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Au Togo, le FMI recommande de remplacer les subventions au carburant par des transferts d’argent directs aux populations vulnérables

Publié le lundi 4 mars 2024  |  togofirst.com
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© Autre Presse TV par DR
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La recommandation pourrait ne pas être immédiatement adoptée pour diverses raisons, notamment le calendrier électoral et les doutes persistants à Lomé sur l'efficacité des transferts monétaires comme alternative.

Le Fonds Monétaire International (FMI) a exhorté les autorités togolaises à repenser leur stratégie de subventions aux carburants en faveur de méthodes plus ciblées, telles que les transferts d'argent direct aux populations vulnérables. Cette recommandation fait partie d'un communiqué publié le 1er mars dernier, annonçant un nouveau décaissement de 68,3 millions de dollars en faveur du Togo, dans le cadre du programme de 42 mois, assorti d’une facilité élargie au crédit (FEC) de 390 millions $, conclu en décembre dernier avec l'institution de Bretton Woods.

« Les autorités entendent rendre la croissance plus inclusive en renforçant les dépenses sociales et les filets de sécurité sociale ainsi qu'en améliorant les conditions de vie des populations du nord du pays, complétant ainsi la réponse militaire au terrorisme par une réponse civile. Dans ce contexte, il sera important de remplacer les subventions généralisées aux carburants par des mesures plus ciblées et plus rentables pour protéger les personnes vulnérables, notamment par des transferts en espèces », a préconisé Kenji Okamura, directeur général adjoint et président par intérim du Conseil d’administration de l’institution de Bretton Woods.

Transferts monétaires ? Pas encore l’unanimité au gouvernement

La proposition du FMI intervient dans un contexte où les subventions aux carburants sont largement répandues, une politique que les autorités locales ont jusqu'ici privilégiée, malgré les critiques sur son efficacité et son impact économique. Depuis la pandémie de Covid-19, les prix du carburant au Togo ont subi des variations significatives, en raison des turbulences des marchés mondiaux. Et malgré les mesures de subvention destinées à atténuer l'impact économique sur les populations, les prix à la pompe ont connu des hausses importantes. Les subventions concédées par le gouvernement sur les produits pétroliers vont de 178 à 233 FCFA par litre, selon les différents produits, notamment le super sans plomb, le pétrole, le gasoil et le mélange 2 temps. « La subvention qui a servi à limiter le poids de la hausse est plutôt devenue un piège dans la mesure où elle est de plus en plus importante » et profite à des acteurs étrangers. « En effet, des personnes viennent s'approvisionner ici et vont revendre ailleurs », indiquait une source proche du dossier à Togo First.

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Sauf que les transferts monétaires, bien que soutenus financièrement par la Banque mondiale, n'ont pas encore convaincu pleinement les décideurs togolais quant à leur impact potentiel sur les populations bénéficiaires. Certaines voix appellent à une réorientation des fonds vers des initiatives susceptibles de créer de la richesse, générer des emplois et d'engager les citoyens dans des activités productives, plutôt que de se reposer sur les aides directes. « Nous disposons déjà de programmes tels que le FNFI, qui offrent de petits crédits, voire plus, aux populations vulnérables. Pourquoi certains devraient-ils bénéficier de crédits leur permettant de mener des activités génératrices de revenus et de les rembourser, tandis que d'autres vivraient de l'argent gratuit ? Ce n'est pas l'équité que nous souhaitons ardemment », lance une autorité.

Contexte politique délicat

Cependant, l'adhésion des autorités togolaises à une telle réforme recommandée par l’institution multilatérale, pourrait être mise à l'épreuve par le calendrier électoral. En effet, avec les élections législatives et régionales prévues en avril 2024, suivies de la présidentielle début 2025, la mise en œuvre d'une mesure potentiellement impopulaire comme une suppression des subventions et par ricochet une hausse importante des prix à la pompe pourrait s'avérer politiquement délicate dans un contexte d’inflation ambiante. Alors même que les prix actuels sont déjà perçus comme élevés par la population.

En 2022, au début de la crise russo-ukrainienne qui a fait flamber les cours du brut et induit un réajustement des prix à la pompe, le ministre du commerce d’alors, Kodjo Adedze, avait indiqué que « le super sans plomb, s’il fallait le vendre au coût réel, coûterait 851 F le litre », ajoutant que « l'État débourse près de 256 francs additionnels pour faire en sorte que ce produit soit disponible à la pompe au prix actuel (595 FCFA, ndlr) ». Les autorités ont peu communiqué sur les chiffres exacts déboursés pour les subventions durant une année budgétaire ces dernières années, à l'exception de 2022, au pic de la hausse des prix du pétrole, où un montant de 25 milliards FCFA pour les six premiers mois avait été largement relevé.

Fiacre E. Kakpo
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