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TOGO: Les résultats définitifs entachés de nombreuses irrégularités et magouilles
Publié le mardi 11 mars 2014  |  Liberté hebdo


© Autre presse par DR
Yark Damehane, ministre de la sécurité et de la protection civile.


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Lorsque les tripatouillages
atteignent des secteurs censés incarner des valeurs morales, c’est tout
le système de recrutement au Togo qui est remis en cause. Nous avions
annoncé les signes précurseurs d’une magouille qui se préparerait en
rapport avec le dernier concours de la Police nationale. Aujourd’hui,
les faits nous donnent raison. La vérification de la liste des admis au
concours de la Police nationale pour le recrutement de Commissaires,
Officiers de Police et Gardiens de la Paix, a révélé qu’au moins 45 noms
d’admis ne figurant pas dans la liste des admissibles publiée par le
quotidien national le 15 novembre 2013 sont déclarés admis comme par
enchantement.
Les 9 et 10 septembre 2013, ils étaient
plus de 8.000 candidats à concourir pour des postes de Commissaires,
Officiers de Police et Gardiens de la Paix dans deux centres que sont
Lomé et Kara. Et le 15 novembre de la même année, les résultats des
candidats admissibles à passer la visite médicale pour juger de leur
aptitude à exercer la fonction étaient tombés. Au total, 2588 candidats
étaient retenus et devraient passer cette visite quatre jours plus tard,
soit le 19 novembre.
Dans la parution N°1609 du 7 janvier
2014, LIBERTE avait tiré la sonnette d’alarme sur le retard anormal que
prenait la publication des résultats définitifs de ce concours
conjointement organisé par le ministère de la Fonction Publique dirigé
par Gourdigou Kolani et celui de la Sécurité et de la Protection Civile
ayant à sa tête le Col Yark Daméhame. Dans ce numéro, nous nous
étonnions que près de cinquante jours après la visite médicale, les
résultats ne soient toujours pas proclamés. Nous avions même contacté le
ministre Yark Daméhame qui, en ce temps, avait répondu que « le
retard est dû à l’indisponibilité actuelle du Centre national
d’Instruction qui serait occupé par des recrues militaires en formation.
Or, les capacités de ce centre ne dépassent pas 1500 places, raison
pour laquelle les résultats sont retardés puisqu’après la proclamation,
les candidats admis devront intégrer les locaux de formation ». Or, nous avions des informations selon lesquelles une ministre très proche du chef de l’Etat chercherait à « placer ses pions
» alors que ceux-ci n’auraient même pas déposé de dossiers. Les
informations font état de ce que ceux-ci n’auraient pas passé les tests
ni subi les analyses, leur âge ayant dépassé la norme requise. La
proclamation des résultats définitifs vient confirmer aujourd’hui nos
appréhensions d’hier.
En effet, dans le N° 9238 du quotidien
national en date du 5 mars 2014, un communiqué conjoint des deux
ministres a acté la réussite de 1038 candidats à l’issue de la visite
médicale : 125 Commissaires, 160 Officiers de Police et 753 Gardiens de
la Paix. Rappelons que la veille de la publication, nous nous sommes
rendus au ministère de la Sécurité où le chargé de la communication nous
a juré que la liste des admis n’a fait que transiter à leur niveau et
qu’elle se trouve à la Fonction Publique. Nous étions retournés au
ministère de la Fonction Publique où on nous a expliqué que dans ces
genres de concours conjointement organisés, ils n’ont qu’un droit de
regard et que dans le cas d’espèce, c’est le ministère de la Sécurité
qui détient les résultats. Nous avons finalement compris que seuls les
médias publics avaient le droit absolu de publier ces résultats et que
les privés n’étaient pas les bienvenus. Mais ce constat était loin de
tiédir notre ardeur à « voir clair » dans la liste des admis.
C’est ainsi qu’une fois la liste publiée
par le quotidien national, nous nous sommes livrés à un travail de
fourmi qui consiste à comparer chaque nom de candidat définitivement
admis publié dans la parution N°9238 avec la liste des candidats
admissibles du N° 9162 du 15 novembre 2013 du quotidien national « Togo-Presse ».
Point besoin de vous dire que le travail fut fastidieux, mais au bout
du compte, nous avons compris que le jeu valait la chandelle. Au total,
ce sont au moins 2 commissaires, 8 Officiers de Police et 35 Gardiens de
la Paix dont les noms ne figurent pas dans la liste des admissibles qui
sont déclarés admis. Autrement dit, ils n’étaient pas déclarés
admissibles, mais par une alchimie métaphysico-spirituelle, ils se
retrouvent dans les admis définitifs. Les deux ministres voudront-ils
peut-être expliquer que comme lors des examens, il y aurait eu une
session des malades dont les admissibles ne seraient pas connus du
quotidien national et qui se seraient ajoutés à la liste définitive bien
après ?
Les informations faisant état de
partialité, de favoritisme, de népotisme dans les concours de
recrutement dans la fonction publique, ne datent pas d’hier. Il fallait
justifier toute sortie médiatique qui mettrait en cause quelque
ministère que ce soit. Nous nous sommes employés à exploiter
exclusivement les résultats que les deux ministres ont conjointement
signés et remis au quotidien national pour publication. Et
l’intelligence n’étant pas l’apanage d’un seul homme ou groupe d’hommes,
nous avons jugé utile de comparer ce qu’ils avaient signé le 15
novembre 2013 et le communiqué du 5 mars. De là à se demander si les
responsables qui ont géré ce concours n’ont pas fait preuve de
partialité vis-à-vis d’une frange des candidats, la réponse se trouve
dans l’interrogation.
Aujourd’hui, c’est au sein de la Police
nationale que la magouille s’est sue. Et pourtant, les concours d’entrée
dans la Fonction Publique et autres écoles de formation telles l’ENA,
l’ENAM, l’ENI, l’ENS, l’ENSF, l’INFA sont légion. Comment les citoyens
doivent-ils s’y prendre pour démasquer ce qu’il est convenu d’appeler
une « bassesse intellectuelle » lors des différents concours sur l’étendue du territoire ? Retenons simplement que « le poisson pourrit toujours par la tête ». Affaire à suivre.
Abbé Faria LIBERTE HEBDO

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