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« Fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest », un projet de lutte contre les carences en micronutriments

Publié le mercredi 29 novembre 2023  |  Agence de Presse Togolaise
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© Autre presse par DR
« Fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest », un projet de lutte contre les carences en micronutriments
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La carence en micronutriments constitue un problème courant en Afrique de l’ouest. Elle a un impact important sur la santé de la population. La carence en vitamine A, l’anémie due au manque de fer et les troubles liés au manque d’iode figurent parmi les principales carences en micronutriments les plus préoccupantes pour la santé publique dans le monde. La vitamine A aide essentiellement à la prévention de la cécité infantile et à la protection du système immunitaire. Le fer permet de prévenir l’anémie tandis que l’acide folique aide à prévenir les anomalies congénitales du tube neural.

Ces carences, même modérées peuvent nuire gravement au fonctionnement de l’organisme humain. En plus de ses effets visibles et directs sur la santé humaine, la malnutrition par carence en micronutriments a des répercussions profondes sur le développement économique et social.

Et, pour apporter sa contribution à la lutte contre ces fléaux, Catholic Relief Services (CRS) a initié le projet de « Fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest » de 18 mois (30 juin 2022 au 31 décembre 2023), grâce à un financement de la Fondation Bill & Mélinda Gates estimé à hauteur de 2.000.000 de dollars US (soit 1.372.800.000 FCFA).

Ce projet qui prend fin cette année, continue par soutenir les efforts des pays et des institutions de la sous-région. Le dernier en date est le mémorandum d’attente que CRS a signé, le vendredi 24 novembre à Lomé, avec l’Association des industriels de la filière des oléagineux de l’Union économique et monétaire ouest-africain (UEMOA) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) (AIFO-UEMOA-CEDEAO) et l’atelier de redynamisation du Comité national pour la fortification des aliments (CNFA) organisé du 7 au 9 novembre à Kpalimé (Togo). Quels sont les objectifs du projet et ses actions au Togo.

Lutte contre la malnutrition chez les personnes vulnérables

En Afrique de l’Ouest, la malnutrition représente une menace sérieuse pour la santé humaine et le développement économique. Une femme sur deux en âge de procréer est anémique et présente des carences sérieuses en micro-nutriments clés tel que le fer, la vitamine A, le zinc, le folate et l’iode. Un enfant de moins de 5 ans sur trois souffre d’un retard de croissance et 15 % des nourrissons ont un poids insuffisant à la naissance.

Pour le conseiller technique régional Santé et Nutrition de CRS, Mawuli Sablah, la dépendance à l’égard d’un régime alimentaire monotone est élevée, près de 15% des populations sont sous-alimentées et 78% des enfants de moins de deux ans n’atteignent pas la diversité alimentaire minimale. Toutefois, dit-il, CRS reconnait que la résolution de ce problème est complexe et ne peut être réalisée qu’à travers une approche multi-sectorielle et intégrée entre les acteurs, avec un engagement total des secteurs public et privé aux côtés des organisations non gouvernementales, des donateurs et d’autres acteurs clés.

Promouvoir des aliments enrichis en micronutriments

CRS en collaboration avec la Fondation Bill et Melinda Gates (BMGF) ont commencé en juin 2022 la mise en œuvre de ce projet pour étendre et améliorer l’enrichissement des aliments à grande échelle en Afrique de l’Ouest.

Fondée en 2000 aux Etats-Unis, la BMGF contribue à améliorer les conditions de vie et de santé des populations. L’initiative Large-Scale Food Fortification (LSFF) (Enrichissement des aliments à grande échelle) est l’un des premiers axes de la stratégie de nutrition de la Fondation Bill et Melinda Gates sur le développement des capacités du secteur public pour une fortification efficace des aliments à grande échelle. Elle a soutenu l’intégration du LSFF dans les programmes d’alimentation et de nutrition existants. Grâce au soutien financier de la fondation, CRS cherche à renforcer la capacité du secteur public pour que les programmes de l’enrichissement des aliments à grande échelle soient ciblés, efficaces et intégrés dans les politiques et stratégies de sécurité alimentaire et nutritionnelle existantes ainsi que dans les cadres réglementaires qui les régissent.

