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Togo : il faut « discerner » ce qui est « compatible » avec la foi chrétienne dans les pratiques culturelles

Publié le lundi 20 novembre 2023  |  Icilome
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© Autre presse par DR
Mgr Nicodème Barrigah-Bénissan, Archevêque de Lomé
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Alors que certains panafricanistes appellent les peuples africains à rejeter la foi chrétienne en prônant le retour aux sources ou aux traditions africaines, Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, archevêque de Lomé, appelle à « reconnaître dans nos cultures et pratiques ancestrales ce qui est compatible avec la foi chrétienne et ce qui ne l’est pas ».

Pourquoi avoir choisi le thème « évangélisation face à nos cultures : défis et opportunités » pour l’année pastorale 2023-2024 dans votre diocèse.

Il s’agit pour nous de voir comment nous pouvons aujourd’hui vivre pleinement notre foi chrétienne de manière « authentiquement » africaine. En réalité, la question du « comment vivre la foi chrétienne dans une culture ? » n’est pas nouvelle, puisqu’elle s’est posée dès le début de l’ère chrétienne, aux toutes premières communautés. Le concile de Jérusalem en atteste : il a été question de savoir si la foi en Jésus était suffisante pour être sauvé ou s’il fallait également imposer les règles traditionnelles du judaïsme aux nouveaux convertis.

Cependant, cette question est devenue cruciale aujourd’hui pour nous en Afrique car au moment de la revendication de notre identité et de la lutte pour la libération du joug colonial, il est difficile pour les Africains de faire fi du contexte historique dans lequel cette foi nous est parvenue.

Comment expliquer la résurgence des courants de pensées qui prônent le retour aux traditions ancestrales au détriment du christianisme ?

Depuis un certain temps, dans les milieux dits « panafricanistes » circulent de plus en plus des messages appelant les peuples africains à rejeter la foi chrétienne, sous prétexte que celle-ci serait contre les cultures africaines. C’est dans ce contexte que certains panafricanistes et certains jeunes prônent un retour pur et simple aux pratiques et religions ancestrales qui seules pourraient permettre aux Africains de réaliser leur aspiration à la liberté ainsi que le développement du continent.

Le désir de retourner aux cultures ancestrales est essentiellement une réaction contre la diabolisation des cultures. En effet, portés par la mentalité de leur temps et leur ignorance de nos cultures, de nombreux missionnaires ont pensé que tous nos rites et traditions étaient diaboliques. Il fallait donc y renoncer avant de se faire baptiser. Il faut le reconnaître et en demander humblement pardon.

Heureusement, de tels préjugés ont été levés même s’il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à une réelle inculturation en discernant ce qui, dans nos cultures et pratiques ancestrales, est compatible avec la foi chrétienne et ce qui ne l’est pas. Telle est d’ailleurs la tâche qui nous revient en tant que pasteur mais aussi en tant que fidèles chrétiens laïcs.

Quels sont les risques et les opportunités pour l’Église ?

De telles pensées pourraient pousser certains au syncrétisme, voire à la renonciation à leur foi chrétienne. Mais j’y vois plutôt une opportunité. En effet, c’est une aubaine pour poursuivre et approfondir les initiatives d’inculturation de l’Évangile dans nos pays.

Nos cultures (africaines, NDLR) reconnaissent l’existence d’un Dieu unique dont le nom varie d’une culture à une autre, par exemple au Togo Mawu Kitikata, Esso, Yendu, entre autres. Même si, ne se sentant pas dignes de l’approcher, elles préfèrent passer par des intermédiaires que sont les divinités. C’est par rapport aux divinités que l’Église est réservée.

Nos cultures sont aussi porteuses de beaucoup d’autres valeurs spirituelles, morales, sociales, culturelles, politiques qu’il nous faut préserver précieusement et promouvoir parce qu’elles ne s’opposent pas du tout à la foi chrétienne. Reconnaissons, cependant que tout dans nos cultures n’est pas compatible avec l’Évangile.
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