renverser l’autre, épuisé par les coups reçus. Lorsque celui-ci tombe, le vainqueur se précipite sur lui et s’assied sur sa poitrine et c’est à cet instant précis, que l’arbitre (chef de la communauté) déclare la fin de la partie.

Selon le prêtre traditionnel de Lama Makoudè, Awi Kpatcha, les luttes dans les années 80 ne se faisaient pas comme on le voit aujourd’hui sous la forme de compétitions inter-villages ou cantons. Même dans les années plus récentes, ajoute-t-il, les luttes se pratiquaient au sein des mêmes clans, quartiers, villages et des cantons pour régler non seulement les conflits interpersonnels mais aussi pour permettre aux jeunes initiés de se défendre en cas d’attaques. Il précise enfin que c’est vers les années 90, que les luttes Evala sont devenues modernes, avec la notion de compétitions organisées entre les premiers de chaque canton. C’est le cas nommément de la super coupe des Evala, une compétition qui permet aux meilleurs lutteurs de chaque canton pour s’affronter au lendemain de l’apothéose des luttes traditionnelles. Cette compétition dote le gagnant de prix généralement composé de motos, d’enveloppes financières et autres gadgets, a-t-il fait savoir.

Au-delà de l’initiation, l’organisation actuelle a incorporé aux rituels un côté festif qui crée un spectacle magnifique à chaque célébration.

Evala, un rite initiatique

Une cérémonie rituelle à dimensions multiples, Evala est la première dans l’ordre et l’une des grandes manifestations initiatiques. Elle consacre non seulement le passage de l’adolescence à l’âge adulte, mais également l’affirmation de l’identité culturelle du jeune kabyè.

Le chef village de Pya-Lao, Tchala Danguiyou, la soixantaine souligne que la finalité première du rite Evala est d’habituer le jeune Kabyè à l’endurance, au courage, à l’abnégation et au stoïcisme dont l’aspect culturel est rehaussé par les sacrifices que l’initié doit consentir : le jeûne et l’abstinence sexuelle qui sont des signes extérieurs du défenseur de la cité. Ainsi, le rite initiatique est constitué d’attrapades, d’internements et d’autres cérémonies bien plus éprouvantes que le jeune doit subir.

Après l’étape initiatique, les luttes mettent aux prises deux équipes évoluant en série de quatre ou cinq pour des combats spectaculaires dans une arène préparée à cet effet. Les lutteurs s’affrontent torses nus, sous le regard des parents, amis et curieux venus les encourager aux sons des cors, des gongs, des castagnettes, des tam-tams et chants révélateurs. Plusieurs phases d’affrontement entre les camps en lice permettent au final de proclamer les vainqueurs selon le nombre de victoires remportées sur l’ensemble de la partie.

La présence des sages de la communauté qui veillent au respect du règlement et assurant la direction de l’arbitrage des luttes, révèle l’aspect traditionnel de la cérémonie.

M. Awadé Kemewabalo, notable à Pya Akéi, précise qu’en début comme à la fin des Evala, les prêtres traditionnels appelés « Tchodjo » font une tournée dans les lieux sacrés, essentiellement les sanctuaires que l’on retrouve dans les forêts et grottes, pour remercier les mannes des ancêtres d’avoir permis un bon déroulement des rites initiatiques.

Parlant des règles de lutte Evala, l’encadreur Bassé explique que la lutte à l’instar de certains jeux, a des règles aussi basées sur le fair-play, le respect des arbitres et de son adversaire.
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