Le DC Yawotse Vovor trône comme PCA sur trois projets et empoche des dessous de table avant approbation des rapports financiers des comptables
Le ministère du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes (MDBAJEJ) est-il vraiment au service des jeunes ou de l’entourage immédiat de Mme Victoire Sidémého Dzidudu Marie-Noëlle Tomégah-Dogbé ? A force de trop embrasser, elle mal étreint. Et c’est en toute liberté que son directeur de Cabinet, Yawotse Vovor tisse sa toile en se faisant nommer président de conseils d’administration de divers projets. Mais non repu, l’homme empocherait des dessous de table avant l’apposition de sa signature sur les rapports financiers que les comptables lui soumettraient.
Lors de la fête de l’Indépendance du Togo le 27 avril 2013, M. Bitokotipou Yayignim a décoré le Directeur de Cabinet du MDBAJEJ, M. Yawotse Vovor. Celui-ci a été fait « Chevalier de l’ordre du Mono ». Si seulement cette décoration pouvait être synonyme de probité morale, d’éthique et d’honnêteté intellectuelle ! Mais des recherches au sein de ce ministère révèlent que l’homme serait loin de tous ces attributs.
En effet, M. Yawotse Vovor, du haut de son titre d’Inspecteur des Finances, mettrait à contribution financière les comptables qui lui présentent les rapports financiers à viser. Autrement, il fait faire des allers-retours aux comptables tant et si souvent que, de guerre lasse, ceux-ci finissent par mettre la main à la poche avant de voir leur rapport approuvé. Où est-ce que ces comptables trouvent cet argent pour satisfaire la boulimie de l’Inspecteur Vovor ?
Par ailleurs, le Directeur de Cabinet outrepasserait ses prérogatives. Les dernières colonies de vacances organisées par le ministère du Développement à la Base, plus précisément la Direction de la Jeunesse (DJ), en sont la plus patente illustration. Selon des sources bien renseignées, M. Vovor aurait annulé le contact que la DJ avait pris avec une société de transport et aurait pris une autre société de son choix. Et en guise de « dommages », le Directeur de Cabinet aurait versé 50.000 FCFA à la première société. On se demande sur quel budget cette ponction avait été faite.
Une autre pratique et pas des moins viles, concerne la présence de M. Yawotse Vovor lors d’ouverture d’ateliers et autres événements. Quelle que soit la durée des activités organisées et quel que soit le lieu, il s’arrange pour ne présider que l’ouverture et la clôture des rencontres, mais demande, au cas où la rencontre devrait durer des jours, à être considéré comme ayant participé à toute la durée de la rencontre. Malhonnête, dites-vous ?
Qu’un Directeur de Cabinet soit aussi Président du conseil d’administration d’un projet, peut se comprendre. Mais qu’il soit PCA de trois projets, s’apparente à un cumul de fonctions. Ainsi, on apprend que M. Yawotse Vovor qui percevrait déjà 100.000 FCFA mensuel comme indemnités de direction, est en même temps PCA de PROVONAT, d’ANADEB et plus récemment de la FNFI. Comme si au Togo il n’existe plus de travailleurs qui puissent assumer deux de ces trois postes. Selon nos sources, l’ANADEB tient au moins deux réunions annuelles et les jetons de présence du PCA à chaque réunion sont de 500.000 FCFA. Pour le Fonds national pour la finance inclusive (FNFI), ces jetons sont de 200.000 FCFA alors que cette structure qui devrait profiter aux citoyens, n’a pas encore démarré ses activités. Et pourtant, un autre conseil d’administration vient encore de se tenir il y a moins de dix jours. Qu’en est-il pour le PROVONAT ? Dans cette course à l’enrichissement à tout va, il est arrivé que le Directeur de Cabinet évacue des ateliers pour pouvoir faire acte de présence à un conseil d’administration. Ce fut le cas le 9 janvier 2014, lors d’un atelier sur la Coalition nationale pour l’emploi des jeunes organisé par le ministère. Parce qu’ANADEB tenait ce même jour son conseil d’administration, M. Yawotsé Vovor a vite fait de « liquider » la cérémonie d’ouverture de l’atelier ; il ne voulait pas rater les 500.000 FCFA de jetons de présence. Il suffit, pour comprendre les raisons de cette course acharnée à l’enrichissement, de jeter un regard sur les travaux d’élévation de sa demeure qui est un rez-de-chaussée en un immeuble à deux niveaux à Agbalépédogan. Des maçons étaient en activité même le dimanche dernier, jour de repos.
Le dernier titre, mais pas des moins calamiteux dont la ministre Tomégah-Dogbé affuble son Directeur de Cabinet est la présidence de la commission de passation des marchés du ministère. Calamiteux, ce titre l’est vraiment, car les agents n’arrivent toujours pas à s’expliquer comment le nouveau bâtiment au sein du ministère qu’ils ont intégré il y a à peine six mois, commence à couler en temps de pluie. La malfaçon de la dalle de béton en serait la cause. Et beaucoup sont même allés au-delà pour se demander si les tâcherons chargés d’exécuter les travaux, n’auraient pas trop donné de rétro-commissions et se seraient retrouvés avec des miettes ne leur ayant pas permis d’exécuter les travaux selon les prescriptions. Reste à savoir si un audit sera commandité un jour pour déterminer s’il y a eu malversations ou non dans ce marché.
La ministre Victoire Sidémého Djidudu Marie-Noëlle Tomégah-Dogbé, elle-même trop occupée par ses « tâches à la présidence », consacre trop peu de temps à ce ministère. Ses seules apparitions consistent à distribuer des outils ou à faire des promesses financières aux populations partageant son idéologie politique. On comprend alors que son Directeur de Cabinet qui n’agirait pas ainsi sans son aval, se permette toutes ces dérives. Le cumul de fonctions est une gangrène au Togo et tant qu’on ne ciblera pas les vrais maux dont souffre ce ministère, c’est en vain que ses responsables s’échineront à résoudre les problèmes de la jeunesse togolaise. Affaire à suivre.