L’orange est un fruit très consommé par des Togolais. On la retrouve dans toutes les régions du pays, et son commerce est une activité génératrice de revenus pour les femmes ces dernières années.
En effet, on voit souvent au bord des routes, sur les artères des quartiers ou dans les marchés, les femmes, assises devant leurs étalages d’oranges, ou les transportant sur la tête, se promenant pour les vendre. Elles sont parfois ignorées, très peu considérées. Pourtant ce commerce leur permet de joindre les deux bouts et de prendre soin de leur foyer. La vente des oranges semble banale aux yeux de la plupart des citoyens, mais celles qui la pratiquent savent très bien ce qu’elles en tirent comme bénéficie.
Nous sommes allés à la rencontre de Mme Nouboukpo Abla, une femme battante qui est dans ce domaine depuis 1999. Dame Nouboukpo est mère de cinq enfants. Elle fait partie des premières femmes à embrasser ce commerce au Togo.
Ses débuts
Mme Nouboukpo, 66 ans, a débuté le commerce des oranges avec une somme de 150.000 FCFA. Elle allait dans les villages du Bénin pour s’en procurer. En ce temps, le prix d’un camion, communément appelé « bâché » était à 250.000 FCFA. Sur négociation, elle prenait le camion à crédit auprès des fermiers et remboursait après la vente. Après cinq mois de vente, dame Nouboukpo a commencé par acheter le camion d’orange en payant au comptant. Ce fut l’occasion pour elle de découvrir certains villages du Bénin comme Adja Dogbo, Adja Klinkamé, Wègbo, Mono Koufo ou Alada pour l’achat des oranges.
Mme Nouboukpo a précisé qu’il y a trois variétés d’oranges, notamment les oranges ordinaires, les oranges greffés (qui ont la forme d’une mandarine) et le tangelo qui a la peau fragile mais très douce. Elle a fait savoir que les prix dépendent des saisons mais le mois de septembre est le mois où les fruits abondent sur le marché et les prix sont abordables. Elle a dit que le mois de janvier est la période où elle s’approvisionne au Ghana et en Côte d’ivoire, et parfois dans la région des Plateaux au Togo.
Son évolution
Au bout de cinq ans, elle a commencé par charger trois camions pour son propre compte. Au fil des années, les prix ont commencé à grimper et sont passés de 250.000 FCFA à 300.000 et voir même 350.000 FCFA. Elle souligne qu’aujourd’hui, le prix du bâché varie entre 500.000 à 1.000.000 FCFA. Elle a rappelé que ce commerce est bien rentable si les fruits ne pourrissent pas.
« Nous sommes parfois endettés à cause des fruits pourris mais certaines fois nous avons des bénéfices surtout au moment du carême (période de Ramadan) parce qu’en cette période, le prix des oranges monte et nous profite énormément. Dès fois nous remettons l’argent aux fermiers d’avance pour qu’ils entretiennent les orangers pour qu’à l’achat cela nous reviennent moins chers », a-t-elle ajouté. Selon elle, ce commerce est fructueux. Malgré ses débuts modestes, elle est aujourd’hui l’une des grands fournisseurs dans la préfecture d’Agoé-Nyivé.
Mme Nouboukpo a indiqué qu’à ce jour, c’est elle qui contrôle presque tout le marché des oranges avec l’accord des fermiers producteurs. Elle a aussi rappelé que presque tous « les bâchés » qui viennent livrer les oranges lui appartiennent. Dame Nouboukpo a souligné qu’à chaque vente, elle a un bénéficie de 50.000 à 100.000 FCFA. Elle a confié qu’elle est l’une des grossistes de Lomé.
Les difficultés rencontrées
Ses voyages vers les pays voisins où elle ne connaissait personne n’ont pas été facile. Etant mariée, elle passait des jours à l’extérieur avant de revenir au pays et cela n’est pas sans préjudice sur la vie conjugale.
Par ailleurs, elle a eu plusieurs accidents, qui ont provoqué la perte de ses marchandises. En 2017, l’une de ses voitures a pris feu suite à un accident. Mais confiante, elle s’est relancée dans ce commerce. Elle compte mettre fin à ses voyages à la fin de l’année 2023 pour laisser sa progéniture continuer.
Avantages
A ce jour, elle compte plus d’une dizaine de bâchés enregistré en son nom. Elle a dit avoir initié une trentaine de filles de son village au commerce de ce fruit qui rapporte énormément. Grâce à ce commerce, elle assure aisément l’éducation de ses enfants et a, à son actif plusieurs maisons à Lomé. Elle a rappelé qu’elle a plus de 4 dépôts d’oranges et la grande partie est géré par sa fille ainée et sa belle-fille.
Mme Nouboukpo a affirmé avoir contribué à mettre en place un groupement de fabrications de savon dénommé « Lonlon » dans son village. Elle a pris en charge 3 orphelins. La revendeuse d’orange dispose d’une ferme agricole qui utilise 10 jeunes comme employés. Elle a indiqué qu’elle fait des dons de vivre aux orphelinats chaque année.
Dame Nouboukpo, une femme de cœur lance un appel aux femmes qui n’ont pas encore une activité génératrice de revenus de faire un effort pour se lancer dans le commerce des oranges, qui est une activité que certaines personnes banalisent.
Une femme appréciée dans son entourage
Mme Abla est une femme battante, vertueuse et croyante, a témoigné M. Adéti Kokou. « Je l’ai connue il y a plus de 30 ans et le début n’a pas été facile pour elle, mais au fil du temps, elle a commencé à évoluer dans son commerce. Dame Abla m’a plusieurs fois porté assistance et quelque fois, elle m’a prêté de l’argent quand j’avais des problèmes financiers », a raconté M. Adéti. « Vue ma situation financière, j’ai demandé à Mme Abla d’initier ma femme dans son activité. Celle-ci n’a pas hésité et aujourd’hui, je peux dire que grâce à Abla, ma femme a un dépôt d’orange. Grâce à ce commerce, elle me soutient financière à la maison », a relaté cet homme qui a bénéficié de la générosité de Mme Nouboukpo. Tout comme lui, plusieurs personnes dans le quartier, tirent profit de la largesse de cette dame qui n’hésite pas à inscrire des enfants démunis à l’école et à partager chaque fin d’année, des cadeaux aux enfants.
Mme Dansi Brigitte, témoigne pour sa part qu’elle est arrivée récemment dans le quartier mais elle a remarqué le comportement exemplaire de Mme Abla. « J’ai constaté qu’elle ne tolère pas le vol, surtout quand ça vient des enfants qui vivent chez elle. Sa maison a été vidée une fois par des voleurs et, depuis ce temps quand elle entend « au voleur », elle demande d’appeler la police », dit-elle.
L’orange, un fruit riche en vitamine C
L’orange est un fruit riche en vitamine C, ses fibres permettent de réguler le taux de cholestérol et triglycéride dans le sang. C’est aussi une bonne source d’antioxydants protecteurs, bénéfiques pour la santé du cœur. Elle prévient les calculs rénaux et l’anémie ferriprive et favorise une meilleure fonction cérébrale. Des études suggèrent que ces composés phytochimiques aident à soutenir l’organisme et protègent contre des infections telles que les maladies cardiaques et le cancer. Ces composées auraient également des effets anti-inflammatoires, antiviraux et antimicrobiens. L’orange limite les risques d’athérosclérose.