Les objectifs régionaux du projet LSFF visent spécifiquement à faire progresser l’ajout durable de micronutriments aux aliments de base (farine de blé, huile végétale) et aux condiments (sel, bouillons cubes) consommés à grande échelle en Afrique de l’Ouest afin de combler le déficit en nutriments pour les femmes, les filles et les personnes vulnérables.

Renforcement du partenariat sur LSFF en Afrique de l’Ouest

Sablah rappelle que dans toutes ses interventions, CRS travaille avec des partenaires divers, engagés et à plusieurs niveaux-individus, ménages, communautés, secteur privé, société civile, et gouvernement- afin de favoriser le développement à long terme en intégrant des approches qui reconnaissent et répondent aux besoins et aux réalités des populations vulnérables, des organisations et des systèmes locaux. Dans le cadre du projet LSFF, a-t-il souligné, nous pensons que cette approche partenariale offrira un énorme potentiel pour tirer parti des ressources et des capacités des différentes parties prenantes afin d’améliorer la nutrition des populations vulnérables.
Évaluation des partenaires et résultats basés sur des preuves

Le conseiller technique régional Santé et Nutrition de CRS souligne que durant cette initiative de 18 mois, « nous avons conduit principalement des évaluations de capacités sur l’environnement favorable, les systèmes et les processus mis en œuvre par l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS) sous l’égide de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et le ministère de la Santé du Burkina Faso, qui cherchent à remplir leurs mandats dans l’adoption des normes du LSFF. Les évaluations impliqueront de multiples parties prenantes qui seraient conjointement impliquées dans le renforcement du partenariat pour la fortification durable des aliments dans la région de la CEDEAO ».

LSFF est une intervention nutritionnelle rentable et éprouvée qui améliore la santé, le développement cognitif et les résultats scolaires, tous essentiels au capital humain, en particulier lorsqu’ils sont liés à des politiques plus larges de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Les principaux résultats recherchés à travers cette première phase de 18 mois sont : collecte de données probantes, fondés sur des évaluations ciblées des lacunes en matière de capacité des institutions du secteur public en Afrique de l’Ouest à remplir leurs rôles de gouvernance dans la mise en œuvre de la fortification alimentaire régionale de manière efficace et durable ; identification des lacunes techniques de l’OOAS/CEDEAO pour mettre en œuvre des politiques régionales harmonisées et des normes réglementaires pour la fortification des aliments en Afrique de l’Ouest ; identification et traitement des lacunes en matière de capacité institutionnelle du ministère de la Santé du Burkina Faso et d’autres secteurs publics, tout en mettant l’accent sur la gouvernance réglementaire, l’Assurance et contrôle de la qualité (AQ/CQ) numérique et l’application des normes.

M. Sablah a énuméré toutes les conséquences découlant de la malnutrition lors de la signature du protocole d’accord entre le CRS et l’Association des industries de la filière oléagineuse (AIFO-UEMOA-CEDEAO). Il a souligné que les conséquences et carences alimentaires doivent interpeller l’opinion publique pour garantir de façon urgente l’accès à une alimentation équilibrée et nutritive pour tous. A travers ce projet, « notre objectif est clair : joindre les forces de tous les acteurs pour introduire des solutions innovantes et durables en vue d’améliorer la qualité nutritionnelle des aliments de base à travers la fortification à grande échelle dans les chaînes d’approvisionnement alimentaire existantes », a-t-il poursuivi.

