La CEET, la CEB et AMEA Power, opérant toutes dans le secteur énergétique, doivent rembourser un total de 135,3 milliards FCFA à l'État togolais. Cette somme découle d'une série de prêts rétrocédés, un mécanisme financier par lequel l'État, après avoir contracté des emprunts auprès de créanciers internationaux, transfère ces prêts à ces entreprises, leur confiant la responsabilité du remboursement. Ces prêts avaient été octroyés à ces sociétés afin de financer des projets d'infrastructure énergétique d'envergure et soutenir leur trésorerie.
D'après les informations de la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP), l'encours des prêts rétrocédés par l'État a considérablement augmenté ces dernières années. Il a plus que doublé, s'élevant de 63 milliards FCFA en 2020 à 135,3 milliards FCFA à la fin juin 2023, ce qui représente une croissance de 114%.
L'examen des comptes révèle que c'est la Compagnie d’énergie électrique du Togo (CEET) qui a enregistré la plus forte hausse, avec une augmentation de 115,26%, son encours passant de 49,8 milliards en 2020 à 107,2 milliards à la fin juin 2023. La CEB (Communauté Électrique du Bénin) a vu son encours croître de 12,88%, passant de 13,2 milliards en 2020 à 14,9 milliards en 2023. Quant à l'entreprise émiratie AMEA Power, qui développe la centrale photovoltaïque de Blitta, elle a accumulé une dette de 13,2 milliards FCFA à rembourser à l'État à fin juin 2023.
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Les fonds empruntés proviennent des accords de financement signés par le gouvernement. Par exemple, à Tunis en 2018, le gouvernement avait obtenu un prêt de 22 millions de dollars de la Banque Islamique de Développement (BID) pour la CEET. En 2019, le Conseil d’administration de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) avait accordé un financement de 7 milliards FCFA pour la construction de la centrale solaire de Blitta, développée par AMEA Power. En 2020, la BOAD avait encore alloué 25 milliards de francs CFA à la CEET.
Selon les prévisions, ces trois entités devront verser 11,28 milliards FCFA en 2024 à l'État au titre du service de la dette de ces prêts rétrocédés, contre un remboursement de 8,33 milliards FCFA l'année dernière, selon les données officielles. Ce montant devrait tomber à 8,8 milliards FCFA en 2025 et 7,81 milliards FCFA en 2026.
Si Lomé admet que le risque de non-recouvrement de ces créances constitue une menace pour le budget de l'État, des mesures coercitives ont été instaurées dans les accords de rétrocession pour prévenir les défauts de paiement, rappellent les autorités togolaises. Ces mesures incluent l'application d'intérêts de retard en cas de paiement tardif par les entreprises. Un contrôle régulier de ces prêts est également mis en place pour assurer la transparence et l'intégrité dans la gestion de ces fonds.