Soutien du projet au comité national pour la fortification des aliments

Le Comité national pour la fortification des aliments (CNFA) du Togo créé en 2009, a pour mission de coordonner les activités d’enrichissement des aliments à grande échelle de consommation au sein de la population. Mais « depuis 2018, le CNFA a connu un affaissement dans ses rencontres et fonctionnements » a relevé Dr. Bouraima Mouawiyatou, coordonnateur du CNFA. Il a souligné que c’est pour trouver des réponses à ces manquements qu’un atelier de redynamisation du CNFA a été organisé par CRS avec l’appui de l’OOAS. « A cette rencontre, il s’agit aussi d’énumérer les succès du CNFA, de ressortir ses faiblesses et les défis qui demeurent afin de définir des solutions adaptées pour faire de la stratégie de fortification des aliments, une stratégie importante dans tout le système de lutte contre les carences en micronutriments au Togo », a-t-il indiqué.

Le directeur du projet Food for Education au CRS, Moussa Brehima Sangaré a souligné que le but est d’étendre et d’améliorer la fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’ouest, afin de combler le déficit en nutriments. Il a précisé que l’un des objectifs spécifiques est l’identification des problèmes fondamentaux de la fortification des aliments dans les pays de la CEDEAO.

Selon Elizabeth Ouedraogo, chargée du programme au niveau régional du Projet « Large-Scale Food Fortification (Enrichissement des aliments à grande échelle) auprès du CRS, la situation de la sous-région est quasi la même qu’au Togo : « la première partie de ce projet développée avec d’autres partenaires a connu un succès. Mais il y a eu un relâchement dans tous les pays de la région. Aujourd’hui près de 50% des femmes enceintes et allaitantes sont victimes de carences en micronutriments, notamment en fer et environ un quart des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique. Malgré les efforts, la situation demeure préoccupante. Donc cette phase 2 de ce programme veut se baser sur les acquis déjà enregistrés pour faire avancer la stratégie », a-t-elle relevé. En effet, l’OOAS en collaboration avec CRS et ses partenaires a organisé un atelier régional consultatif public-privé du 26 au 28 juin 2023 en Côte-d’Ivoire sur la fortification alimentaire à large échelle. Après, a suivi la restitution des résultats de l’analyse situationnelle des initiatives de fortification alimentaire y compris le fonctionnement des alliances nationales existantes en la matière. L’un des résultats de cette étude est la non durabilité des alliances nationales de fortification. Lors de cet atelier régional, chaque pays a défini cinq grands axes d’interventions afin de dynamiser les alliances nationales de fortification. Ces actions pouvant bénéficier de l’appui de l’OOAS.

Le président directeur général de NIOTO, 1er vice-président de AIFO, Thierry Awesso a affirmé que « CRS est une organisation qui nous accompagne dans la fortification de nos produits en vitamine A pour lutter contre la précarité, la pauvreté, la malnutrition. Il va nous aider à poursuivre les actions d’enrichissement en vitamine A. L’objectif c’est de renforcer en vitamine A nos produits pour non seulement lutter contre la malnutrition des enfants, renforcer la santé des femmes enceintes et la santé oculaire des personnes âgées. Nous avons un logotype, au niveau de AIFO-UEMOA. Ce logotype enrichi en vitamine A existe sur la totalité des produits qui sont réellement enrichis. Nous avons constaté qu’il y a des fraudes au niveau des cordons douaniers et que des produits non enrichis portent ce logo alors une mission a été mise en place pour la vérification de tous les produits qui circulent sur l’espace et nous avons également à ce niveau sollicité l’appui de l’Etat pour que cela puisse se faire dans de meilleures conditions », a-t-il dénoncé.

Depuis 1943, Catholic Relief Services met en œuvre l’engagement des évêques catholiques et de la communauté catholique des États-Unis afin d’aider les pauvres et les personnes vulnérables à l’étranger. CRS s’efforce de défendre le caractère sacré et la dignité de toute vie humaine en aidant les personnes sur la base de leurs besoins, et non de leurs croyances, de leurs races ou de leurs nationalités.
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